Glyphosate: la France met la pression pour modifier la proposition d’autorisation de l’UE

Par Epoch Times avec AFP
11 octobre 2023 17:00 Mis à jour: 11 octobre 2023 17:07

La France a affirmé mercredi qu’elle espérait encore obtenir une modification de la proposition de la Commission européenne visant à reconduire pour dix ans l’autorisation du glyphosate dans l’UE, sans dire si elle comptait voter pour ou contre en cas d’absence de changements.

Bruxelles a proposé de renouveler jusqu’au 15 décembre 2033 l’autorisation du glyphosate, sous conditions, après le rapport d’un régulateur estimant que le niveau de risque ne justifiait pas d’interdire cet herbicide controversé. Ce texte sera soumis vendredi à un vote des États membres, qui peuvent l’adopter à la majorité qualifiée.

« Sortir du glyphosate »

« Il y a toujours des négociations qui sont en cours et la France pèse de tout son poids pour que la copie européenne puisse tenir compte des remarques françaises », a déclaré le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, mercredi devant la presse, à l’issue du Conseil des ministres. « Nous avons un objectif : sortir du glyphosate », et « nous voulons que ce soit effectif et opérationnel dès lors qu’il existe une alternative au glyphosate », a-t-il ajouté.

Il a refusé de dire quel serait le vote de la France si elle n’obtenait pas les modifications demandées. « Dès lors qu’on est en négociation et qu’on pèse pour que les termes du débat puissent être modifiés, je ne vais pas vous dire quelle serait notre réponse si nous n’y arrivions pas. On se bat pour ça aujourd’hui », a-t-il répondu. Il n’a pas non plus précisé concrètement quel texte serait acceptable pour Paris.

La secrétaire d’État chargée de la Biodiversité, Sarah El Haïry, avait prévenu fin septembre que la proposition de la Commission n’était « pas acceptable en l’état ». Le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, avait lui insisté, début octobre dans une interview au magazine La France agricole, sur la position « pas d’interdiction sans solutions ».

Interdit pour les particuliers et les collectivités en France

Le glyphosate, substance active du Roundup de Monsanto – racheté par le groupe allemand Bayer en 2018 –, très largement utilisé dans le monde, avait été classé en 2015 comme « cancérogène probable » pour les humains par le Centre international de recherche sur le cancer de l’Organisation mondiale de la santé. Son autorisation actuelle dans l’UE expire à la fin de l’année.

Emmanuel Macron s’était engagé, en 2017, à sortir du glyphosate d’ici à 2021, mais il avait reconnu en 2022 avoir commis « l’erreur » de croire la France capable de se passer seule de ce désherbant. Le gouvernement a finalement seulement restreint ses usages, l’interdisant aux particuliers et aux collectivités.

Plusieurs associations ont appelé mercredi le chef de l’État à soutenir l’interdiction de l’herbicide. M. Macron peut « soit protéger (l’) environnement et (la) santé (…), soit prendre la responsabilité de permettre sa propagation 10 ans supplémentaires dans toute l’Union européenne », ont affirmé dans un communiqué foodwatch France, Générations Futures, UFC-Que Choisir et WeMove Europe.

« Restreindre l’utilisation au niveau national » dans le cadre législatif

D’autres pays de l’UE ont exprimé de vives réticences vis-à-vis de la proposition de la Commission. En raison de divisions en interne sur le sujet, la Belgique, les Pays-Bas et l’Allemagne pourraient s’abstenir, tandis que le Luxembourg et l’Autriche ont déjà annoncé qu’ils voteraient contre la réautorisation. Pour autant, « de nombreux États membres ont salué la proposition » et si certains pays ont « préconisé des restrictions supplémentaires spécifiques », cette idée n’est pas soutenue par « une grande majorité » des États, avait déclaré la commissaire européenne à la Santé, Stella Kyriakides, la semaine dernière au Parlement européen.

Par ailleurs, « dans tous les cas, les États membres auront la possibilité de restreindre l’utilisation (…) au niveau national ou régional s’ils l’estiment nécessaire pour protéger la biodiversité », avait souligné Mme Kyriakides – dans le cadre toutefois des critères fixés par la législation européenne.

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