Fuites sur l’ingérence de Pékin au Canada: des avertissements ignorés depuis des décennies

Un problème maintenant chronique

Par Omid Ghoreishi
6 mars 2023 19:45 Mis à jour: 6 mars 2023 19:45

Les dernières fuites de renseignements sur les opérations d’influence chinoise au Canada s’inscrivent dans une tendance remontant à près de trois décennies, et cela s’est accéléré au fil des dernières années.

Dès les années 1990, la GRC et le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) mettaient en garde les Canadiens contre l’implantation d’agents et de bandes criminelles de Pékin dans divers secteurs canadiens, dans un rapport conjoint ayant fait l’objet d’une fuite dans les médias, mais déjà à ce moment, les autorités avaient écarté ces préoccupations. Des décennies plus tard, les opérations de drogue et le blanchiment d’argent font encore l’objet d’une enquête publique, en Colombie-Britannique.

En 2010, bien avant les fuites récentes de renseignements sur des élus fédéraux et provinciaux soupçonnés de collaborer avec la Chine, Richard Fadden, alors chef du SCRS, avait mis en garde contre ces problèmes. Cela lui avait valu la condamnation d’un comité de la Chambre des communes, car il a dit que certains représentants élus étaient sous le contrôle d’un gouvernement étranger. Il avait également été traîné devant un comité dans le but de le forcer à revenir sur ses déclarations et à démissionner.

Les fuites les plus récentes font état d’un réseau élaboré d’opérations d’infiltration menées au Canada par le Parti communiste chinois (PCC) afin de subvertir les élections canadiennes et d’en modifier le résultat pour qu’il corresponde à celui souhaité par Pékin, tout en influençant les politiciens pour qu’ils agissent en faveur du PCC.

L’origine des fuites n’est pas claire. Elles pourraient provenir du SCRS, de fonctionnaires d’autres ministères ou organismes gouvernementaux recevant des séances d’information, ou de représentants des services de renseignement et de sécurité d’alliés canadiens qui s’inquiètent de l’inaction du pays face aux risques pour la sécurité.

Voici un aperçu des fuites concernant l’ingérence chinoise, des plus récentes aux décennies passées, et de la réponse des autorités à ces fuites.

Planifier l’avenir

L’une des fuites de renseignements les plus récentes concerne Zhang Bin, un riche homme d’affaires lié au PCC qui a assisté à un événement controversé de type « argent contre accès » avec le premier ministre Justin Trudeau en mai 2016.

Le dirigeant chinois Xi Jinping à Pékin, le 25 mars 2016. (LINTAO ZHANG / POOL / GETTY IMAGES)

Selon un rapport du Globe and Mail du 28 février, Zhang a été mandaté par un diplomate chinois en 2014 de faire un don d’un million de dollars à la Fondation Pierre Elliott Trudeau et a dit qu’il serait remboursé par Pékin. Les deux hommes auraient discuté des prochaines élections fédérales de 2015 et de la possibilité que les libéraux puissent battre les conservateurs.

Zhang était membre du 12e Comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois, un organe consultatif politique au sein du régime communiste. Il était également président de la China Cultural Industry Association (CCIA). Epoch Times a contacté Zhang pour obtenir des commentaires, mais n’a pas eu de réponse.

Après la collecte de fonds de mai 2016, Zhang a fait un don d’un million de dollars pour « honorer la mémoire et le leadership » de l’ancien premier ministre Pierre Trudeau, selon le Globe. De ce montant, 200 000 $ ont été versés à la Fondation Trudeau, 50 000 $ pour la construction d’une statue de Pierre Trudeau et 75 000 $ à la faculté de droit de l’Université de Montréal, où l’ancien premier ministre avait été étudiant puis enseignant.

Le cabinet du premier ministre a déclaré que M. Trudeau n’était pas au courant du don de M. Zhang et qu’il ne s’occupait pas des affaires de la fondation pendant qu’il était en politique fédérale. La Fondation Pierre Elliott Trudeau a déclaré qu’elle retournerait le don de Zhang.

Élection de 2019

La récente vague de rapports sur les fuites de renseignements a commencé par un article de Global News, du 7 novembre 2022, selon lequel Trudeau a été informé en janvier 2022 d’un réseau d’ingérence électorale dirigé par Pékin.

Selon cet article, le PCC a financé au moins 11 candidats fédéraux aux élections de 2019 et s’est employé à placer des agents dans les bureaux des députés pour influencer l’élaboration des politiques. Il précise que le réseau comprend des membres des partis libéral et conservateur.

Plusieurs candidats aux élections de cette année-là ont rencontré des agents du département du travail du Front uni, selon l’article. Le Front uni est « un outil primaire d’ingérence étrangère » pour Pékin, selon un article de Sécurité publique Canada citant des recherches effectuées par des groupes de réflexion.

L’article de Global ajoute qu’à la suite d’une résolution de la Chambre des communes, en février 2021, visant à déclarer que la persécution des Ouïghours par le PCC est un acte de génocide, des agents du régime chinois ont effectué des recherches approfondies sur les députés ayant voté en faveur de la résolution. Ils ont notamment déterminé quelles étaient les principales industries et entreprises dans la circonscription des députés ciblés, et si elles avaient des liens avec la Chine. L’intention était de voir si les économies locales des politiciens défavorables à la Chine pouvaient être utilisées comme levier.

L’article indique qu’un membre du personnel de la campagne électorale d’un candidat aux élections fédérales de 2019 a reçu des instructions du consulat chinois de Toronto pour contrôler et surveiller les réunions des candidats, et empêcher des engagements tels que des réunions avec des représentants de Taïwan.

Les notes de renseignement décriraient également les efforts de la Chine pour infiltrer et surveiller les communautés de la diaspora chinoise au Canada.

Un article de suivi publié par Global News le 24 février a déclaré que le député libéral Han Dong est l’un 11 candidats fédéraux (au minimum), de la région de Toronto qui ont été soutenus par Pékin lors des élections de 2019, sur la base de la fuite d’informations de renseignement.

Han Dong à Ottawa, Ontario en 2020. (Creative Commons/Finnfrancislong)

L’article indique que le SCRS croit que Han Dong est un « affilié volontaire » aux réseaux d’ingérence électorale de la Chine, et que les responsables du renseignement ont informé les hauts fonctionnaires de Trudeau à ce sujet. M. Dong est resté le candidat libéral lors de cette élection et a ensuite remporté un siège dans la circonscription de Don Valley North à Toronto, un bastion libéral, lors des élections de 2019 et 2021.

Il a ajouté que pendant la campagne électorale de 2019, des bus entiers d’étudiants internationaux chinois avec de fausses adresses ont été amenés dans la circonscription et « contraints » de voter pour la candidature de M. Dong et les libéraux.

Han Dong n’a pas répondu à une demande de commentaire d’Epoch Times, mais a publié une déclaration publique niant les allégations.

« Je rejette fermement les insinuations des médias qui prétendent que j’ai joué un rôle dans l’ingérence étrangère dans ces processus et je me défendrai vigoureusement contre ces allégations inexactes et irresponsables qui proviennent d’une source anonyme et non vérifiée », a-t-il déclaré le 27 février.

M. Dong était absent lors d’un vote sur une motion à la Chambre des communes le 1er février concernant la persécution des Ouïghours en Chine, ainsi que lors d’un vote sur une motion du 22 février 2021 visant à reconnaître la persécution des Ouïghours par le PCC comme un acte de génocide.

Interrogé sur les allégations concernant M. Dong, M. Trudeau a répondu en évoquant le racisme et en laissant entendre que de telles allégations concernant M. Dong, qui est né en Chine, sont liées à une « montée du racisme anti-asiatique ».

Il y a environ deux ans, Trudeau a également utilisé des allégations de racisme pour répondre à des préoccupations de sécurité nationale concernant la Chine.

En 2021, alors que les conservateurs interrogeaient le gouvernement libéral sur la collaboration du Laboratoire national de microbiologie de Winnipeg avec des chercheurs liés à l’armée chinoise, les libéraux ont répondu en pointant du doigt le « racisme anti-asiatique ». Les libéraux ont été fortement critiqués par les conservateurs et d’autres experts et ont changé de ton peu de temps après.

En réponse aux récentes fuites de renseignements, M. Trudeau a également déclaré qu’il était « très préoccupé » par le fait que des documents classifiés du SCRS soient fournis aux médias. Il a également déclaré que son gouvernement avait mis en place un groupe d’experts, le protocole public sur les incidents électoraux critiques, composé de hauts fonctionnaires, afin de surveiller les menaces potentielles d’ingérence dans les récentes élections et d’en rendre compte. Le panel n’a pas identifié de problèmes majeurs pour les élections de 2019 et 2021.

Élection de 2021

Le 17 février, le Globe and Mail a publié un long article basé sur des fuites et des sources du SCRS détaillant les opérations d’ingérence de Pékin dans l’élection de 2021. L’article indique que les responsables chinois ont déclaré à l’époque que le résultat souhaité de l’élection serait un autre gouvernement libéral minoritaire, car ils considèrent que les libéraux sont le parti le plus favorable aux intérêts de Pékin, mais ne veulent pas qu’il forme un gouvernement majoritaire au cas où il déciderait de mettre en œuvre des politiques défavorables à Pékin.

L’article indique qu’un diplomate chinois s’est dit mécontent que les libéraux soient devenus plus critiques à l’égard de la Chine ces derniers temps, mais a déclaré qu’ils étaient toujours préférables aux autres partis.

Selon l’article du Globe, Pékin a donné des instructions à ses diplomates et à d’autres mandataires – y compris certains médias en langue chinoise – pour propager l’idée que les députés conservateurs étaient trop critiques envers la Chine et qu’une fois élus, ils suivraient l’exemple de l’ancien président américain Donald Trump et interdiraient l’accès des étudiants chinois à certaines universités ou à certains programmes d’éducation.

Les tactiques d’ingérence de Pékin ont consisté à « faire pression sur ses consulats pour qu’ils créent des stratégies visant à tirer parti des membres de la communauté chinoise et des associations politiquement [actives] au sein de la société canadienne », ainsi qu’à utiliser des organisations canadiennes pour défendre les intérêts de la Chine, indique l’article.

L’article cite une source de sécurité nationale qui a déclaré que neuf candidats libéraux et deux candidats conservateurs aux élections de 2019 avaient les faveurs de Pékin, et que les deux candidats conservateurs étaient considérés comme des amis de la Chine.

Le Globe a déclaré dans un autre article, le 18 février, que les diplomates chinois ont dit à leurs contacts canadiens influents « amicaux » au début de 2022 de faire profil bas afin d’éviter d’attirer l’attention du SCRS.

Le chef du Parti libéral, Justin Trudeau, célèbre sa victoire le 20 octobre 2015 à Montréal. (Nicholas Kamm/AFP/Getty Images)

Le 20 février, un autre article du Globe a fait état de documents classifiés du SCRS qui décrivent les efforts de Beijing pour cibler les Canadiens influents qui prévoient de visiter la Chine. Les documents montrent les méthodes utilisées par Pékin pour recourir au chantage, à la corruption et aux pièges à miel afin d’exercer une influence sur les politiciens et les dirigeants d’entreprise.

En réponse, Trudeau a déclaré le 23 février que, bien qu’il soit important pour le Canada de continuer à contrer toute ingérence étrangère, il y a « des inexactitudes dans ces fuites ». Lorsqu’on lui a demandé le lendemain d’élaborer sur ce commentaire, il a répondu : « Je soulignerai, par exemple, à propos des inexactitudes, que lorsque la conseillère en matière de sécurité nationale et de renseignement a comparu devant le comité il y a quelques semaines ou quelques mois, elle a souligné les inexactitudes contenues dans certaines de ces fuites médiatiques. »

La conseillère en matière de sécurité nationale et de renseignement Jody Thomas avait comparu devant le comité de la défense de la Chambre des communes le 8 décembre et s’était exprimée au sujet du rapport du 7 novembre 2022 de Global News sur les élections de 2019. Mme Thomas a déclaré au comité : « Nous n’avons pas vu d’argent allant aux 11 candidats, point final ».

On a demandé à Mme Thomas si elle suggérait que les allégations étaient fausses, et elle a répondu non.

« Je dis que je ne sais pas », a-t-elle dit. « Il y a un flou entre ce qui a été rapporté au premier ministre et ce qui a été rapporté dans la presse, et j’essaie donc de les différencier. »

Un comité de la Chambre des communes examine actuellement la question de l’ingérence électorale. Les partis de l’opposition ont également demandé une enquête sur la question de l’ingérence électorale. Jusqu’à présent, Trudeau a exclu la tenue d’une enquête publique.

Blanchiment d’argent

Le journaliste de Global News Sam Cooper documente les opérations de fentanyl et de blanchiment d’argent liées au PCC en Colombie-Britannique, depuis des années. Ses sources d’information provenaient de responsables canadiens et américains du renseignement et de la sécurité, frustrés par l’inaction des gouvernements à différents niveaux au Canada.

M. Cooper a fait part de ses découvertes dans un livre paru en 2021, « Wilful Blindness : How a Network of Narcos, Tycoons and CCP Agents Infiltrated the West » (Aveuglement volontaire : Comment un réseau de narcotrafiquants, de magnats et d’agents du PCC a infiltré l’Occident, ndt).

Dans son livre, M, Cooper parle des cartels transnationaux de la drogue liés au PCC et des agents chinois qui blanchissent d’énormes volumes d’argent par le biais des casinos de la Colombie-Britannique et alimentent la crise des opioïdes dans cette province. Il documente également la façon dont les agents du Front uni côtoient les politiciens canadiens, influençant leur position sur la Chine.

« Vancouver … est devenu un nœud mondial dans les efforts du Parti [communiste chinois] pour infiltrer les sociétés démocratiques par l’achat de biens immobiliers, par des efforts pour entrer dans les entreprises technologiques des nations occidentales, et par l’utilisation de magnats et d’industriels qui voyagent dans le monde entier pour jouer au Baccarat », a déclaré M. Cooper lors d’une interview passée au programme American Thought Leaders d’Epoch Times.

Manifestants avec les photos des Canadiens Michael Spavor et Michael Kovrig qui ont été arbitrairement détenus par la Chine, à Vancouver, le 6 mars 2019. (Photo par Jason Redmond / AFP via Getty Images)

« Pour les Canadiens, il est incroyable de penser qu’un sac de hockey contenant jusqu’à un million de dollars en espèces puisse entrer dans un casino pour acheter des jetons. Cela ressemble, cela sent – c’est une transaction de trafic de drogue. Cela se passe au Canada ».

Et tout cela se passait au su des autorités, a déclaré M. Cooper.

« Le gouvernement de la Colombie-Britannique savait que ces transactions avaient lieu. Il savait que les usuriers étaient des trafiquants de drogue. Ils étaient au courant de tous les crimes qui y étaient liés – le trafic d’êtres humains, la prostitution, les meurtres, l’extorsion, et ils n’ont rien fait pour les arrêter. C’est ça le scandale. »

Face à l’inquiétude croissante suscitée par ce problème, le gouvernement de la Colombie-Britannique a lancé une enquête sur le blanchiment d’argent en 2020. L’enquête, qui a publié son rapport en juin 2022, a déclaré que les politiciens auraient dû prendre davantage de mesures pour lutter contre le blanchiment d’argent dans la province, bien que le commissaire Austin Cullen ait déclaré qu’il n’avait aucune preuve pour suggérer que la corruption était impliquée.

L’avertissement de Fadden en 2010

En 2010, le directeur du CSIS de l’époque, Richard Fadden, a déclaré franchement à la chaîne CBC que certains politiciens municipaux et ministres de deux provinces étaient sous l’influence de gouvernements étrangers.

L’ancien patron du service de renseignement de sécurité canadien Richard Fadden sur une photo d’archive. (Mathew Little/The Epoch Times)

En réaction, les députés du comité de la sécurité nationale de la Chambre des communes, dominé par l’opposition, ont exigé en 2011 la démission de M. Fadden. Les députés conservateurs du comité ont publié leur propre rapport dissident disant qu’ils rejettent cette « recommandation imprudente », mais ont qualifié les commentaires de Fadden de « regrettables. »

Quelques années plus tard, en 2015, le Globe and Mail a rapporté que l’un des deux ministres provinciaux auxquels Fadden faisait référence était Michael Chan, alors ministre du gouvernement de l’Ontario. Ce dernier a intenté une action en justice à la suite du reportage du Globe.

Le gouvernement provincial de l’Ontario aurait été averti par le SCRS en 2010 de sa crainte que Michael Chan soit sous l’influence de la Chine, mais il est resté ministre.

Un autre article du Globe, publié le 13 février, indique que Trudeau et ses principaux collaborateurs ont été avertis par le SCRS qu’ils devaient être prudents dans leurs relations avec M. Chan. Le rapport indique que le SCRS a documenté les rencontres de M. Chan avec des agents de renseignement chinois présumés, ainsi que ses activités pendant les campagnes électorales fédérales de 2019 et 2021.

Epoch Times a précédemment rapporté que Michael Chan s’est exprimé contre les manifestations anti-Pékin à Hong Kong, et a fait l’éloge de la loi de sécurité nationale du régime pour la région, que le Canada et d’autres nations occidentales ont condamnée comme supprimant les libertés.

M. Chan, qui est maintenant maire adjoint de Markham, n’a pas répondu aux multiples demandes de commentaires d’Epoch Times. Il est cité dans l’article du Globe comme rejetant les allégations comme étant une cause de « xénophobie ».

L’ancien ministre ontarien Michael Chan prend la parole lors d’un rassemblement organisé pour condamner les manifestations à Hong Kong, à Markham, en Ontario, le 11 août 2019. (Yi Ling/The Epoch Times)

En 2019, le maire de Port Coquitlam, en Colombie-Britannique, Brad West, et une poignée d’autres politiciens municipaux de la province se sont vivement opposés à ce que l’Union des municipalités de la Colombie-Britannique (UBCM) accepte un don du consulat chinois pour son congrès annuel. Cette affaire s’est déroulée alors que la Chine détenait les citoyens canadiens Michael Kovrig et Michael Spavor derrière les barreaux en représailles à la détention de Meng Wanzhou, cadre de Huawei, au Canada, et que le PCC poursuivait ses violations des droits de l’homme et son comportement agressif sur la scène mondiale.

Dans une interview précédente avec Epoch Times, Brad West a cité les remarques de Fadden en 2010 à la CBC selon lesquelles « il y a plusieurs politiciens municipaux en Colombie-Britannique et dans au moins deux provinces, il y a des ministres de la Couronne qui, selon nous, sont sous l’influence au moins d’un gouvernement étranger. »

L’UBCM a finalement voté pour mettre fin au parrainage étranger des réceptions lors des congrès plus tard en 2019.

Le rapport Sidewinder

Dans un rapport conjoint de 1997, la GRC et le SCRS ont exposé leurs conclusions sur les opérations d’infiltration et d’influence de la Chine au Canada.

Le rapport, qui a fait l’objet d’une fuite dans les médias, détaillait comment les agences de renseignement chinois, les riches hommes d’affaires et les gangs de triades travaillaient en étroite collaboration pour mener des opérations d’espionnage au Canada et accroître l’influence de Pékin.

« Le ChIS [service de renseignement chinois] utilise très activement son accès aux industries canadiennes par le biais d’échanges de spécialistes et d’étudiants, et crée également des sociétés-écrans pour poursuivre son acquisition de renseignements économiques et technologiques », indique le rapport.

« En utilisant ces alliances, le gouvernement chinois tente de gagner en influence sur la politique canadienne en maximisant leur présence sur certains leviers économiques du pays. »

Le rapport ajoute que les entrepreneurs chinois ont acquis d’importantes propriétés immobilières ainsi que de nombreuses entreprises commerciales, sur lesquelles Pékin s’appuie pour influencer les politiciens canadiens.

« En achetant d’importants biens immobiliers et en créant des entreprises au Canada, la Chine a obtenu un accès à des personnalités influentes qui sont aujourd’hui ou ont été actives à divers niveaux de la société canadienne », indique le rapport.

Le rapport a toutefois été rejeté par le Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité, l’organisme gouvernemental qui supervisait les opérations du SCRS à l’époque. Dans une publication datant de 2000, l’organisme a déclaré qu’il n’avait « trouvé aucune preuve de l’existence d’une menace substantielle et immédiate », comme l’indiquait le rapport.

Noé Chartier et Andrew Chen ont contribué à cet article.

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