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Réunion de crise à l’Élysée : les forces politiques, exclus le RN et LFI, autour d’Emmanuel Macron

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(De g. à dr.) Marine Tondelier, secrétaire nationale du parti de gauche français Les Ecologistes, Fabien Roussel, secrétaire national du parti communiste français d'extrême gauche (PCF), Olivier Faure, premier secrétaire du parti socialiste français de gauche (PS), Boris Vallaud, président du groupe parlementaire Socialistes et Apparentes, Stéphane Peu, président du groupe parlementaire de la Gauche démocrate et républicaine, et Cyrielle Chatelain, présidente du groupe parlementaire Écologiste et social, arrivent au palais de l'Élysée avant une réunion avec le président français dans le cadre des négociations pour la nomination d'un nouveau premier ministre, à Paris, le 10 octobre 2025.

Photo: LUDOVIC MARIN/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 6 Min.

Emmanuel Macron a réuni ce vendredi après-midi les principaux leaders politiques français à l’Élysée dans un contexte de crise gouvernementale. Cette convocation d’urgence intervient alors que le chef de l’État doit nommer un Premier ministre face à une impasse parlementaire marquée par des vetos de toutes parts.
Les représentants de la droite, du centre et de la gauche se sont succédé dans la cour d’honneur du palais présidentiel, observant un silence médiatique inhabituel. Aucune déclaration n’a filtré à leur arrivée, signe de la gravité du moment politique.
Les absents qui font débat
Fait notable : le Rassemblement national et La France insoumise n’ont pas été invités à cette réunion. L’Élysée justifie cette exclusion par le fait que ces deux formations « ont indiqué rechercher la dissolution ». Une explication qui n’a pas convaincu Marine Le Pen, qui dénonce « une rupture avec la fonction présidentielle » et qualifie cette rencontre de « réunion de marchands de tapis ».
En pleine contre-programmation au congrès des sapeurs-pompiers du Mans, la dirigeante du RN a ironisé sur les réseaux sociaux : « Nous, c’est avec les Français que nous avons rendez-vous ! »
Un réveil brutal pour les acteurs politiques
L’invitation présidentielle est tombée vers deux heures du matin, convoquant les chefs de parti et de groupe parlementaires pour 14h30. Un timing qui illustre l’urgence de la situation. La présidence s’est contentée d’un commentaire laconique : « Cette réunion doit être un moment de responsabilité collective », laissant planer la menace d’une dissolution.
Le casse-tête du choix du Premier ministre
Depuis la démission retentissante de Sébastien Lecornu, Emmanuel Macron garde le silence. Il s’était pourtant engagé mercredi à désigner un nouveau chef de gouvernement avant vendredi soir, après deux jours de négociations visant à obtenir un accord de non-censure.
L’hypothèse Sébastien Lecornu qui divise
Le scénario d’une reconduction de Sébastien Lecornu, fidèle macroniste ayant brillé à Matignon, suscite la colère jusque dans les rangs présidentiels. Agnès Pannier-Runacher, macroniste historique, l’a clairement exprimé : « Je ne comprendrais pas qu’il y ait une renomination d’un Premier ministre macroniste ». Gabriel Attal, président de Renaissance, réclame quant à lui qu’Emmanuel Macron accepte de « partager le pouvoir ».
Une liste de prétendants incertaine
Plusieurs noms circulent dans les couloirs du pouvoir. Jean-Louis Borloo a été évoqué avec insistance, bien que son choix semble improbable. D’autres profils émergent : Bernard Cazeneuve, ancien Premier ministre socialiste, ou Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes et également issu du PS.
L’option d’un Premier ministre de gauche s’éloigne toutefois, malgré l’appel renouvelé des partis socialiste, communiste et écologiste. Manuel Bompard (LFI) a balayé cette possibilité : « La fable d’un Premier ministre de gauche n’a aucune réalité aujourd’hui ».
L’urgence budgétaire en toile de fond
Au-delà de la crise politique, l’horloge tourne. Un projet de budget doit être déposé lundi. Le Parlement disposera ensuite de 70 jours pour l’examiner, conformément à la Constitution. Ce texte, transmis le 2 octobre au Haut conseil des finances publiques, « ne sera pas parfait », avait reconnu Sébastien Lecornu mercredi.
Les lignes rouges des uns et des autres
Bruno Retailleau, président des Républicains qui a précipité la chute du gouvernement Lecornu, a annoncé vendredi qu’il ne resterait pas au ministère de l’Intérieur. Il refuse catégoriquement un Premier ministre « de gauche » ou « macroniste ».

Pour les Républicains (LR), Bruno Retailleau arrive au palais de l’Élysée avant une réunion avec Emmanuel Macron dans le cadre des négociations pour la nomination d’un nouveau premier ministre, à Paris, le 10 octobre 2025. (LUDOVIC MARIN/AFP via Getty Images)

De leur côté, les socialistes posent comme préalable à tout accord de non-censure la suspension de la réforme des retraites de 2023, dossier explosif sur lequel Emmanuel Macron est particulièrement attendu.
Les défis du président
Le chef de l’État fait face à un double défi : repousser au maximum la menace d’une censure et éviter une dissolution, même si certains de ses proches n’excluent pas la convocation de législatives anticipées en cas de nouveau blocage.
Sébastien Lecornu a recommandé que la future équipe gouvernementale soit « complètement déconnectée des ambitions présidentielles pour 2027 », des ambitions qu’il n’a jamais affichées personnellement.
Les questions restent nombreuses : la France aura-t-elle un gouvernement dès ce vendredi ou ce week-end ? Les principaux ministres seront-ils reconduits ou remplacés par des profils techniques ? Le suspense reste entier dans un pays bloqué par l’absence de majorité à l’Assemblée nationale.
Avec AFP