Femme enceinte tuée par des chiens : la meute a-t-elle été lâchée avant le début de la chasse à courre ?

Par Paul Tourège
17 janvier 2020 20:55 Mis à jour: 2 juillet 2020 13:19

Près de deux mois après le décès d’Élisa Pilarski, des incertitudes demeurent quant à l’emploi du temps exact de la meute de chiens de l’équipage de chasse à courre et de certains veneurs le jour du drame.

Si les investigations des enquêteurs du SRPJ de Creil se poursuivent près de deux mois après la découverte du corps inanimé d’Élisa Pilarski sur un chemin forestier de la commune de Saint-Pierre-Aigle (Aisne), de nombreuses zones d’ombre subsistent.

Les conclusions de l’autopsie réalisée par l’institut médico-légal de Saint-Quentin ont permis de déterminer que le décès de la victime survenu le 16 novembre « s’était produit entre 13 heures et 13h30, et avait pour origine une hémorragie consécutive à plusieurs morsures de chiens aux membres supérieurs et inférieurs ainsi qu’à la tête, certaines morsures étant ante mortemet d’autres post mortem », selon les déclarations de Frédéric, Trinh procureur de la République de Soissons.

Le parquet a ordonné des prélèvements ADN et salivaires sur 67 chiens – les 5 chiens d’Élisa Pilarski et de son compagnon ainsi que les 62 chiens de l’équipage de vènerie Le Rallye La Passion, dont seulement 21 ont participé à la chasse à courre organisée le 16 novembre – afin d’identifier le ou les chiens mordeurs à l’origine du décès de la jeune femme enceinte de six mois.

Du fait de la spécificité des analyses à mener ainsi que du nombre de sujets concernés, les résultats des prélèvements génétiques ne devraient toutefois pas être connus avant le mois de février.

Des zones d’ombre quant à l’emploi du temps de la meute

Si les chiens de l’équipage des veneurs qui traquaient le chevreuil dans la forêt de Retz le jour du drame ont fait l’objet de prélèvements, les chasseurs estiment que les canidés ne peuvent pas être responsables de la mort d’Élisa Pilarski, affirmant que la chasse à courre a commencé à 13h28.

« En atteste une photo du début de la chasse que nous avons remise à la gendarmerie ce jour-là, où l’on sonne la fanfare de la chasse et où les cavaliers n’ont pas leurs bombes sur la tête. Les chiens n’ont pas été sortis avant », souligne Jean-Michel Camus – l’un des membres de l’équipage Le Rallye La Passion – dans les colonnes de L’Union.

D’après le quotidien régional, des interrogations demeurent toutefois quant à l’emploi du temps exact de la meute. Le 16 novembre, jour de la Saint-Hubert, une messe a été célébrée à 10h30 dans le village de Faverolles, où se trouve le siège de l’association de vènerie Le Rallye La Passion.

À l’issue de la cérémonie religieuse, vers 11h30, le prêtre a béni les chiens de l’équipage et un banquet a été offert aux habitants du village. Le camion transportant les 21 chiens de la meute, des Poitevins, a quitté les lieux vers midi en direction de la ferme de Javage, qui héberge le chenil dans un petit vallon de Faverolles.

Une fois sur place, deux chevaux montent dans le van attelé au camion. Selon Jean-Michel Camus, le véhicule était piloté par Sébastien Van den Berghe, le maître d’équipage.

Ce dernier aurait été accompagné par son salarié, A. Guivarch, qui occupe le rôle de piqueux. Au sein des équipages de chasse à courre, les piqueux tiennent une place essentielle puisque ce sont eux qui dirigent la meute, élèvent les chiens, les éduquent et les entraînent.

L’attelage aurait ensuite quitté Faverolles afin de rallier le Carrefour du Conservateur, dans la forêt de Retz, non loin du chemin où le cadavre d’Élisa Pilarski sera découvert par son conjoint. Le rendez-vous avec les chasseurs est fixé à 13 heures.

Selon les journalistes de L’Union, plusieurs itinéraires sont possibles pour effectuer le trajet, d’une vingtaines de minutes, depuis la ferme de Javage : « soit en passant par une route forestière carrossable depuis la D2 (12 km), soit en passant par Saint-Pierre-Aigle. »

L’équipage « au repos forcé » depuis le 16 novembre

Le quotidien régional précise toutefois qu’un suiveur présent le jour de la chasse a contredit la version avancée par Jean-Michel Camus. Selon ce suiveur, le piqueux serait ainsi parti seul à bord du camion pour récupérer les deux chevaux à la ferme de Javage et Sébastien Van den Berghe aurait quitté Faverolles en compagnie des autres chasseurs vers 12h30.

Une fois arrivé au lieu de rendez-vous, le responsable de la meute est pris de nausées et de vomissements, il renonce finalement à participer à la chasse à cheval et décide de la suivre à bord d’un véhicule malgré son rôle indispensable auprès des chiens pendant la traque.

Le maître d’équipage remplace alors son salarié et prend la responsabilité des chiens enfermés dans le camion depuis midi.

« Si la chasse a débuté à 13h28, les a-t-on laissés si longtemps dans la fourgonnette ? Quelqu’un a-t-il pris l’initiative d’ouvrir les portes pour qu’ils se dégourdissent les pattes avant le début de la chasse et dans la confusion puisque le piqueux était défaillant ? » s’interrogent les journalistes de L’Union.

En attendant le résultats des prélèvements génétiques effectués sur la meute de l’équipage des veneurs, chiens et cavaliers sont « au repos forcé » depuis le 16 novembre.

« C’est une consigne que nous a donnée la justice. Ils [les chiens, ndlr] ont une cour fermée pour s’ébattre », conclut Jean-Michel Camus.

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