Fini les queues et les oreilles coupées: la Colombie adopte une loi pour protéger les animaux d’opérations chirurgicales cosmétiques

Par Isabel Valencia-La Gran Epoca
25 août 2019 17:48 Mis à jour: 25 août 2019 17:50

Certains animaux ont dû subir cette coutume humaine d’Amérique du Sud de leur couper la queue et les oreilles parce que leurs propriétaires pensaient qu’ils étaient plus beaux comme ça. Certaines races ont encore plus souffert de cette pratique que d’autres. Maintenant les animaux domestiques de Colombie sont « très heureux » parce qu’une loi a été votée pour interdire ces mutilations qui seront étiquetées comme mauvais traitement.

Les boxeurs, les dobermans, les rottweilers, les pitbulls, les schnauzers, les pinschers, les terriers, les chihuahuas et les caniches font partie des races de chiens qui ont dû subir les conséquences d’opérations chirurgicales qui sont non seulement douloureuses mais qui peuvent présenter des risques pour leur santé.

Jorge Gallego, médecin à la clinique vétérinaire de l’Université d’Antioquia, a déclaré au quotidien El Tiempo que « ce type d’intervention chirurgicale à des fins esthétiques est considéré comme une mutilation, et toute mutilation indique de la violence et un mauvais traitement. »

Les animaux utilisent leur corps comme moyen d’expression, explique Carolina Alaguna, vétérinaire, éthologiste et enseignante à Uniagraria.

« Les chiens communiquent généralement par le langage corporel. Pas seulement avec les humains, mais aussi avec d’autres chiens. Lorsqu’ils sont sur le qui-vive, effrayés, soumis ou heureux, la posture de leurs oreilles et de leur queue exprime ce qu’ils ressentent. »

Voilà pourquoi nous voyons que les chiens bougent vigoureusement la queue quand ils sont heureux et qu’ils la cachent entre leurs pattes quand ils ont peur. Il en va de même pour leurs oreilles, qui bougent lorsqu’ils sont intrigués parce qu’ils entendent un son étrange.

La queue est composée d’os (vertèbres caudales) qui sont associés à d’autres tissus (quelque chose de similaire se produit avec les oreilles). Elle est aussi la continuité de la colonne vertébrale, ce qui est fondamental pour maintenir son équilibre et faire divers mouvements, explique l’article d’El Tiempo.

Lorsque la queue est mutilée, le cartilage, les nerfs, les vaisseaux sanguins et autres tissus ainsi que la peau doivent également être coupés. En plus de causer beaucoup de souffrance au chien, celui-ci perd une fonction fondamentale de son anatomie. « Lorsque la queue est coupée, par exemple, ils coupent également une série de muscles qui se trouve dans cette zone, ce qui peut déclencher des complications. »

« Dans les oreilles, le pavillon auriculaire -qui permet au chien de bouger ses oreilles et de capturer les sons correctement, se trouve affecté. Cela peut aussi causer des otites fréquentes », explique Carolina.

Un rottweiler avec sa queue naturelle (Crédit : Dg-505, commons.wikimedia/ Licencia: CC BY 3.0)

Les animaux doivent également souffrir des soins postopératoires qui, s’ils ne sont pas réalisés correctement, peuvent entraîner des complications telles que l’otite externe, causée par l’accumulation de sang dans les oreilles. Le muscle peut aussi tomber si la coupure n’a pas été faite bien, a déclaré Jorge à ce même journal.

Les chats se font aussi retirer leurs griffes pour qu’ils ne s’en servent pas (onychectomie ou dégriffage). C’est une pratique considérée comme cruelle qui va à l’encontre de leur instinct. « Les chats ne perdent pas seulement leurs griffes, mais aussi leurs phalanges. Cette procédure est très cruelle et leur cause beaucoup de douleur », a ajouté Carolina.

Les chats ont besoin de marquer leur territoire avec leurs griffes, c’est pour ça qu’ils ont besoin de grattoirs pour ne pas endommager les meubles dans la maison. Cette pratique leur cause beaucoup de dommages. « En faisant cela, le comportement naturel n’est plus permis et des dommages peuvent être causés à leur comportement. Dans le cas des chats, une partie de leur comportement est leur territorialité. Avec leurs glandes, ils expulsent les phéromones quand ils en ont besoin. »

Comme le vétérinaire Daniel Bohórquez l’a expliqué à El Tiempo, cette pratique est assez cruelle, car « l’animal peut être infecté et cela peut causer d’autres complications ». Il précise également qu’en faisant cela aux chats, leurs propriétaires leur enlèvent une partie très importante de leur nature intérieure. « Dégriffer les chats, c’est leur enlever une partie de leur être. L’essence d’un félin, ce sont ses griffes et ses dents. Ils ont besoin de leurs griffes pour se sentir en sécurité, pour grimper, pour se défendre, pour être des félins », assure l’expert.

Un doberman avec ses oreilles naturelles (Crédit : Andrea Hoffmann/ commons.wikimedia/ Licencia: CC BY-SA 3.0)

Heureusement, la Colombie s’est jointe à l’initiative de 47 autres pays dans le monde qui ont aboli cette pratique cruelle, selon le quotidien colombien El Espectador. Un projet de loi a été approuvé pour mettre fin à la coutume de couper des parties du corps d’animaux tels que chiens, chats, chevaux ou lapins à des fins esthétiques.

Ainsi, seraient désormais interdites les interventions chirurgicales qui ne visent qu’à modifier l’apparence physique, y compris la coupe de la queue et des oreilles, les cordes vocales et même l’extraction des dents et des griffes, selon les journaux cités ci-dessus.

Le rapporteur de l’initiative au Congrès de la République, Juan Carlos Losada, a écrit dans son compte Twitter, « c’est une pratique barbare et absurde qui n’a aucune justification. »

Il indique également que ceci est soutenu par la loi 1754 de 2015, qui précise que les animaux ne sont plus considérés comme un objet, mais comme des êtres qui ont des sentiments.

Aujourd’hui, en Colombie, depuis le 18 juillet 2019, date d’entrée en vigueur de la loi, les interventions chirurgicales, lorsqu’elles doivent amputer une partie du corps, ne peuvent plus être pratiquées que si cela est nécessaire pour des raisons médicales et pour le bien-être de la santé de l’animal.

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