Logo Epoch Times

Recommandation

plus-iconEntre ferveur catholique et tradition aztèque

Fête de Notre-Dame de Guadalupe : le Mexique bat au rythme de la “Morenita”

Chaque 12 décembre, le Mexique se couvre de fleurs, de chants et de marcheurs. Des millions de pèlerins convergent vers la basilique de la Vierge de Guadalupe, à Mexico, pour honorer celle qui est bien plus qu’une figure religieuse : un symbole national, une mère spirituelle, un lien vivant entre les peuples et l’histoire.

top-article-image

Symbole d’unité entre les peuples indigènes et le monde chrétien, la Vierge de Guadalupe demeure l’une des figures les plus aimées du continent américain.

Photo: Pixabay/Marcaroni

author-image
Partager un article

Durée de lecture: 5 Min.

L’histoire débute en 1531, sur la colline de Tepeyac, près de Mexico. Un humble Indigène, Juan Diego Cuauhtlatoatzin, affirme avoir vu une femme au manteau turquoise, baignée de lumière. Elle se présente comme la « Vierge, Mère de Dieu » et lui demande à ce que l’évêque construise une église en ce lieu.

Incrédule, l’évêque de Mexico exige une preuve. Juan Diego revient alors avec son tilma, un simple manteau en fibres d’agave. Il le déploie… et, selon la tradition, une image miraculeuse de la Vierge apparaît, intacte, d’une finesse inexplicable. Le tissu, fragile par nature, aurait dû se dégrader en quelques années ; pourtant, près de cinq siècles plus tard, le tilma est toujours exposé dans la basilique Notre-Dame de Guadalupe, sans avoir jamais été retouché.

Cette image de la Vierge – au teint métis debout sur un croissant de lune, ceinte d’un manteau turquoise étoilé – deviendra l’icône la plus puissante d’Amérique latine. Intacte depuis près de cinq siècles, elle est aujourd’hui vénérée par des millions de personnes comme le symbole de l’union entre les peuples autochtones et l’Église, entre l’Ancien et le Nouveau Monde.

En 1999, Jean-Paul II proclame Notre-Dame de Guadalupe « Patronne de l’Amérique latine et Étoile de la Nouvelle Évangélisation », consacrant son rôle central dans la culture et la spiritualité du continent.

Un pèlerinage hors norme : des millions de pas vers la colline sacrée

Au Mexique, la fête du 12 décembre donne lieu à l’un des plus grands pèlerinages au monde. Chaque année, plus de 10 millions de pèlerins se rendent à la basilique, parfois à pied sur plusieurs centaines de kilomètres. Des familles entières, des groupes d’amis, des sportifs, des danseurs traditionnels – tous marchent pour remercier la Morenita (un de ses nombreux surnoms), demander une guérison, une naissance, une paix intérieure, ou simplement pour être présents.

Dès la veille, la colline de Tepeyac se transforme en un océan de cierges et de fleurs. À minuit, des mariachis entonnent Las Mañanitas, la sérénade la plus célèbre du pays, pour souhaiter joyeux anniversaire à celle qu’on appelle aussi Tonantzin (« Notre Mère ») en nahuatl.

Un mélange unique de foi, de culture et de couleurs

La célébration de Notre-Dame de Guadalupe est un phénomène aussi religieux que culturel. Elle unit des générations, rassemble autochtones, catholiques fervents, communautés rurales, citadins et touristes du monde entier.

Dans les rues, des danses aztèques frappent le sol au rythme des tambours. Des enfants déguisés en petits Juan Diego offrent des roses, des milliers de cierges s’allument, et les pèlerins avancent à genoux pour les derniers mètres, en signe de dévotion absolue.

Partout, les rues se remplissent de couleurs vives, de chants, de banderoles aux motifs traditionnels et de parfums d’encens et de fleurs d’agave – un hommage aux origines indigènes de la Vierge.

Une spiritualité qui dépasse les frontières

Si la basilique de Guadalupe est l’un des sanctuaires catholiques les plus visités au monde, la fête du 12 décembre dépasse largement les frontières du Mexique.

Dans toute l’Amérique latine – du Pérou à la Californie – des processions, messes et veillées sont organisées. Des milliers de Mexicains de la diaspora se rassemblent dans les églises de Chicago, Los Angeles, Madrid ou Paris. Partout, le même chant s’élève La Guadalupana : « Virgencita, morenita, protégenos » (« Petite Vierge, à la peau sombre, protège-nous »).

Pour beaucoup, cette fête n’est pas seulement un hommage religieux : c’est un acte de mémoire. Notre-Dame de Guadalupe est devenue l’âme d’un peuple, un symbole de résistance, de métissage et d’espérance.

Près de cinq siècles après l’apparition sur la colline de Tepeyac, la figure de la Vierge continue d’accompagner les combats du continent – contre la pauvreté, pour la justice sociale, pour la dignité des plus fragiles.

Dans les villages comme dans les mégapoles, dans les familles aisées comme dans les quartiers oubliés, son image reste un repère et un réconfort.

Chaque 12 décembre, le Mexique se souvient que son histoire a commencé par un message simple : un signe d’amour adressé à un humble berger, pour rappeler que la lumière peut surgir là où personne ne l’attend.