[États-Unis] Un officier du corps des Marines met en garde le Congrès américain contre la classification des chrétiens dans l’armée comme « extrémistes religieux »

Par Mark Tapscott
26 mars 2021 21:46 Mis à jour: 26 mars 2021 21:46

Aux États-Unis, une diapositive d’un manuel de formation du ministère de la Défense (Department of Defense, DOD) identifie les catholiques et les chrétiens évangéliques d’« extrémistes religieux » – au même titre que les membres du Ku Klux Klan, d’Al-Qaïda et du Hamas  selon un officier du Corps des Marines.

« [L’organisme] First Liberty a obtenu une capture d’écran d’une diapositive non classifiée d’un manuel de formation de l’armée américaine. La diapositive s’intitule ‘L’extrémisme religieux’ et prétend identifier les extrémistes religieux », a déclaré Michael Berry à la commission des services militaires de la Chambre des représentants, lors d’une audition le 24 mars intitulée L’Extrémisme dans l’armée.

Michael Berry est le conseiller général du First Liberty Institute (FLI), un cabinet d’avocats d’intérêt public basé à Plano, au Texas, qui se spécialise dans les affaires liées au premier amendement [de la Constitution] et à la liberté de religion. M. Berry est également officier de la Réserve du Corps des Marines, bien qu’il ait présenté son témoignage en sa qualité de civil.

« Parmi ceux qui figurent sur la liste, on trouve Al-Qaïda, le Hamas et le Ku Klux Klan, des groupes qui utilisent ou prônent la violence pour atteindre leurs buts et qui sont donc classés à juste titre parmi les extrémistes », a déclaré M. Berry à la commission.

« Mais le christianisme évangélique et le catholicisme, qui ne prônent certainement pas la violence, y figurent également. Le fait que les chrétiens évangéliques et les catholiques adhèrent à des vues millénaires à propos du mariage et de la sexualité humaine ne fait certainement pas d’eux des extrémistes inaptes à servir [le pays]. »

« En cette période de troubles et d’instabilité, et au cours de laquelle notre nation fait face à de multiples menaces extérieures, [ce] message est inapproprié et offensant pour nos membres du service et ceux qu’ils défendent. »

Le manuel de formation auquel Michael Berry fait référence est utilisé dans le cadre du « stand-down » (ou « retrait ») récemment ordonné par le secrétaire à la Défense Lloyd Austin visant à identifier et retirer les extrémistes dans l’armée américaine. L’ordre de Lloyd Austin a été donné à la suite de l’attaque du 6 janvier au Capitole, dont certains des assaillants étaient vétérans de l’armée.

M. Austin a déclaré, dans une vidéo du ministère de la Défense expliquant les raisons du « stand-down » – et que tous les militaires de toutes des branches sont tenus de visionner : « Il n’y a pas le moindre doute dans mon esprit que vous prenez au sérieux votre serment envers la Constitution et que vous servez ce pays avec honneur, dignité et force de caractère. »

Malgré cela, selon M. Austin dans la vidéo, leur « retrait » est nécessaire en raison d’ « extrémisme et d’idéologie extrémiste, de vues et de conduite qui vont à l’encontre de tout ce en quoi nous croyons ».

M. Austin a affirmé dans la vidéo que la présence d’opinions extrémistes « n’est pas nouvelle dans notre pays et, malheureusement, elle n’est pas nouvelle dans notre armée. » Il n’a pas fourni dans la vidéo d’exemples de tels individus.

Le matériel de formation au « retrait » de M. Austin, et présenté par Michael Berry lors de l’audition, était censé présenter des descriptions crédibles d’idéologies, de comportements, de raisonnements et de caractéristiques permettant d’identifier les extrémistes.

Dans son discours d’ouverture de l’audition, le président du comité, Adam Smith (Parti démocrate, Washington), a déclaré : « Si vous servez dans l’armée, vous prêtez serment à la Constitution des États-Unis et aux lois de ce pays. Si vous êtes en désaccord avec cette Constitution et si vous êtes en désaccord avec les lois de ce pays au point de ne plus penser que notre gouvernement est légitime, alors vous n’avez rien à faire dans l’armée américaine et vous devriez quitter dès maintenant. »

Deux enjeux relevés dans les témoignages et les interventions des membres du comité ont été particulièrement importants, à savoir le manque de données probantes sur l’étendue de l’extrémisme dans les rangs militaires, et le vide [théorique] de ce qui constitue une expression inadmissible d’opinions et d’actions au nom de ces opinions.

D’entrée de jeu, le représentant Mike Rogers (Parti républicain, Alabama), principal républicain du panel, a déclaré au début de l’audience qu’« il est important de souligner que nous manquons de preuves concrètes que l’extrémisme violent serait aussi répandu dans l’armée que certains commentateurs le prétendent ».

Mike Rogers a déclaré que « l’extrémisme est un facteur » dans le retrait de seulement neuf soldats de l’armée américaine en 2020, et il a noté que « depuis 2018, 17 Marines ont été retirés [des rangs] pour des activités d’extrémisme, de gang ou de séparatisme ».

« Il s’agit de 17 cas sur 200 000 individus. Bien que je convienne que ce nombre devrait être nul, c’est loin d’être le plus grand problème de justice militaire auquel nos services armés soient confrontés », a déclaré Mike Rogers.

« Au début de l’année, 151 organisations majoritairement libérales, dont Human Rights Watch, l’ACLU[American Civil Liberties Union ou Union américaine pour les libertés civiles] et SPLC Action[Southern Poverty Law Center Action Fund ou le Fonds d’action du centre de loi sur la pauvreté dans le Sud], ont exhorté le Congrès à ne pas étendre les accusations de terrorisme domestique. »

Ces organisations ont déclaré : « Nous vous demandons instamment de vous opposer à toute nouvelle accusation de terrorisme domestique, à la création d’une liste d’organisations terroristes domestiques désignées ou à toute autre extension des pouvoirs existants en matière de terrorisme. »

La commission n’a entendu que deux autres témoins, Audrey Kurth Cronin, professeure de sécurité internationale à l’American University, et Lecia Brooks, responsable du personnel du Southern Poverty Law Center (SPLC), un groupe de défense libéral souvent critiqué par les conservateurs pour sa définition si large de l’ « extrémisme » qu’elle inclut des groupes politiques conventionnels qui n’en sont clairement pas.

Le tout nouveau membre républicain du comité, le représentant Pat Fallon du Texas, a souligné que « récemment, le Washington Post, le New York Times, Politico, NPR et le magazine New Yorker, pour n’en citer que quelques-uns, ont mis en accusation le SPLC pour, entre autres, corruption, harcèlement, racisme et manque croissant de crédibilité ».

Pat Fallon a également noté que Mme Cronin a affirmé que 37 des personnes arrêtées dans le cadre de l’attaque du Capitole le 6 janvier étaient des vétérans ou des réservistes de l’armée américaine.

« Il y a 18 millions de vétérans de l’armée américaine. Trente-quatre d’entre eux ont été des manifestants violents. Cela signifie que 17 999 966 d’entre nous ne l’étaient pas. C’est un sur 529 000 », a déclaré Pat Fallon.

Adam Smith a cependant rejeté les commentaires de M. Fallon, les qualifiant de « logiquement absurdes », car les anciens combattants arrêtés pendant ou après l’émeute du 6 janvier ne représentent pas toute l’ampleur du problème.

« Nous ne savons pas quelle est l’ampleur du problème. C’est pourquoi nous tenons cette audition », a déclaré M. Smith.

En réponse à une question du représentant Jim Langevin (Parti démocrate, Rhode Island), Mme Cronin a déclaré au comité que les efforts de recrutement des groupes extrémistes ciblant les militaires actifs et retraités « deviennent effectivement un problème croissant ».

Interrogé par le représentant Joe Wilson (Parti républicain, Caroline du Sud) sur ses vues au sujet de l’utilisation de listes d’organisations interdites, Michael Berry a répondu : « Elles peuvent être dangereuses. Étiqueter les chrétiens évangéliques et les catholiques d’ ‘extrémistes’, c’est ouvrir une boîte de Pandore. »

Le représentant Michael Waltz (Parti républicain, Floride) dit craindre que la lutte du ministère de la Défense contre l’extrémisme fasse le jeu du Parti communiste chinois pour nuire à l’image des États-Unis à l’étranger.

« Le Parti communiste chinois mène activement une campagne de propagande pour dépeindre notre pays d’enfer raciste maléfique n’ayant aucune autorité pour leur faire la leçon en matière de droits de l’homme. Je crains que nous ne fassions le jeu de notre adversaire, et je crains que cela ne compromette notre capacité à combattre et à gagner des guerres à l’avenir », a déclaré M. Waltz.

Adam Smith a conclu l’audition en disant « qu’il y a des démagogues des deux côtés » et qu’il « est très préoccupé par les réactions excessives ».

« Nous ciblerions des gens et les bannisserions de leur emploi – tout cela pour des choses qu’ils ont dites il y a 20 ans. Il n’y a aucun point de référence, aucune structure, et cela devient juste une excuse pour faire passer votre point de vue dans la gorge des autres », a-t-il déclaré.

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