Hong Kong : dissolution de l’un des derniers partis d’opposition face à une « immense » pression

Par Epoch Times avec AFP
30 juin 2025 10:30 Mis à jour: 30 juin 2025 18:13

L’un des derniers partis d’opposition encore actifs à Hong Kong s’est officiellement dissous, a annoncé dimanche sa dirigeante en évoquant une « immense pression politique », alors que la Chine mène depuis plusieurs années une intense répression contre les voix dissidentes.

« Face à une pression politique immense et après mûre réflexion, notamment sur les conséquences pour nos membres et camarades, nous avons pris la difficile décision de nous dissoudre », a déclaré dans un communiqué la Ligue des Sociaux-Démocrates (LSD).

Le mouvement n’avait « pas d’autre choix »

La présidente du LSD, Chan Po-ying, a indiqué lors d’une conférence de presse que la décision de dissoudre le parti, annoncée vendredi, avait été prise à l’unanimité et que le mouvement n’avait « pas d’autre choix ».

Chan Po-ying (ctre.), leader de la Ligue des sociaux-démocrates, s’exprime lors d’une conférence de presse au siège de la Ligue à Hong Kong, le 29 juin 2025. (PETER PARKS/AFP via Getty Images

Interrogée sur d’éventuelles pressions exercées par des intermédiaires de Pékin, Chan Po-ying s’est refusée à tout commentaire.

La faction radicale du mouvement prodémocratie

La LSD, fondée en 2006, était à une époque considérée comme la faction radicale du mouvement prodémocratie à Hong Kong. Le parti a aussi critiqué les inégalités sociales et économiques dans une ville ayant parmi les plus importants écarts de richesse au monde.

A son apogée, le parti détenait trois sièges au Conseil législatif de Hong Kong. Il avait défrayé la chronique en 2008 lorsque le chef du parti de l’époque, Raymond Wong, avait jeté des bananes sur le dirigeant de Hong Kong pendant son discours de politique annuel, pour protester contre des coupes dans l’aide sociale.

Le législateur Raymond Wong (au c.) est suivi par des militants pro-démocratie du groupe Civic Passion (à g.) alors qu’il arrive lors de la commémoration de la répression de la place Tiananmen en 1989 dans le district de Tsim Sha Tsui à Hong Kong, le 4 juin 2015. (ANTHONY WALLACE/AFP via Getty Imag)

L’image de fauteuse de troubles de la LSD s’était atténuée dans les années 2010, lorsque des partis plus jeunes et plus radicaux avaient émergé pour contester la mainmise chinoise.

La loi de sécurité nationale à Hong Kong

Son déclin a commencé lorsque Pékin a imposé une loi de sécurité nationale à Hong Kong en 2020, après des manifestations prodémocratie massives l’année précédente que les dirigeants chinois ont vues comme un défi à leur pouvoir.

Tsang Kin-shing (à g.) et Chan Po-ying (à dr.), militants pro-démocratie de la Ligue des sociaux-démocrates, manifestent dans le quartier de Wan Chai à Hong Kong, le 1er octobre 2021. (ISAAC LAWRENCE/AFP via Getty Images)

La Chine et le pouvoir hongkongais ont affirmé que cette loi était nécessaire pour calmer les troubles politiques, mais pour de nombreux critiques, le texte a permis d’étouffer les dissidents et de restreindre les droits des citoyens.

« Je ne veux pas nourrir de faux espoirs »

« Je ne crois pas que Hong Kong évoluera vers un système démocratique dans un avenir proche. Je ne veux pas nourrir de faux espoirs », a déclaré dimanche la présidente du LSD, indiquant avoir perdu foi dans le cadre du « Un pays, deux systèmes » qui avait régulé la rétrocession de l’ancienne colonie britannique à la Chine en 1997.

Six membres du parti ont été emprisonnés au cours des cinq dernières années, selon la LSD.

Un appel à « essayer d’exercer ses droits de citoyen »

Elle a appelé la population « d’un côté à survivre et de l’autre à essayer d’exercer ses droits de citoyen ».

Le vice-président de la LSD, Dickson Chau, a pour sa part indiqué que certains passants lui manifestaient de petits signes de soutien, comme lui adresser un signe de tête amical ou lui offrir une boisson.

(de g. à dr.) Jimmy Sham Tsz-kit, Raphael Wong Ho-ming et Dickson Chau Ka-faat tiennent des roses lors d’une conférence de presse le 29 juin 2025 à Hong Kong, Chine. (Anthony Kwan/Getty Images)

La peur permanente d’une arrestation ou d’une perquisition

Mais des années de pression politique ont eu un impact sur sa vie personnelle, a-t-il dit à l’AFP. « Ces quatre dernières années, je me suis constamment inquiété que quelqu’un (vienne frapper) à ma porte pour m’arrêter ou perquisitionner chez moi », a-t-il confié.

Le LSD est l’un des derniers grands partis d’opposition en date à disparaître. Le parti civique a cessé ses activités en 2023 et le parti démocrate a entamé en février un processus de dissolution.

Le Conseil législatif de Hong Kong ne compte désormais plus aucun opposant depuis que les autorités ont modifié les règles électorales en 2021 afin que seuls les « patriotes » puissent y occuper un siège.

Une marque de plus pour la répression menée à Hong Kong par la Chine

Pour Maya Wang, de l’ONG de défense des droits humains Human Rights Watch, la dissolution de la LSD montre le niveau de la répression menée à Hong Kong par la Chine.

Selon Fernando Cheung, le porte-parole d’Amnesty International Hong Kong Overseas, la dissolution du LSD « vient souligner la quasi-élimination des partis politiques pan-démocratiques et des organisations de la société civile de Hong Kong ».

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