Éoliennes en mer : plus de 200 substances chimiques identifiées, dont 62 préoccupantes selon une étude

Des éoliennes sont visibles en pleine mer lors de la construction d'un parc éolien offshore dans la baie de Saint-Brieuc, en Bretagne, le 11 avril 2024.
Photo: Crédit photo MATTHIEU DELATY/Hans Lucas/AFP via Getty Images
Les éoliennes en mer pourraient libérer dans l’océan des centaines de substances chimiques, dont plusieurs dizaines sont jugées préoccupantes pour l’environnement. Ces rejets, principalement liés aux systèmes anticorrosion et aux peintures, soulèvent de nouvelles interrogations sur leur impact écologique et suscitent désormais une surveillance accrue.
Bien que l’éolien offshore se développe à l’échelle mondiale, il reste un sujet très controversé. Une étude coordonnée par l’ILVO (Institut belge de recherche pour l’agriculture, la pêche et l’alimentation), en collaboration avec l’Ifremer et l’agence maritime allemande, révèle que les parcs éoliens en mer pourraient libérer plus de 200 substances chimiques. Cette étude, publiée dans le Marine Pollution Bulletin de juin 2025, a notamment été relayée par Santé-Environnement-Politique.
Toxiques, persistantes et bioaccumulables : un cocktail inquiétant
Après avoir examiné les études et documents techniques, les chercheurs ont identifié 228 substances potentiellement libérées par les parcs éoliens en mer, dont 62 sont jugées particulièrement préoccupantes car elles figurent sur les listes prioritaires de l’Agence européenne des produits chimiques ou relèvent de la Directive-cadre sur l’eau. Ils ont établi que 70 % de ces substances sont liées aux systèmes anticorrosion, et environ 10 % proviennent d’huiles et lubrifiants indispensables à l’exploitation.
L’étude souligne que ces substances pourraient être « potentiellement toxiques, persistantes, perturbatrices endocriniennes, cancérigènes ou bioaccumulables ». Selon Javier Castro Jimenez, chercheur à l’Ifremer et co-auteur de l’étude, cette recherche constitue « une première alerte sur le fait que les éoliennes peuvent émettre des substances chimiques ». Le chercheur souligne également que « les milieux marins sont très corrosifs par rapport à la salinité de l’eau » et de ce fait, « toutes les infrastructures sont protégées avec des systèmes anticorrosion ».
Santé-Environnement-Politique précise que d’autres travaux mentionnent également des rejets possibles de fluides de refroidissement, d’agents extincteurs ainsi que de divers composés organiques et inorganiques.
Mesure et régulation à la traîne
L’étude invite à réaliser des recherches complémentaires dans les parcs éoliens afin de quantifier réellement les rejets et leur impact, en utilisant des méthodes analytiques très sensibles.
Comme le souligne David Vanavermaete, coordinateur de l’étude à l’Institut belge de recherche pour l’agriculture, la pêche et l’alimentation, « on manque de connaissances, de vraiment savoir à quel point ces contaminations peuvent être mesurées en mer ». Ce manque de données freine, selon lui, la mise à jour des règles en vigueur. En conséquence, « le règlement d’aujourd’hui ne va pas être au point pour les produits chimiques ».
Actuellement, l’Allemagne est plus avancée que la France dans ce domaine : elle impose aux porteurs de projets des estimations des émissions chimiques et a mis en place certaines normes, comme l’interdiction des anodes au zinc ou des peintures biocides. En France, en revanche, aucune réglementation spécifique à ce secteur n’existe, contrairement à celle du transport maritime.

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