Entretien avec Olivier Bonnassies : « Un faisceau de preuves montre qu’il y a un esprit supérieur à l’origine de l’Univers »

Par Ludovic Genin
18 janvier 2023 12:49 Mis à jour: 4 octobre 2023 09:43

Dans l’ouvrage « Dieu, la science, les preuves » Olivier Bonnassies et Michel‑Yves Bolloré nous plongent au cœur d’une question cruciale de l’histoire de l’humanité : l’Univers a‑t‑il été créé par une intelligence supérieure ou est‑il uniquement statique et matériel ? Au fil des découvertes scientifiques du XXe siècle abordées dans le livre, on découvre les implications insoupçonnées des théories de l’Univers, comme celles du Big Bang ou des constantes universelles. En se basant sur ces preuves scientifiques et le raisonnement logique de la science, leur ouvrage étudie l’hypothèse d’un Dieu Créateur, indépendamment de la religion. À la lumière de leur conclusion, ils exploreront ensuite les « preuves hors science » venant de l’héritage judéo‑chrétien, avec le même esprit analytique.

Pour nous accompagner dans ce voyage scientifique, philosophique et théologique, Olivier Bonnassies, l’un des co‑auteurs, a accepté de répondre à nos questions.

Epoch Times : Pouvez‑vous vous présenter ? Comment est née votre collaboration avec Michel‑Yves Bolloré ? Comment a été rédigé cet ouvrage « Dieu, la science, les preuves » ?

Olivier Bonnassies : J’ai 56 ans et depuis 35 ans je travaille sur le sujet de l’existence de Dieu. Quand j’avais 20 ans, je n’étais pas croyant. J’avais fait des études scientifiques, j’étais à l’École Polytechnique. J’ai monté une première société qui commençait à bien marcher mais assez vite je me suis demandé à quoi servait tout cela. Je me suis posé les grandes questions. Quel est le sens de la vie ? Quel est le but ? D’où vient‑on ? Où va‑t‑on ? Je pensais qu’il n’y avait pas de réponse mais je suis tombé sur un livre de Jean Daujat, un brillant normalien, intitulé « Y a‑t‑il une vérité ? » Et j’ai été très surpris de constater qu’il y avait des raisons sérieuses et très rationnelles de croire en Dieu. Alors j’ai continué à travailler sérieusement le sujet. J’ai décidé de partir faire quatre années de théologie à l’Institut Catholique de Paris pour approfondir et j’ai poursuivi dans les années qui ont suivi en essayant de monter des projets qui avaient du sens.

C’est comme cela que j’ai rencontré Michel‑Yves qui a aidé deux d’entre eux : en 2003 la création du Centre international MDN, qui est depuis 10 ans un des tout premiers lieux d’attraction du nord d’Israël, et en 2010 le site d’information Aleteia, qui est devenu le 1er site catholique du monde.

En 2013, j’ai fait une présentation sur l’existence de Dieu et les raisons de croire chrétiennes à une classe de philo de terminale où étaient mes filles et on m’a enregistré : ça a donné une vidéo « Démonstration de l’existence de Dieu et raisons de croire chrétiennes » qui a fait 1,7 million de vues sur YouTube. Michel‑Yves l’a vue et il m’a envoyé un courriel pour me dire que c’était très bien mais qu’il travaillait ce sujet depuis 30 ans et qu’on pouvait faire beaucoup mieux. C’est ainsi qu’à l’issue de premiers échanges, nous avons finalement décidé, début 2018, de travailler ensemble et de prendre le temps de faire un livre approfondi sur la question de l’existence de Dieu à destination du grand public. Et maintenant, j’espère que la surprise que j’ai eue à 20 ans sera celle des lecteurs aussi.

Le Grand Retournement, une révolution métaphysique viendrait-elle des découvertes scientifiques du XXe siècle ? (Avec l’aimable autorisation d’Olivier Bonnassies)

Dans cet ouvrage, vous décrivez qu’il n’y a jamais eu autant de découvertes scientifiques au XXe siècle et que nous sommes « à l’aube d’une révolution métaphysique ». Pouvez‑vous nous expliquer pourquoi ?

Dans le passé, dans tous les temps et sur tous les continents, il n’y avait pas d’athées. En observant l’Univers, son existence, sa grandeur, sa beauté, son ordre, tous adhéraient naturellement à l’idée d’un principe créateur. Ces idées ont été confirmées et formalisées par les réflexions philosophiques très valables de Platon, Aristote et saint Thomas d’Aquin. À cela s’ajouta la révélation judéo‑chrétienne qui donna de nouvelles et très fortes raisons de croire : la Bible, le peuple juif, la figure de Jésus, ses paroles uniques, et les milliers de miracles, d’apparitions, de saints et de témoignages de rencontres avec Dieu. Tout cela formait un ensemble très solide. Mais à partir du XVIe siècle, de Copernic à Freud en passant par Galilée, Laplace et Darwin, le développement de la science a semblé générer un discours alternatif expliquant le monde autrement. Son poids et son influence ont provoqué un puissant courant matérialiste athée qui a dominé aux XIXe et XXe siècles. Il est donc important de montrer que la science s’est complètement retournée dans les 100 dernières années, avec toute une série de découvertes révolutionnaires semblant confirmer l’adage selon lequel « un peu de science éloigne de Dieu, mais beaucoup y ramène ». Car tout cela aboutit à des conclusions métaphysiques très fortes.

« Dans l’hypothèse d’un Univers stationnaire, l’Univers est éternel et la question de sa création ne se pose pas. Mais si, à l’inverse, comme le suggère la théorie du Big Bang, l’Univers a eu un commencement, alors nous ne pouvons pas éviter la question de la création. » – Prix Nobel de Physique de 1978 Robert Wilson

Parmi ces découvertes, on apprend que la théorie du Big Bang a des implications plus profondes qu’on ne l’imagine concernant la cause originelle de l’Univers et sur sa finalité. En quoi cela contredit‑il l’existence dans un Univers uniquement matériel ?

Comme le dit le prix Nobel Robert Wilson, découvreur du rayonnement de fond cosmologique qui est la preuve du Big Bang, dans la préface qu’il nous a faite : « Dans l’hypothèse d’un Univers stationnaire, l’Univers est éternel et la question de sa création ne se pose pas. Mais si, à l’inverse, comme le suggère la théorie du Big Bang, l’Univers a eu un commencement, alors nous ne pouvons pas éviter la question de la création. » Certes, le Big Bang a pu éventuellement être précédé d’autres « singularités », mais on peut toutefois affirmer, à partir de l’étude de la rationalité (pages 61, 91 et 515‑517), des mathématiques (note 168, page 206), de la thermodynamique (p. 55 à 72) et de la cosmologie (p. 100, 165, 206, 210 et 214, avec le très robuste théorème de Borde‑Guth‑Vilenkin) que le temps, l’espace et la matière, qui sont liés, comme Einstein l’a montré, ont très certainement eu un début absolu. Et si c’est bien le cas, c’est qu’à l’origine de cette émergence, il y a une cause qui est par définition transcendante à notre Univers, non matérielle, non spatiale, non temporelle, qui a eu la puissance de tout créer et qui a aussi tout réglé de façon infiniment précise, afin que les atomes, les étoiles et l’homme puissent advenir (p. 171 à 248), toutes choses qui, on le sait aujourd’hui, étaient extrêmement improbables. La science arrive donc avec ces éléments nouveaux, à la définition de ce que toutes les philosophies et religions classiques appellent « Dieu ».

« Si c’est bien le cas, c’est qu’à l’origine de cette émergence, il y a une cause qui est par définition transcendante à notre Univers, non matérielle, non spatiale, non temporelle, qui a eu la puissance de tout créer. »

Concernant le « réglage fin » de l’Univers, vous détaillez que l’Univers repose sur des constantes universelles fines, qui ne peuvent s’expliquer que par la présence d’un « horloger » à la création du cosmos. En quoi ces constantes universelles montrent‑elles l’existence d’un « Dieu créateur », et au contraire, existe‑t‑il des preuves validant l’hypothèse d’un Univers créé uniquement par le hasard ?

Il y a dans l’Univers une fantastique programmation, sans laquelle rien du monde que nous connaissons n’existerait. Le fameux « réglage fin » de l’Univers, qui montre que tous les paramètres et données initiales du monde sont ajustés de manière extrêmement fine n’a été mis à jour que depuis 50 ans. Les scientifiques recherchent l’explication mais il n’y en a que deux : si on n’exclut pas l’hypothèse de Dieu, on peut rejoindre Einstein qui disait en 1936 que « tous ceux qui sont impliqués dans la science finiront par découvrir qu’un esprit, immensément supérieur à l’homme, se manifeste dans les lois de l’Univers » mais, si on cherche une alternative à cette hypothèse, on est contraint d’imaginer que ces réglages proviennent du hasard et qu’il y a donc un nombre absolument faramineux d’Univers parallèles générés par des causes naturelles inconnues qui se conduisent comme une machine à produire les Univers distribuant au hasard les paramètres initiaux et les lois de la physique et de la biologie. Il faut en plus que cette machine soit bien réglée pour que le choix de ces constantes se fasse dans une fourchette bien précise. Mais qui a réglé cette machine ? Et est‑ce qu’elle existe en même temps que ces univers parallèles stériles infiniment plus nombreux que le nombre des particules existant dans notre Univers ? C’est une hypothèse qu’on ne peut pas absolument exclure, mais elle est très spéculative, sans aucun point d’appui dans le monde réel et sans doute à jamais invérifiable. Cette hypothèse est, d’une certaine manière, en dehors de la science, mais elle est la seule solution possible pour rester athée sur ce dossier particulier. Et en plus, elle n’explique pas le début de l’Univers et elle n’exclut en rien l’existence de Dieu.

(Avec l’aimable autorisation d’Olivier Bonnassies)

Concernant l’apparition du vivant, vous abordez les mécanismes très complexes apparus il y a plusieurs milliards d’années, permettant un saut « vertigineux » de l’inerte au vivant. En quoi ce saut est‑il « vertigineux » et pourquoi ces mécanismes ne peuvent être, d’un point de vue scientifique, que le fruit de l’arrangement d’une intelligence très supérieure et non du hasard ?

Le passage de l’inerte au vivant, en biologie, apparaît comme un gouffre n’ayant pu être franchi que par un sidérant réglage des lois de la vie. Si l’on veut rester athée et ne croire qu’au hasard, le réglage fin de la physique oblige à imaginer un mécanisme inconnu permettant de générer de l’ordre de 10500 Univers, selon par exemple la théorie des cordes, mais en biologie la découverte de la complexité du vivant a conduit les scientifiques à parler d’une chance sur 10340000 pour permettre l’apparition d’une cellule vivante ! Bref, sur ce dossier comme sur beaucoup d’autres, il n’est pas absolument impossible de refuser une intelligence organisatrice, et chacun jugera ce qui lui parait le plus raisonnable de croire. Mais ces tentatives « désespérées » qui sont les seules qui permettent de maintenir une vision athée, ont chacune les trois mêmes caractéristiques : elles sont toutes spéculatives et invérifiables ; elles ne génèrent aucune prévision et ne reposent sur aucune donnée, ni aucun fait du monde réel ; elles ne font l’objet d’aucun consensus.

Votre ouvrage repose sur le travail des grands scientifiques du XXe siècle. Certains de ces scientifiques ont reconnu que la science aboutissait inévitablement à la découverte d’un « esprit supérieurement intelligent et infiniment plus grand que celui de l’homme ». En quoi la croyance dans l’existence d’un Univers créé par un Être infiniment intelligent peut‑elle révolutionner notre vision du monde et de l’Univers ?

La modernité s’est construite comme si Dieu n’existait pas ou comme s’il était impossible de trancher cette question. Mais si la science s’est ainsi retournée et que toutes les anciennes preuves de Dieu demeurent valables, on obtient alors, exactement comme dans une enquête policière, un faisceau de preuves fortes, convergentes, rationnelles et indépendantes, sur lequel il faut s’interroger. Car cette question de l’existence de Dieu nous concerne tous : chacun se la pose un jour ou l’autre. Et d’elle dépend la possibilité de l’existence d’une vie après cette vie par exemple. Aujourd’hui, la seule chose que nous disons est qu’il existe d’excellentes raisons de rouvrir rationnellement le dossier, de prendre connaissance de ses différents éléments et d’y réfléchir posément.

Vous abordez dans le chapitre « Le roman noir du Big Bang », que sous Staline (également sous Hitler), les scientifiques qui étudiaient le Big Bang ont été persécutés et éliminés par les autorités communistes. Pourquoi ces types de régimes autoritaires ont‑ils eu si peur des résultats et des implications de la recherche fondamentale sur le Big bang ?

Les premiers athées, Parménide et Lucrèce, ont mis en lumière ce principe sur lequel tout le monde s’accorde : « ex nihilo nihil », « du néant absolu, rien ne peut sortir ». Logiquement, ils en ont déduit qu’il n’y a jamais eu de néant absolu et qu’il y a forcément quelque chose qui a toujours existé. Il n’y a que deux options : soit c’est l’Univers, c’est‑à‑dire le temps, l’espace et la matière qui, d’une manière ou d’une autre, ont toujours été là, soit il y a un Dieu créateur éternel à l’origine de cet Univers matériel. Il n’y a pas d’autre option. C’est pourquoi dans le passé, toutes les doctrines matérialistes athées, de Parménide, Lucrèce, Héraclite ou Démocrite, à Marx, Engels, Lénine, Mao et Hitler, en passant par Friedrich Nietzsche, Arthur Schopenhauer, Ludwig Feuerbach, David Hume, Jean‑Paul Sartre et tous les philosophes athées du XIXe siècle, ou encore Baruch Spinoza, Auguste Comte, Ernst Mach, Svante Arrhenius, Ernst Haeckel, Marcelin Berthelot, Bertrand Russell, Francis Crick et tous les savants athées du XXe siècle, tous ont toujours imaginé que la matière était, d’une manière ou d’une autre, éternelle dans le passé et que l’Univers n’avait jamais commencé. Voilà pourquoi l’idée d’un début était une chose intolérable pour les régimes athées du XXe siècle.

Dans l’hypothèse d’un Univers uniquement matérialiste, sans rien qui ne dépasse l’intelligence de l’homme, aurions‑nous, selon vous, la capacité d’apprécier par exemple la beauté de la nature, de distinguer le bien et du mal, aurions‑nous pu créer les arts, les sciences et les techniques ? Et aurions‑nous pu faire de nouvelles découvertes ?

Le matérialisme ne s’oppose pas à l’idée de découverte mais il s’oppose logiquement à l’idée de beau, de bon et de vrai. Car s’il n’y a pas d’absolu en dehors de l’Univers matériel pour fonder le beau, le bon, le bien et le mal, alors rien ne peut être sacré, absolu, bien ou intangible. Dans le cas d’un monde sans Dieu, nous ne sommes in fine qu’un agglomérat d’atomes, et écraser un enfant ou un moustique est finalement équivalent : c’est une simple réorganisation de la matière. Les athées cohérents doivent croire cela, mais ce n’est pas facile.

Pour finir, vous parlez dans votre chapitre « Les preuves hors science », des preuves non‑scientifiques de l’existence d’un Dieu créateur, comme les miracles documentés au cours de notre histoire ou les livres des religions détaillant l’existence d’un être supérieur bon et juste. Qu’est‑ce qui vous a personnellement convaincu de l’existence d’un Dieu – plutôt que de son inexistence, de l’existence d’une force créatrice, bonne et intelligente, dans l’organisation de l’Univers ?

Les preuves « hors science » sont toutes les preuves anciennes (émerveillement devant l’Univers, raisonnements philosophiques) auxquelles s’ajoutent les innombrables preuves liées à la révélation judéo‑chrétienne (avec notamment des milliers des miracles, des milliers d’apparitions, des milliers de saints et des milliers de témoignages de rencontres avec Dieu).

La clé de l’enquête est que la question de l’existence de Dieu a des implications dans le monde réel. On peut affirmer par exemple que si Dieu n’existe pas, alors l’Univers ne peut pas avoir de début ; il doit toujours avoir existé d’une manière ou d’une autre ; il ne peut être gouverné que par le hasard ; de même, les prophéties, miracles, apparitions ou révélations sont impossibles ; le bien et le mal n’existent pas. Or toutes ces questions‑là peuvent être étudiées rationnellement. Beaucoup de ces implications étaient jusqu’ici invérifiables.

Mais ce qui est nouveau, désormais, c’est que la science peut en discuter et souvent conclure. Il nous semble que le faisceau de preuves mis à jour dans un grand nombre de domaines du savoir indépendants, apporte un éclairage nouveau, très convaincant et sans doute décisif et que nous sommes donc « à l’aube d’une révolution ».

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