Équipés d’appareils haut de gamme ou de simples téléphones, une douzaine de citoyens s’efforcent de capturer les ultrasons des chauves-souris. Leur but: contrecarrer un projet d’éoliennes à Nedde.
Ils assurent qu’ils n’ont rien contre les éoliennes en général, mais refusent ce projet en particulier, qui prévoit d’installer trois machines de 150 mètres de haut, en bout de pâle, au sommet du puy de Nedde.
Ces citoyens, rassemblés au sein de l’association Énergie solidarité culture, enregistrent depuis fin juillet sur les hauteurs des monts de Nedde, afin de capturer les ultrasons émis par les chauves-souris, avec l’idée de contrarier la légitimité du projet industriel, relate Le Populaire du Centre.
Un chiroptère attire particulièrement leur attention: la grande noctule. « C’est une espèce très rare, peu étudiée et surtout protégée, qui a été repérée par l’étude environnementale du projet d’éoliennes », explique Marc Azemar, président de l’association. Principale difficulté pour les opposants: l’étude environnementale ne peut pas être consultée. « Même les élus n’ont eu accès qu’à un résumé non technique de l’étude, écrit par le promoteur (des faits démentis par ce dernier, NDLR), dans lequel tout est fait pour donner une moindre importance à la présence de grandes noctules. »
Des enregistrements à la tombée de la nuit
À défaut de pouvoir lire l’étude scientifique, les habitants effectuent leurs propres recherches. À la tombée de la nuit, une douzaine de citoyens partent en mission pour essayer de prouver que la grande noctule s’est installé à Nedde, certains avec un appareil spécifique, la majorité utilisant une application de leur smartphone, pour enregistrer des ultrasons inaudibles à l’oreille humaine. « Les animaux se déplacent beaucoup et sont difficiles à compter et identifier. Ce que l’on essaie de faire, c’est enregistrer au même moment, à différents endroits de Nedde », indique Bernard Pomaret, membre de l’association.
Ces habitants de Nedde envoient ensuite les fichiers d’enregistrement à des experts, chargés d’identifier les ultrasons. « C’est une initiative qui peut préparer le terrain à une autre étude scientifique plus professionnelle », avance Marc Azemar.
Un précédent dans le département de la Creuse
Il faut dire qu’il y a des raisons d’espérer. Dans le sud-ouest de la Creuse, un projet d’implantation d’éoliennes a été annulé en début d’année après la découverte de spécimens de la grande noctule. « Les éoliennes sont des pièges mortels pour les chauves-souris. Les pales peuvent tout d’abord être des murs pour elles, et même sans les toucher, la dépression créée par les pales est si puissante que les chiroptères peuvent imploser quand elles arrivent à proximité », souligne Gérard Tricone, référent Haute-Vienne du groupe chiroptères au Groupe mammalogique et herpétologique Limousin.
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