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Etats-Unis: une juge ordonne l’expulsion de l’étudiant pro-palestinien Mahmoud Khalil vers l’Algérie ou la Syrie

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Une juge d'immigration américaine a ordonné mercredi l'expulsion du militant pro-palestinien Mahmoud Khalil vers l'Algérie ou la Syrie, selon un arrêt rendu public par les autorités judiciaires.

Photo: Stephanie Keith/Getty Images

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Durée de lecture: 6 Min.

Une juge d’immigration américaine a ordonné mercredi l’expulsion du militant pro-palestinien Mahmoud Khalil vers l’Algérie ou la Syrie, selon un arrêt rendu public par les autorités judiciaires. Cette décision, susceptible d’appel, marque l’aboutissement d’une procédure judiciaire de plusieurs mois qui a cristallisé les tensions autour de l’activisme pro-palestinien sur les campus américains.
Mahmoud Khalil, étudiant activiste à l’université Columbia et principal négociateur lors des manifestations pro-palestiniennes et occupations du campus pendant la guerre de Gaza, avait été arrêté le 8 mars 2025 à son domicile de Columbia par les agents de l’Immigration and Customs Enforcement (ICE).

Une décision judiciaire controversée

La juge de Louisiane Jamee Comans a statué le 12 septembre que le militant devrait « être expulsé des États-Unis vers l’Algérie, ou à défaut vers la Syrie » en raison d’irrégularités dans sa demande de titre de séjour. Le tribunal a estimé que Khalil, originaire de Syrie et ancien étudiant en master à l’université Columbia, avait omis des informations dans sa demande de green card, notamment sur son parcours professionnel et son engagement dans des organisations politiques.
Dans son arrêt, la magistrate considère que les irrégularités reprochées à M. Khalil ne relevaient pas d’un oubli d’une personne « mal informée ou insuffisamment éduquée », mais d’une démarche visant à « présenter délibérément de manière inexacte des faits ». Cette analyse juridique constitue le fondement de la décision d’expulsion.

Un parcours marqué par la détention

Né en Syrie de parents palestiniens et titulaire d’une carte de résident permanent américain (green card), Mahmoud Khalil avait été incarcéré en Louisiane après son arrestation new-yorkaise. Il avait été libéré le 21 juin 2025 sur ordre d’un juge fédéral qui avait estimé que le gouvernement devait le relâcher, bien que sa procédure d’expulsion demeure en cours.
Fraîchement diplômé de Columbia et marié à une dentiste née au Michigan, il est devenu père d’un fils né pendant sa détention. Cette situation personnelle illustre l’impact humain de cette procédure judiciaire sur la famille du militant.

Une affaire emblématique de l’administration Trump

L’affaire Mahmoud Khalil est devenue symbolique de la politique de l’administration Trump envers les mouvements de contestation pro-palestiniens sur les campus universitaires. Il a été accusé par l’administration Trump d’être un « soutien du Hamas », accusation qu’il conteste fermement.
En juillet 2025, le militant avait déposé une plainte de 20 millions de dollars contre l’administration Trump, réclamant réparation après 104 jours de détention qu’il qualifiait de « politique ». Cette action en justice témoigne de sa détermination à contester les procédures engagées contre lui.

La réaction de l’intéressé et de ses soutiens

Dans une déclaration transmise à l’Union américaine pour les libertés civiles (ACLU), Mahmoud Khalil a réagi à l’ordre d’expulsion en estimant qu' »il n’est pas surprenant que l’administration Trump continue d’adopter des mesures de rétorsion à mon encontre parce que j’exerce ma liberté d’expression ».
L’ACLU, qui représente le militant, a annoncé son intention de contester cette « décision sans précédent » de la juge d’immigration. L’organisation de défense des libertés civiles considère cette affaire comme emblématique d’une instrumentalisation du système d’immigration à des fins politiques.

Un contexte juridique complexe

Cette décision s’inscrit dans un contexte juridique particulier. Des décisions de justice précédentes avaient estimé qu’il n’existait aucune raison légitime de maintenir M. Khalil en détention et que tenter de l’expulser pour des « motifs de politique étrangère » était probablement illégal.
Dans une procédure antérieure en avril 2025, un juge avait déclaré que les « preuves » de l’administration Trump – une lettre de deux pages du secrétaire d’État Marco Rubio – étaient suffisantes pour expulser Khalil en vertu d’une disposition juridique controversée.

Les recours possibles

La décision rendue par la juge Jamee Comans est susceptible d’appel, ouvrant la voie à de nouveaux développements judiciaires. Les avocats de Mahmoud Khalil arguent que les accusations portées contre leur client sont « rétaliaires » et violent le Premier Amendement de la Constitution américaine.
Cette affaire soulève des questions fondamentales sur l’équilibre entre sécurité nationale et liberté d’expression, particulièrement dans le contexte des manifestations étudiantes pro-palestiniennes qui ont marqué de nombreux campus américains.

Impact sur le mouvement étudiant

L’affaire Mahmoud Khalil dépasse le cas individuel pour interroger plus largement la marge de manœuvre accordée aux mouvements de contestation sur les campus américains. Son rôle de leader dans les manifestations pro-palestiniennes à Columbia en avait fait une figure emblématique de ce mouvement étudiant.
La décision d’expulsion, si elle était confirmée en appel, pourrait créer un précédent préoccupant pour d’autres militants étudiants de nationalité étrangère engagés dans des causes politiques controversées aux États-Unis.
L’université Columbia, théâtre de nombreuses manifestations pro-palestiniennes, avait été au centre de l’attention médiatique nationale lors des occupations du campus au printemps 2025, période durant laquelle Mahmoud Khalil avait joué un rôle de premier plan comme négociateur étudiant.