Quelques semaines avant l’invasion de l’Ukraine par Moscou le dirigeant chinois Xi Jinping s’est explicitement positionner en partenaire et ami de Vladimir Poutine. Aujourd’hui, alors que le conflit s’enlise face à une forte résistance ukrainienne et retient l’attention de l’ensemble de la communauté internationale, Xi Jinping semble prendre du recul avec cet engagement initial et approuver les efforts des chefs d’État européens pour rétablir la paix.
C’est ce qu’affirme le milliardaire philanthrope George Soros, 91 ans, exposant son point de vue sur la crise dans un article d’opinion publié le 11 mars.
« L’invasion de l’Ukraine par la Russie survenue le 24 février a marqué le début d’une troisième guerre mondiale qui pourrait détruire notre civilisation », écrit Soros.
Dans son éditorial, Soros confronte la position actuelle de Xi Jinping à celle du 4 février, lorsqu’il rencontrait Vladimir Poutine le jour de l’ouverture des Jeux olympiques.
Au terme de cette rencontre, une déclaration de 5 000 mots était publiée, annonçant un partenariat « sans limites » entre la Russie et la Chine.
« Le document est plus robuste que n’importe quel traité et a dû nécessiter un travail de négociation détaillé au préalable », suggère Soros. Il est surprenant que Xi ait pu accorder un soutien inconditionnel aux desseins de la Russie en Ukraine, ou, comme le dit Soros, donner « carte blanche » pour envahir et occuper le pays.
Selon le milliardaire, ce soutien a enhardi Poutine, un dirigeant qui, à l’approche de ses 70 ans, ressent le besoin croissant de laisser son empreinte dans l’histoire.
« Après avoir obtenu le soutien de Xi, Poutine a entrepris de réaliser le projet de sa vie avec une brutalité incroyable. »
Les développements plus récents en Ukraine, où la résistance à l’invasion est plus féroce et plus déterminée que certains ne le pensaient, et où le soutien à la Russie est sensiblement plus faible que ne le supposait Poutine, ont incité Xi à réévaluer sa position.
« Xi semble avoir compris que Poutine a perdu tous scrupules. »
Le 7 mars, le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a déclaré que l’amitié entre la Russie et la Chine était toujours « solide comme le roc », mais le lendemain, Xi a appelé le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz pour exprimer son soutien à leurs efforts de paix. Soros rappelle qu’il a prôné la retenue. Depuis l’invasion, Macron et Scholz ont passé de nombreuses heures au téléphone avec Poutine pour tenter de trouver une solution au conflit.
« Il est loin d’être certain que Poutine accède aux souhaits de Xi. Nous pouvons seulement espérer que Poutine et Xi seront écartés du pouvoir avant qu’ils ne puissent détruire notre civilisation », a conclu Soros.
Au début de l’année, Soros a exprimé son point de vue concernant le tournant que prendrait l’année 2022. Il estime que le monde va basculer de manière décisive soit vers l’ouverture et la liberté, soit vers la dictature et la répression. Il a notamment pointé du doigt l’agressivité croissante du Parti communiste chinois sur la scène mondiale, associée aux problèmes intérieurs auxquels le régime est confronté.
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