Inflation : le Parti communiste français appelle à « envahir les préfectures si nécessaire »

Par Etienne Fauchaire
15 septembre 2023 09:04 Mis à jour: 15 septembre 2023 09:04

Le secrétaire national du Parti communiste français (PCF), Fabien Roussel, a incité mercredi 13 septembre dans l’Humanité la population à se rassembler devant les préfectures, et « les envahir, même, si nécessaire », pour appeler l’État à « agir tout de suite » contre la flambée des prix de l’alimentation, de l’énergie et des carburants : « On ne peut pas se laisser plumer, racketter, voler sans rien dire », a-t-il justifié.

« Oui, nous appelons à envahir les préfectures »

Selon l’homme politique, les grandes multinationales de l’agroalimentaire sont responsables de 45% de l’inflation, dont elles profitent, tandis que la hausse des prix de l’électricité et du gaz découle du marché spéculatif européen, qui impose des tarifs dix fois supérieurs à ceux qui pourraient être appliqués si la France se trouvait hors de ce mécanisme. En outre, il reproche à l’État de ne pas baisser les 60% de taxation sur le prix de l’essence dans un contexte d’envolée des coûts des carburants. Autant d’éléments suffisants à ses yeux pour appeler à la mobilisation en vue de « réveiller les services de l’État » : « Que cela remonte jusqu’à Macron et qu’il entende de ses deux oreilles, pas que de l’oreille droite. Qu’il entende qu’on n’en peut plus et qu’on va se rebeller. »

Des propos qui ont fait polémique, mais Fabien Roussel persiste et signe ce jeudi matin sur France info. « C’est comme de la légitime défense : on se fait attaquer, racketter, voler et on ne devrait rien dire », s’est-il insurgé. Et de poursuivre : « Bruno Le Maire, cela fait un an qu’il demande à ce que les salaires augmentent, cela fait un an qu’il demande à ce que l’industrie baisse les prix. La réalité, c’est que ça ne marche pas », a taclé le patron du PCF, enjoignant le gouvernement à prendre des « mesures concrètes » pour « bloquer les prix » et « rendre du pouvoir d’achat aux Français » : « Si tout cela n’est pas fait dans les semaines qui viennent, oui, nous appelons à envahir les stations-essence, les grandes surfaces, les préfectures, parce que l’État est responsable », a-t-il menacé. « Je ne supporte plus un président de la République qui dit l’État ne peut pas tout, l’État est impuissant, l’État ne peut pas faire ». « Quand j’appelle à la mobilisation, c’est parce que je sens qu’il y a une exaspération forte chez nos concitoyens et qu’il peut y avoir demain des irruptions de la faim », a-t-il spéculé.

La revanche de Mélenchon

Bien qu’il soit lui-même accusé d’avoir soufflé sur les braises au moment des émeutes de juillet, Jean-Luc Mélenchon est venu couper l’herbe sous le pied du chef communiste : « Fabien Roussel appelle à envahir les préfectures. Cette initiative violente est purement personnelle. Elle n’a été discutée nulle part, pas même au PCF », écrit sur X (ex-Twitter) le patron de la France insoumise. « Je crois donc qu’il ne serait pas raisonnable de s’y associer compte tenu de la violence qu’elle supposerait dans cette impréparation totale », tacle encore le triple candidat à l’élection présidentielle, ciblant à la fois l’objectif et la méthode du député du Nord.

Un message incisif qui s’inscrit dans la continuité de la guerre à distance que se mènent les deux responsables d’extrême gauche. Une désolidarisation qui sonne aussi comme une réponse directe aux critiques faites par Fabien Roussel à Jean-Luc Mélenchon lors des violences urbaines dans le sillage de la mort de Nahel. Durant les événements, le député du Nord accusait LFI — de concert avec la majorité macroniste et la droite — d’avoir « légitimé » les pillages et saccages. « Je me désolidarise totalement des propos de Jean-Luc Mélenchon et de certains de ses députés qui ont refusé d’appeler au calme », insistait-il, affirmant vouloir incarner une gauche « qui ne cède rien aux valeurs de notre République, qui défend la justice et la sécurité, mais aussi l’ordre et la sécurité ».

Pour autant, cette prise de position de Jean-Luc Mélenchon n’a pas manqué de faire sourire sur les réseaux sociaux. « La définition du culot », a par exemple commenté Juliette Briens, journaliste chez L’Incorrect. « En tout cas ça marche bien cette histoire de Nupes, y a une bonne entente entre tout le monde, c’est pas du tout le bordel », a ironisé pour sa part le compte du dessinateur Marsault.

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