Fin du secret bancaire suisse : les responsables corrompus chinois perdent la possibilité de cacher leur argent mal acquis

Par Jennifer Bateman
7 janvier 2022 19:00 Mis à jour: 7 janvier 2022 19:00

L’Administration fédérale des contributions suisse (AFC) a presque terminé le transfert des informations sur les clients étrangers aux autorités des centaines de pays et territoires.

Cela signifie que la Suisse – le plus grand centre financier offshore du monde – a abandonné son système vieux de trois siècles qui consistait à garder secrètes les informations sur les clients de ses banques, et qu’elle a cessé de servir de refuge aux fonds illégaux des terroristes et des dictateurs, y compris des fonctionnaires corrompus du Parti communiste chinois (PCC).

Depuis le 11 octobre 2021, l’AFC a divulgué les informations financières d’environ 3,3 millions de comptes bancaires à des centaines de gouvernements.

Selon Swiss Info, la loi suisse sur l’échange automatique d’informations est entrée en vigueur au début de 2017, conformément à la réglementation fiscale internationale. En 2018, la Suisse a lancé l’échange d’informations bancaires et fiscales avec les États-Unis, l’Europe et 36 autres pays. En 2019, le partage de données s’est étendu à certains États autoritaires et totalitaires, en particulier la Chine et la Russie.

Le partage d’informations comprend le nom du titulaire du compte bancaire, son adresse, son pays de résidence et son numéro d’identification fiscale, ainsi que le nom de l’institution financière ayant son compte, le solde de ce compte et les revenus du capital.

En juin 2018, International Investment a cité le rapport du Boston Consulting Group indiquant qu’au fil des siècles, la Suisse a géré environ un tiers de la richesse privée mondiale en raison de son strict secret bancaire et de sa neutralité politique.

De nombreux riches et puissants responsables de l’État-parti chinois ont placé leur fortune dans des centres financiers offshore comme la Suisse, bien que le montant exact de leurs avoirs offshore soit tenu secret.

Le rapport annuel Billionaires Insights, publié conjointement par la plus grande banque suisse UBS et la société PricewaterhouseCoopers en octobre 2020, a montré que le nombre de milliardaires en Chine s’élève à 415 en 2020, contre 325 en 2018 ; le total des actifs des milliardaires chinois a augmenté à près de 1700 milliards de dollars, contre 962,4 milliards de dollars en 2018 – soit de 75 % en deux ans.

Le rapport indique également que le nombre de milliardaires dans le monde a doublé et que leur patrimoine total a plus que triplé au cours des dix dernières années, tandis que le patrimoine des milliardaires chinois a été multiplié par près de 9 au cours de la même période.

Les responsables du PCC ont fait sortir des milliards de Chine

Elmer Yuen Gong-yi, un industriel de Hong Kong qui a 20 ans d’expérience commerciale en Chine continentale et connaît bien les familles des dirigeants du PCC, a indiqué dans une interview accordée à Epoch Times que, selon ses estimations, les responsables du PCC ont transféré environ 10 000 milliards de dollars hors de Chine, y compris les actifs à l’étranger de la famille de l’ancien chef du Parti, Jiang Zemin, qui s’élèvent à plus de 1000 milliards de dollars.

Yuan a déclaré que son estimation se fonde sur les chiffres révélés par l’ancien employé de la CIA Edward Snowden lorsqu’il se cachait à Hong Kong en 2013 après avoir révélé au Guardian la surveillance de masse effectuée par la CIA lors de l’administration Obama – à savoir que 4800 milliards de dollars ont quitté la Chine. Yuan compte qu’au moins le même montant a quitté la Chine au cours des 7 années suivantes.

À partir de 1989, Jiang Zemin a pris le contrôle direct ou indirect sur les responsables du Parti pendant près de 30 ans, et sa famille a accumulé d’énormes richesses.

Son fils aîné, Jiang Mianheng, contrôle l’industrie high-tech chinoise depuis plus de 20 ans, ainsi que des institutions financières comme la Banque de Shanghai. Il a bâti son vaste empire des télécommunications dès les premières années du règne de son père Jiang Zemin, et il a également dirigé le secteur de l’énergie nucléaire de la Chine, s’emparant ainsi d’importants actifs.

Jiang Mianheng est profondément lié à la plus grande affaire de commerce de valeurs mobilières de Chine, portant sur près de 1200 milliards de yuans (188 milliards de dollars), ainsi qu’à de nombreuses affaires de corruption majeure, dont les coupables ont fait l’objet d’enquêtes et de condamnations : Zhou Zhengyi, promoteur immobilier et « l’homme le plus riche de Shanghai » selon le classement de Forbes, et Wang Weigong qui était chargé du pouvoir financier national à l’époque de Jiang Zemin. Toutes ces affaires portaient sur des montants astronomiques de corruption et de détournement de biens publics.

En décembre 2002, la Banque des règlements internationaux a publié un rapport de routine sur la période de mai à septembre, qui notait à la page 29 : « En particulier, les banques chinoises ont transféré plus de 3 milliards de dollars à leurs propres bureaux dans des centres bancaires des Caraïbes. »

Selon les aveux de Liu Jinbao, emprisonné en 2005 en tant que président de la succursale de la Banque de Chine à Shanghai, 2 milliards de dollars de cet argent ont été transférés par Jiang Zemin à la veille du 16e Congrès du Parti communiste – tenu en novembre 2002 – afin de s’assurer une porte de sortie avant de quitter le poste officiel du Secrétaire général du PCC.

Le deuxième fils de Jiang Zemin, Jiang Miankang, qui était responsable de la coordination générale des terrains, de la démolition, de la planification et de la construction dans tout Shanghai, s’est emparé de gros profits dans la construction d’infrastructures et le développement immobilier – les industries piliers de l’économie chinoise.

Le petit-fils de Jiang Zemin, Jiang Zhicheng, a engrangé d’énormes profits en Chine – le plus grand marché émergent de capital-investissement au monde – en utilisant ses connexions politiques pour manipuler le marché à des fins personnelles, selon une enquête de Reuters datant d’avril 2014.

D’après Guo Wengui, un magnat chinois vivant en exil aux États-Unis, Jiang Zhicheng a blanchi 500 milliards de dollars à l’étranger et gère des milliers de milliards de dollars d’actifs grâce à ses investissements.

La Suisse abandonne le secret bancaire sous la pression des États-Unis et de l’Europe

Les banques suisses protégeaient la confidentialité des clients depuis quelque 300 ans, mais ce n’est qu’en 1934 que la Suisse a formellement légiféré sa loi sur les banques, qui stipulait que les institutions financières suisses pouvaient refuser toute enquête ou surveillance gouvernementale des comptes des clients, et que les informations relatives aux comptes ont été protégées en permanence. En outre, les clients pouvaient choisir la façon la plus sûre et la plus anonyme de mener leurs affaires.

Les taux d’imposition de la Suisse sont inférieurs à ceux des États-Unis et de la plupart des pays européens, qui mènent des politiques de haute imposition fiscale et de prestations sociales généreuses.

Tous ces avantages permettaient aux plus riches, mais aussi aux terroristes, aux organisations criminelles et même aux fonctionnaires d’États dictatoriaux, de conserver leur argent en toute sécurité. En même temps, certains ont utilisé ce système pour échapper à l’impôt et à se livrer à des activités criminelles telles que le blanchiment d’argent.

Depuis la crise financière de 2008, les États-Unis ont accentué la pression sur la Suisse pour qu’elle livre les noms de quelque 52 000 clients américains qui détenaient des comptes secrets chez UBS, en lançant une enquête pour fraude fiscale sur la banque. En juillet 2008, le Sénat des États-Unis a accusé les banques suisses, dont UBS, d’aider les riches Américains à échapper à l’impôt par le biais de comptes offshore d’une valeur d’environ 18 milliards de dollars, entraînant une perte annuelle importante de recettes fiscales américaines.

Finalement, afin de régler les deux accusations portées contre UBS et d’éviter l’effondrement de la banque, le gouvernement suisse a non seulement accepté de payer 780 millions de dollars d’amende, mais a également permis à UBS de soumettre une liste d’environ 280 évadés fiscaux américains importants, et la banque a aussi promis de fournir des informations sur 4450 clients américains dans un délai d’un an. La Suisse a ainsi abandonné son régime séculaire de secret bancaire.

De plus, la loi américaine FATCA (Foreign Account Tax Compliance Act), adoptée en mars 2010 pour traquer l’évasion fiscale des Américains à l’étranger, a obligé les banques non américaines à communiquer aux autorités fiscales des États-Unis des informations sur les avoirs de leurs clients américains dans la banque. À la suite de l’adoption de cette loi, la Suisse et 47 autres pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ont signé, en mai 2014, la « Common Reporting Standard » – une norme d’échange automatique d’informations fiscales entre les États membres.

L’Union européenne a également fait pression sur la Suisse – un pays non membre de l’UE – en la plaçant, en décembre 2017, sur une « liste grise » de pays non coopératifs qui n’avaient pas encore pleinement mis en œuvre les normes fiscales internationales. L’UE n’a pas retiré la Suisse de cette liste avant octobre 2019, date à laquelle les autorités suisses se sont engagées et ont commencé à coopérer à l’échange de données fiscales avec des centaines de pays et territoires.

Jennifer Bateman est une journaliste qui se spécialise sur la Chine.


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Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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