Première épreuve de la rue pour Emmanuel Macron

12 septembre 2017 03:09 Mis à jour: 12 septembre 2017 10:06

Emmanuel Macron affronte aujourd’hui sa première grande journée de contestation du quinquennat avec des grèves et de manifestations contre l’assouplissement du code du travail, une réforme sur laquelle le nouveau président n’entend rien céder.

Ce premier test social intervient dans un climat tendu, alimenté par la sortie de M. Macron évoquant, vendredi en marge d’une visite à Athènes, les « fainéants » qui s’opposent à sa politique de réformes.

Une déclaration « scandaleuse », a fulminé Philippe Martinez, le numéro un du syndicat CGT, qui mène la fronde dans un paysage syndical profondément divisé.

M. Martinez a promis « plus de 180 lieux de manifestations » pour dénoncer un texte qui, selon lui, « donne les pleins pouvoirs aux employeurs ».

En parallèle, des grèves sont attendues dans les transports aériens et ferroviaires. Ryanair a ainsi annoncé l’annulation de 110 vols.

Des syndicats étudiants et lycéens et les mouvements de jeunesse de plusieurs partis de gauche ont appelé hier à se joindre aux manifestations contre « une régression sociale historique ».

Considéré comme le principal opposant au président selon un récent sondage, le héraut de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon battra lui aussi le pavé contre ce qu’il qualifie de « coup d’État social ».

Une opposition éparpillée 

Mais les deux autres principaux syndicats, FO et la CFDT, bien que critiques envers la réforme, n’ont pas appelé à manifester. Ce qui interroge sur l’ampleur de la mobilisation contre un président qui a certes chuté dans les sondages mais fait face à une opposition éparpillée.

« Une mobilisation sociale est toujours imprévisible » mais elle semble affaiblie par le manque d’alternative politique, estime Jean-Daniel Levy, analyste de l’institut de sondages Harris Interactive.

Pour l’ex-conseiller social de Nicolas Sarkozy, Raymond Soubie, le gouvernement est même « dans une situation idéale pour réformer le droit du travail ».

Premier gros chantier du quinquennat, la réforme prévoit un plafonnement des indemnités en cas de contentieux, la réduction des délais de recours des salariés ou encore la possibilité de négocier sans syndicat en dessous de 50 salariés, des mesures qui font la part belle aux petites et moyennes entreprises qui représentent près de la moitié des salariés en France.

L’objectif affiché par Emmanuel Macron est de donner plus de flexibilité aux entreprises et de les encourager à embaucher alors que le chômage reste massif. Il touche 9,5% de la population active, contre une moyenne de 7,8% en Europe.

Il s’agit également aussi de regagner la confiance de l’Allemagne, qui réclame depuis longtemps des réformes structurelles à Paris.

 « Une détermination absolue »

Emmanuel Macron, qui pour imposer ces changements a opté pour la procédure accélérée des ordonnances, n’a aucune intention de céder. Vendredi, quelques semaines après avoir regretté que les « Français détestent les réformes », le chef de l’État a averti qu’il « serait d’une détermination absolue » et ne « cèderai(t) rien, ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes ».

Une déclaration choc, « totalement » assumée par l’intéressé, qui a fait bondir ses opposants politiques, de Jean-Luc Mélenchon (« Macron n’aime pas les Français ») à Marine Le Pen (« les déclarations d’amour de Macron aux Français se multiplient »).

Et qui risque de galvaniser les manifestants.

Emmanuel Macron « jette de l’huile sur le feu. Avec la déclaration sur les « fainéants », tous les ingrédients sont réunis pour que ça chauffe », prévient Bruno Cautrès, chercheur au Cevipof.

Lundi, le président a eu un avant-goût de ce qui l’attend lors d’un déplacement à Toulouse, dans le sud-ouest de la France. Entre 300 à 400 personnes, selon les autorités, 2 000 personnes, selon la CGT, y ont manifesté contre la loi travail et d’autres réformes annoncées comme la baisse des aides personnelles au logement.

« Je suis là pour « faire la fête » à Macron », a lancé Sabine, 71 ans, remontée contre un chef d’État qui, selon elle, « est vraiment le président des riches et des banques ».

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