Hong Kong : un élan de solidarité après l’incendie meurtrier qui a fait 55 morts
Kwok, une Hongkongaise de 69 ans, parcourt les réseaux sociaux au pied des tours encore fumantes d’un complexe résidentiel ravagé par un incendie meurtrier. La veille, elle a sauvé sa voisine des flammes, mais s’inquiète toujours pour ceux dont elle est sans nouvelles.

Des flammes et une épaisse fumée s’élèvent alors qu’un incendie majeur ravage plusieurs immeubles du complexe Wang Fuk Court, dans le district de Tai Po à Hong Kong, le 26 novembre 2025.
Photo: Yan ZHAO / AFP via Getty Images
La métropole asiatique, haut lieu de la finance internationale, s’est réveillée sous le choc du sinistre, le pire incendie qu’elle ait connu depuis des décennies.
Un brasier dévastateur à Tai Po
Au moins 55 personnes ont péri dans le brasier de Wang Fuk Court, un ensemble de huit immeubles de 31 étages en cours de rénovation, où les échafaudages en bambou et les matériaux synthétiques ont accéléré la propagation des flammes. Des dizaines, voire des centaines de personnes étaient encore portées disparues jeudi matin. Comme d’autres sinistrés, Kwok, retraitée, livre un récit fait d’épreuve, de solidarité et d’angoisse.
Mercredi, elle a « vu les flammes arriver, elles étaient rouges et mon cœur brûlait aussi », dit-elle. Elle s’est précipitée pour frapper aux portes de ses voisins et donner l’alerte. À aucun moment, elle n’a entendu retentir une alarme, relate-t-elle. Son propre appartement a été ravagé par le sinistre.
Elle se souvient alors d’une voisine âgée en chaise roulante et se rue chez elle pour l’évacuer. Elle la met à l’abri avant que l’incendie n’engloutisse leur résidence. Aux premières heures du jour, alors que le feu déclinait mais continuait à sévir, des groupes se sont formés dans les rues et les parcs du quartier de Tai Po pour observer les dégâts. Beaucoup disent avoir passé une nuit blanche.
Une solidarité spontanée et organisée
Les habitants se sont organisés en groupes de discussion WhatsApp pour rester en contact les uns avec les autres, raconte Kwok. « Il y a au moins trois personnes que nous n’arrivons pas à joindre, nous sommes très inquiets, et je vais me rendre au centre communautaire plus tard pour poursuivre les recherches », dit-elle.
Comme elle, de nombreux habitants du quartier, sinistrés ou non, se sont mis au service des autres, suscitant une organisation d’entraide spontanée et dynamique. Ils ont fait circuler un tableur en ligne qui s’est rapidement transformé en une application performante permettant à chacun de signaler qu’il était en sécurité. Des dizaines de noms restaient surlignés en rouge jeudi matin, signe que ces personnes avaient besoin d’aide.
Mme Leung, 70 ans, qui habite près de Wang Fuk Court, se dit « très inquiète » pour une amie qui vit dans l’un des immeubles dévorés par le feu. « J’ai essayé de l’appeler plusieurs fois, mais sans succès », confie Mme Leung, qui fait partie des personnes évacuées par précaution et qui a passé la nuit dans un abri temporaire. « Je suis rentrée à cinq heures du matin parce que je n’arrivais pas à dormir », dit-elle en se joignant à la foule qui observe l’incendie, dans les persistantes odeurs de fumée.
Une ville meurtrie mais mobilisée
Des volontaires ont distribué des bananes et des boissons énergisantes aux pompiers, et ont fourni des vêtements, des chargeurs, de la nourriture et des bouillottes aux personnes déplacées. Près des lieux de l’incendie, sur une estrade habituellement prisée par les personnes âgées pour se détendre l’après-midi, des dizaines de personnes trient les dons de vêtements.
Une étudiante de 24 ans, Mme Zhang, a fait plus d’une heure de train pour venir prêter main-forte. « Je me sentais très mal » en entendant les informations, dit-elle en pliant des vêtements. « Avoir une personne de plus pour aider, c’est toujours mieux. Peut-être que cela apaisera ma peine ».

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