Forte vague de démissions chez les maires, de plus en plus « usés » par leur fonction

2 août 2018 11:57 Mis à jour: 2 août 2018 11:57

Usés par leur fonction, de plus en plus de maires jettent l’éponge à moins de deux ans de la fin de leur mandat.

« On se sent inutiles, il y a une désespérance face à l’arrogance de l’État », confie Philippe Rion à l’Agence France Presse (AFP), maire démissionnaire de Castillon dans les Alpes-Maritimes.

Si la démission la plus fracassante fut sans nul doute celle du maire de Sevran en Seine-Saint-Denis, Stéphane Gatignon, en mars, qui dénonçait le « mépris de l’État pour les banlieues », les maires de petites villes, parfois au bord du burn-out, sont tout aussi nombreux à se décourager.

Selon un calcul de l’AFP réalisé à partir du répertoire national des élus en tenant compte de l’effet du non-cumul des mandats, le nombre de maires ayant quitté leur fonction depuis 2014 est en hausse de 55 % par rapport à la précédente mandature.

« Il y a des mois où je ne savais plus comment payer les employés », déplore Philippe Rion, qui a dû « tailler sur tout », y compris en « arrêtant les commémorations nationales », avant de finir par augmenter la taxe d’habitation.

« Les communes ne sont qu’une variable d’ajustement financière aux yeux de l’État », critique l’ancien maire dont le village de 380 habitants a enregistré une baisse de 50 % en cinq ans de sa dotation globale de fonctionnement (DGF), principale contribution financière de l’État aux collectivités.

Selon l’Observatoire des finances locales (OFGL), la DGF représentait 14,8 % des recettes de fonctionnement des communes en 2017, contre 21 % en 2013.

Malgré une légère hausse de son montant global en 2018, près de la moitié des communes ont vu leur dotation baisser cette année, selon l’Association des maires de France (AMF), qui a réclamé mi-juillet la création « en urgence » d’un fonds spécial pour les communes les plus en difficulté.

Beaucoup de mécontentements

La suppression de la taxe d’habitation, qui représente 34 % des recettes fiscales des communes, et la forte baisse des contrats aidés, considérés comme une bouffée d’oxygène dans les campagnes, ont encore accru les mécontentements.

Mais c’est la refonte de la carte intercommunale en 2016, issue de la loi NOTRe, qui a suscité le plus de dissensions, les maires devant se plier à des fusions souvent coûteuses en temps et en énergie pour intégrer des intercommunalités de plus en plus grosses.