Qui étaient Fabrice et Arnaud, les deux agents tués dans l’attaque du fourgon au péage d’Incarville ?

Par Emmanuelle Bourdy
15 mai 2024 12:37 Mis à jour: 16 mai 2024 23:09

Dans cette attaque au fourgon qui s’est déroulée dans une violence inouïe ce mardi vers 11 heures au péage d’Incarville (Eure), trois agents de la pénitentiaire ont été grièvement blessés. Deux autres agents, Fabrice M. et Arnaud G., ont, quant à eux, perdu la vie.

Ce mardi, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a déclenché le « plan Épervier » en mobilisant 200 gendarmes ainsi qu’une équipe du GIGN, afin de retrouver Mohamed Amra, le détenu qui s’est évadé ce même jour avec l’aide d’un commando composé de plusieurs malfaiteurs. Ces derniers ont abattu de sang-froid deux agents de la pénitentiaire se trouvant à l’avant du fourgon qui transportait le détenu de 30 ans, un individu très connu des services de la justice et de la police.

Un homme « très discret » et « très sportif »

Résidant avec son épouse dans une commune de la Suisse normande, Fabrice Moello, âgé de 52 ans, allait fêter les 21 ans de ses jumeaux « dans deux jours » lorsque le drame s’est produit, ainsi que l’a précisé ce mardi Éric Dupond Moretti lors de son point presse.

Fabrice, qui avait passé son habilitation pour les escortes judiciaires une dizaine d’années plus tôt, vivait dans « un petit havre de paix » selon les mots du maire de sa commune. Cet agent de la pénitentiaire était un homme « très discret, sans doute une nécessité eu égard à son travail », souligne encore l’édile auprès de nos confrères du Parisien. Il était par ailleurs réputé pour être « très sportif » et avait encore participé à un trail organisé dans sa région le week-end dernier.

« Il laisse une femme enceinte de cinq mois »

Son collègue Arnaud Garcia, âgé de 35 ans, était quant à lui « un type d’une gentillesse extrême » et « un très bon professionnel toujours attentif aux autres », indique Frédéric Bescon, le secrétaire national du Syndicat pénitentiaire des surveillants (SPS) et secrétaire régional de la Direction interrégionale de Rennes. Ce dernier avait eu l’occasion de travailler avec Arnaud durant plusieurs années, au sein du SPS. Arnaud avait créé une section locale et œuvrait notamment pour que les surveillants pénitentiaires aient de meilleures conditions de travail. « On se rencontrait souvent et on se parlait régulièrement au téléphone », précise le syndicaliste.

Arnaud, qui avait rejoint le service des escortes judiciaires « il y a deux mois » selon une source syndicale, allait bientôt être papa. Le ministre de la Justice a en effet révélé ce mardi qu’Arnaud G. laissait derrière lui « une femme enceinte de cinq mois ».

« Un village entier en deuil, une famille dévastée, un pays sous le choc, Arnaud, ce héros est parti, en exerçant le métier qu’il rêvait, cet uniforme qu’il portait fièrement l’a rendu vulnérable, sa foi en la justice et l’ordre a été mise à l’épreuve », a notamment écrit sur son compte Facebook Dorian Coge, le maire de Blangy-le-Château, la commune d’où est originaire Arnaud Garcia.

« Arnaud et les autres n’ont même pas eu le temps de se rendre compte de ce qui se passait »

Frédéric Bescon travaille au sein de l’administration pénitentiaire depuis 1992. Il explique au quotidien francilien qu’il ne pensait pas « revivre ça un jour ». En effet, le 15 août de cette année-là, à la maison d’arrêt de Rouen, un prisonnier avait tué le surveillant Francis Caron alors que ce dernier effectuait l’inspection de sa cellule. De même à la centrale de Clairvaux (Aube), le surveillant Marc Dormont était décédé le 11 septembre 1992, lors de l’évasion de huit détenus.

Pour Frédéric Bescon, les images de l’attaque du fourgon au péage d’Incarville ce mardi sont « d’une barbarie extrême ». « Souvent, ces dernières années, on avait évité la catastrophe. Mais on savait qu’elle arriverait. C’est à l’image de notre société, de plus en plus violente, et de la capacité de certains à utiliser des armes de guerre. C’est un assassinat abject. De ce que l’on en voit, Arnaud et les autres n’ont même pas eu le temps de se rendre compte de ce qui se passait », a conclu le syndicaliste.

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