En visite en Autriche, Loukachenko veut rapprocher le Bélarus de l’UE

Par Epochtimes.fr avec AFP
12 novembre 2019 16:14 Mis à jour: 12 novembre 2019 16:23

Le président du Belarus Alexandre Loukachenko, qui dirige cette ancienne république soviétique sans partage depuis 25 ans, s’est défendu mardi à Vienne de toute atteinte aux libertés démocratiques, cherchant à se rapprocher de l’Union européenne dont il reste isolé.

Pour sa première visite en plus de trois ans dans un pays de l’UE, le dirigeant du pays souvent décrit comme « la dernière dictature » en Europe, a choisi l’Autriche, l’un des principaux partenaires commerciaux du Belarus. Ce pays fermé de 9,5 millions d’habitants, où domine l’économie étatique, est toujours largement dépendant de la Russie, politiquement et économiquement.

Après avoir accueilli en mars dernier l’ancien chancelier Sebastian Kurz à Minsk, Alexandre Loukachenko a été accueilli à Vienne par le président Alexander Van der Bellen. Lors d’une conférence de presse aux côtés de son homologue autrichien, un écologiste libéral, M. Loukachenko a décrit le Bélarus comme « un pays absolument ouvert », contestant toute atteinte aux libertés démocratiques et aux droits de l’homme.

Pour survivre, nous avons mis en oeuvre différentes méthodes

« Nous sommes aujourd’hui coincés entre l’Est et l’Ouest comme dans une paire de pince et pourtant nous allons bien « , a estimé le président bélarusse. « Pour survivre, nous avons mis en oeuvre différentes méthodes mais personne ne peut nous dire qu’elles ne sont pas démocratiques ou ont porté préjudice à notre peuple », a-t-il encore assuré.

Le Bélarus, à la frontière extérieure de l’UE, applique toujours la peine de mort.

L’association Reporters sans frontières situe cet Etat au 153e rang sur 180 pays concernant la liberté de la presse et il est le seul sur le vieux continent à ne pas faire partie du Conseil de l’Europe.

La peine de mort est toujours appliquée

Répondant à une question sur la peine de mort, M. Loukachenko a estimé qu’elle ne pouvait être abolie que par référendum et a fait référence à une consultation de 1996 qui avait rejeté un changement de législation.

Il a estimé que ce n’était « pas la peine » d’organiser un nouveau référendum dont le réponse serait de nouveau négative selon lui.

Aucun scrutin organisé en Biélorussie n’a été jugé libre ou équitable depuis 1995 par les observateurs internationaux. Des élections législatives anticipées se tiendront dans le pays le 17 novembre.

Le chef de l’Etat autrichien a reconnu des « différences de point de vue » avec son interlocuteur, en particulier sur la questions de la peine de mort.

Il y a toutefois de la part de ce pays « un certain rapprochement avec l’UE », a estimé M. Van der Bellen qui s’était rendu au Bélarus en 2018.

« L’UE devient un partenaire politique et un partenaire d’investissement important pour nous », a fait écho M. Loukachenko.

L’Union européenne avait levé en 2016 la plupart des sanctions prises contre le Bélarus après la libération d’opposants accueillie comme un signe d’ouverture de la part d’Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 1994.

La neutralité de l’Autriche permet de faciliter le dialogue entre l’Est et l’Ouest

Ce voyage en Autriche représente un « succès diplomatique » pour Alexandre Loukachenko avant les élections législatives, selon le politologue bélarusse Artiom Chraïbman.

L’Autriche n’appartient pas à l’Otan et cultive des relations bilatérales approfondies avec l’ensemble des États issus de la disparition de l’URSS. Sa neutralité lui permet de se présenter en facilitateur de dialogue entre l’Est et l’Ouest

Deux groupes autrichiens (Raiffeisen et A1) sont actionnaires majoritaires, respectivement, de l’un des établissements bancaires les plus importants à Minsk et de l’opérateur national de télécoms bélarusse Velcom.

Alexandre Loukachenko est passé maître dans l’art de louvoyer entre les Occidentaux et la Russie, avec qui il discute depuis des années d’une hypothétique unification des deux pays.

Ses relations avec Vladimir Poutine traversent régulièrement des périodes de frictions. Le Bélarus s’est ainsi récemment brouillé avec Moscou sur une question de modification de la politique fiscale russe et M. Loukachenko avait critiqué l’annexion de la Crimée par Moscou.

En août, il avait proposé « l’ouverture d’un nouveau chapitre » dans ses relations avec les Etats-Unis, en recevant à Minsk le conseiller d’alors pour la sécurité nationale de la Maison Blanche, John Bolton.

Sa dernière visite dans l’UE avait eu lieu en Italie et au Vatican, où il a rencontré le pape en 2016.

 

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