Faute de moyens, un père a du transférer lui-même son fils blessé de l’hôpital d’Ambert au CHU de Saint-Etienne

Par Emmanuelle Bourdy
22 août 2022 10:35 Mis à jour: 22 août 2022 10:35

L’histoire de Jérémy Benadid, un père de 38 ans ayant dû transporter lui-même son fils de 8 ans à l’hôpital après une chute en trottinette, est à peine croyable. L’accident, qui s’est produit au parc de Prabouré (Puy-de-Dôme), remonte au 31 juillet dernier vers 14 h 15.

Après avoir fait une chute en trottinette, le fils de Jérémy a été pris en charge par les pompiers. Mais sur la route, en direction du centre hospitalier Nord de Saint-Étienne, les pompiers dévient et l’enfant se retrouve redirigé vers l’hôpital d’Ambert, rapporte France 3 Auvergne-Rhône-Alpes. Là-bas, un médecin indique au père de famille qu’il ne peut pas recoudre le garçon et lui propose la seule solution : emmener lui-même son fils au CHU Nord de Saint-Étienne.

« Si je vous le recouds, votre fils va avoir une cicatrice à vie, et vous allez m’en vouloir »

L’enfant, dont la tête a cogné un rocher saillant et qui s’est ouvert l’arcade sourcilière, souffre d’une plaie « de six centimètres sur la hauteur » atteignant l’os, indique le père de famille. Un quart d’heure plus tard, les pompiers arrivent, prennent en charge l’enfant et décident de l’emmener au CHU Nord de Saint-Étienne. Mais deux kilomètres plus loin, les soldats du feu reçoivent l’ordre « de bifurquer sur Ambert », ce qui « n’est pas du tout courant de dévier un transport comme celui-là », souligne Jérémy, qui est lui-même un ancien sapeur-pompier volontaire.

Arrivé dans cet « hôpital de campagne, équipé comme dans les années 80 », le médecin lui explique tout de go : « Si je vous le recouds, votre fils va avoir une cicatrice à vie, et vous allez m’en vouloir. » La plaie est effectivement importante et nécessite le recours à la microchirurgie. L’enfant doit donc être emmené au CHU Nord de Saint-Étienne mais l’hôpital d’Ambert précise ne pas avoir les moyens de le transférer. Les médecins présents auraient indiqué au père de famille : « Il n’y aura pas de transfert, on n’a pas les fonds, ils sont bloqués jusqu’au 1er août par l’ARS. »

Le chef de bord des pompiers « sidéré par la scène »

Mais le coup de massue arrive au moment où les médecins lui disent qu’il va devoir transporter son enfant au CHU par ses propres moyens. « Je vous fais une lettre pour être pris en charge tout de suite à Saint-Étienne. Passez la frontière de la Loire, et une fois arrivés là-bas, contactez les pompiers pour qu’ils assurent le reste du transport », lui signifie encore le médecin d’Ambert.

Et c’est ainsi que Jérémy s’est retrouvé dans sa voiture avec sa femme et son fils blessé, avec, selon France 3, « un simple bandage sur la tête et un collier cervical autour du cou », en partance pour Saint-Étienne. Arrivé à Saint-Jean-Soleymieux, en bordure du département de la Loire, les pompiers, dont le chef de bord était « sidéré par la scène », ont pris la relève et ont transporté le jeune garçon jusqu’à l’hôpital de Saint-Étienne.

Il veut comprendre « ce qui s’est passé dans le service qui nous a redirigé »

L’enfant est finalement arrivé à destination à 18 h 45, son opération ayant par la suite duré une heure. Si Jérémy reconnaît que tous, à savoir les pompiers, les médecins d’Ambert comme ceux de Saint-Étienne, ont été très professionnels, il aimerait des réponses à ses questions. « Maintenant, ce que j’ai besoin de comprendre, c’est ce qui s’est passé dans le service qui nous a redirigé, et pourquoi aujourd’hui on ne peut pas être transporté pour recevoir des soins convenables », martèle-t-il. Car durant tout le trajet qu’il a dû accomplir avec son fils blessé, il s’est demandé comment il allait gérer la situation si l’état de l’enfant se dégradait.

Si le père de famille ne compte pas porter cette affaire devant les tribunaux, il souhaite néanmoins des excuses, pour son fils. Il a par ailleurs l’ « impression qu’il n’y a plus de service public ». Quant au garçon, s’il s’en tire bien au niveau de sa blessure, il reste traumatisé par l’épisode en voiture avec son père et a pris la décision d’abandonner les sports extrêmes, mis à part le BMX.

La direction de l’hôpital d’Ambert reconnaît quant à elle qu’il y a eu un « dysfonctionnement », rapporte Le Progrès. Quant à l’Agence Régionale de Santé Auvergne-Rhône-Alpes, elle a affirmé « qu’il y a toujours une solution proposée ». Elle a assuré à nos confrères : « Nous ne sommes pas, ici, sur un territoire où il y a des carences de transferts. »

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