Ivan Rioufol : « Nombre de dissidents de l’ordre sanitaire d’hier se voient encore en résistants, alors qu’ils épousent le large conformisme médiatique anti-israélien »

Par Etienne Fauchaire
28 juin 2025 08:47 Mis à jour: 28 juin 2025 08:47

ENTRETIEN – S’ils se réclament encore de la « résistance », Ivan Rioufol les voit désormais comme des suiveurs. À ses yeux, nombre de ces anciens « dissidents » qui dénonçaient hier l’hystérie sanitaire épousent aujourd’hui, avec la même ferveur, un conformisme anti-israélien devenu hégémonique, des marches du Festival de Cannes aux rédactions de Libération, du Monde et de France Télévisions, de Jean-Luc Mélenchon jusqu’à Emmanuel Macron. Dans cet entretien, le journaliste fustige également une asymétrie diplomatique du président face à l’Iran, un aveuglement face à l’islam conquérant et un pacifisme de façade de figures politiques qui, sous couvert d’humanisme, « se rendent complices d’un islam toujours plus intimidant ».

Epoch Times : Dans la nuit du 21 au 22 juin, les États-Unis ont bombardé les installations d’enrichissement d’uranium de Fordo, Natanz et Ispahan dans le cadre de l’opération «Midnight Hammer». Quel est votre regard sur cette intervention américaine ? 

Ivan Rioufol : Je me suis réjoui de voir la force réhabilitée comme une vertu lorsqu’elle vise à rétablir une justice. Je n’ai jamais été convaincu par l’apologie du soft power, ligne de conduite d’une Europe trop souvent mollassonne et, à certaines périodes, des États-Unis eux-mêmes, à l’heure même où des démocraties comme Israël font face à des menaces existentielles de la part d’adversaires qui ne comprennent que le langage de la puissance, sinon de la violence.

Un cessez-le-feu obtenu au forceps par les États-Unis est entré en vigueur mardi, mettant fin à la « guerre de douze jours », comme l’a baptisée Trump. Une bonne nouvelle pour vous ? 

À mes yeux, ce cessez-le-feu prématuré offre aux mollahs des gages de victoire trop confortables. Ils s’en sont d’ailleurs félicités, se vantant d’avoir remporté la guerre, au grand désespoir d’une large part du peuple iranien, et des Iraniennes en particulier, qui avaient placé leurs espoirs dans une possible déstabilisation de ce régime théocratique et apocalyptique.

Peut-être reflète-t-il la volonté de Donald Trump de laisser au peuple iranien le soin de décider de son propre destin. Ou peut-être répond-il moins à une logique strictement militaire qu’à une stratégie politique, dictée par le souci de se positionner, aux yeux de l’opinion publique, en artisan de la paix.

La question d’un changement de régime pour mettre fin au pouvoir des mollahs a été omniprésente dans le débat public outre-Atlantique. Les voix qui s’y sont opposées ont invoqué l’échec de l’intervention militaire en Irak en 2003. Partagez-vous cette analyse ? 

Les exemples comme l’Irak donnent effectivement raison à ceux qui affirment qu’on ne peut pas imposer la démocratie par la force des baïonnettes, car, comme le disait Talleyrand, « on peut tout faire avec une baïonnette, sauf s’asseoir dessus ». Croire que le peuple irakien serait culturellement disposé à vivre en démocratie a donc été une erreur d’analyse des néoconservateurs en 2003. Je l’ai commise également.

Toutefois, il existe un contre-argument de poids : des pays comme l’Allemagne nazie et ses alliés, le Japon impérial et l’Italie fasciste, sont bel et bien devenus des régimes démocratiques fonctionnels après avoir été défaits militairement. Dans ces cas-là, la force des armes a été le prélude à une transformation politique durable.

Aujourd’hui, j’ai la faiblesse de croire que le peuple iranien, fort d’une civilisation vieille de plus de 3 000 ans et soumis à la dictature islamique seulement depuis 1979, possède, à la différence de certains de ses voisins arabes, un niveau d’éducation, un héritage littéraire et une profondeur culturelle suffisants pour qu’un basculement démocratique ne soit pas une illusion, comme cela a pu l’être en Irak.

Ce n’est manifestement pas la position d’Emmanuel Macron. À l’image de sa politique vis-à-vis de l’Algérie, il s’est vu reprocher à droite d’avoir multiplié les appels à l’apaisement entre Israël et l’Iran. Une posture qui contraste avec la posture de confrontation qu’il a entendu projeter face à la Russie notamment dans le cadre de la guerre en Ukraine. Comment analysez-vous cette asymétrie dans l’attitude du président ? 

Emmanuel Macron adopte un ton vindicatif et résolument belliqueux à l’égard de la Russie, dans une guerre que l’Ukraine, objectivement, a déjà perdue. En prenant le parti de la prolongation d’un conflit devenu sans issue, il prend la responsabilité de morts inutiles, au nom, me semble-t-il, de cette ambition égotique de se forger une stature churchillienne qui, en réalité, ne lui correspond ni par l’histoire, ni par l’étoffe.

À cette posture de hard power face à Moscou répond, de manière schizophrénique, une attitude capitularde de soft power vis-à-vis de Téhéran. Le président attise les feux en Ukraine face à la Russie, mais a réclamé, pour l’Iran, de la « retenue », un « cessez-le-feu » et un maintien de la mollarchie.

Cette contradiction s’explique, selon moi, par une soumission à la « rue arabe » : autrement dit, à une réalité démographique française dans laquelle la population arabo-musulmane représente désormais un poids politique considérable.

On assiste à la mélenchonisation du macronisme : un renoncement à penser en termes de lutte contre les totalitarismes au profit d’une politique d’accommodement à l’égard du communautarisme islamique.

Sur X, vous avez été vivement pris à partie pour vos positions sur le conflit israélo-palestinien et sur cette guerre de 12 jours. Bon nombre de vos détracteurs d’aujourd’hui figuraient pourtant, hier encore, parmi ceux qui partageaient largement vos analyses sur la crise du Covid-19, puis sur la guerre en Ukraine. Comment analysez-vous cette dissension ? 

J’ai été surpris et déçu par la virulence des attaques dont j’ai été la cible de la part de personnes avec lesquelles je partageais, durant la crise du Covid, un même combat. À cette époque, nous étions unis dans un refus commun : celui de céder au totalitarisme sanitaire, qui imposait un discours unique, étouffait les libertés fondamentales, marginalisait les voix dissidentes et instaurait, en somme, un régime de surveillance d’inspiration chinoise.

Les défenseurs de cette tyrannie hygiéniste tentaient alors de discréditer ce mouvement de liberté en lui accolant les étiquettes infamantes de « complotisme » ou d’« antisémitisme ». Je considérais alors ces accusations comme injustes, infondées, hors de propos.

Mais je découvre, effaré, que certains de ceux qui combattaient hier l’ordre liberticide et l’hystérie sanitaire sont bel et bien ce qu’ils niaient être : des complotistes et des antisémites. Leur grille de lecture politique est structurée par une haine viscérale d’Israël. Ils sont devenus à leur tour hystériquement antisionistes.

Vos détracteurs vous accusent d’interpréter leurs prises de position comme dictées par une « haine d’Israël », alors qu’ils affirment s’opposer à une politique qu’ils jugent belliqueuse, tournée vers la guerre plutôt que vers la paix.  

Il s’agit bien de haine. Elle s’observe, par exemple, par un déni de faits élémentaires dans leurs raisonnements, à commencer par celui-ci : la guerre actuelle dans la bande de Gaza a été déclenchée par les massacres du 7 octobre, perpétrés par les terroristes islamistes du Hamas.

Ce même totalitarisme que nous dénoncions hier dans l’idéologie sanitaire ne se trouve pas aujourd’hui en Israël, qui répond à un pogrom, mais dans l’idéologie islamiste, suprémaciste et génocidaire, puisqu’elle appelle ouvertement à l’éradication d’un peuple. Il suffit de lire la charte fondatrice du Hamas (1988), sourates du Coran à l’appui, pour mesurer l’illusion d’une paix avec cette organisation djihadiste : « Un Juif se cache derrière moi, viens et tue-le. »

Mais ceux avec qui je partageais autrefois certains combats refusent aujourd’hui de voir les menaces existentielles qui pèsent sur Israël, un État encerclé de régimes et de milices islamiques foncièrement hostiles. Au lieu de cela, ils en appellent à une paix abstraite et illusoire, avec des agresseurs qui ne veulent pas la coexistence, mais l’anéantissement. Et quoi qu’il advienne, Israël est toujours à leurs yeux, d’une manière ou d’une autre, coupable de se défendre.

Ces personnes que je tenais jadis pour honorables en sont désormais venues à souhaiter l’échec de l’intervention israélienne et américaine contre le régime des mollahs. Cela, au nom d’une critique parfois légitime de la conduite de la guerre à Gaza.

S’il est normal d’interroger la brutalité d’une riposte, je ne peux accepter que cette indignation serve de tremplin à une complicité tacite avec un régime islamiste et totalitaire, qui détient des otages français, torture ses opposants, voile de force ses femmes et finance le terrorisme international. Arrive un temps où il faut choisir son camp. Entre une démocratie et une dictature islamiste, j’ai fait mon choix.

Pourquoi employez-vous le terme de « complotisme » à leur endroit ? 

Je suis très économe de cette accusation galvaudée et le plus souvent ridicule. Mais en l’occurrence, j’observe que mes détracteurs voient des complots juifs partout. Leur antisionisme irraisonné est devenu un prisme idéologique déformant. Toute analyse géopolitique ou stratégique sérieuse est écartée, au profit d’extrapolations délirantes visant à hitlériser Nétanyahou et à nazifier Israël.

Ils me rappellent le complotisme décomplexé de Jean-Luc Mélenchon. Souvenez-vous : en 2021, sur France Inter, il prophétisait « un grave incident ou un meurtre » durant la dernière semaine de campagne présidentielle, destiné selon lui à « inventer une guerre civile » et à « montrer du doigt les musulmans ».

Il se basait sur les attentats de Mohammed Merah (2012) et celui des Champs-Élysées (2017) comme s’ils relevaient d’une machination électorale orchestrée en amont des élections. Aucun journaliste sur le plateau ne jugea d’ailleurs utile de l’interroger sur ce déni pur et simple de l’existence du djihadisme.

Selon certains de vos détracteurs, les sionistes chercheraient, en plus d’opposer juifs et musulmans au Proche-Orient, à dresser musulmans et non-musulmans les uns contre les autres en Occident, dans une logique de division et de conflits, plutôt que de promouvoir la coexistence, la paix et l’harmonie. 

Ce discours de gauche fait écran au vrai péril qui menace la France et l’Occident : celui d’une subversion culturelle, idéologique et démographique. Une dynamique rendue possible par une immigration de masse imposée qui, hormis des réussites individuelles dans l’intégration, charrie avec elle non seulement des mœurs incompatibles, mais aussi, trop souvent, une hostilité revancharde à l’égard du monde occidental.

À ceux qui veulent voir dans l’islamisme une réaction de ressentiment contre l’interventionnisme occidental ou le conflit israélo-palestinien, il faut rappeler que l’islam nourrit, depuis ses débuts, des ambitions conquérantes à l’égard de l’Europe. La conquête, l’expansion, la soumission des infidèles ne sont pas des dérives marginales, mais des constantes d’un projet religieux.

Car islam signifie aussi soumission, et la paix n’y est envisagée que dans la mesure où les infidèles acceptent leur statut de dhimmis. Le sabre a toujours été l’instrument de la « Pax Islamica ». Il suffit de regarder comment, historiquement, les non-musulmans ont été traités en terre d’islam pour en mesurer les implications.

Et pourtant, depuis quarante ans, les élites mondialistes occidentales, prosternées devant le totem du multiculturalisme, bercent les peuples d’illusions. Elles répètent inlassablement le mantra d’un islam forcément « religion de paix et de tolérance », sans jamais interroger ce que signifie, dans la doctrine islamique, le mot même de « paix ».

Certains des opposants aux mesures sanitaires avancent que soutenir Israël, c’est soutenir un État criminel qui s’inspire du régime nazi. Que cela vous inspire-t-il ? 

Pour la pensée mondaine, qui tient salon sur la chaîne publique, rien n’est plus banal que de nazifier la démocratie israélienne et de relativiser le génocide des Juifs : la gauche antisioniste le martèle, sans rappeler que le Hamas est une organisation djihadiste, héritière directe de l’islamisme du grand mufti de Jérusalem, Amin al-Husseini, allié d’Hitler pendant la Seconde Guerre mondiale, qui alla jusqu’à former une division de Waffen SS musulmane.

Aux côtés de Jean-Luc Mélenchon, d’Emmanuel Macron, de France Inter ou de Libération, nombre d’anciens dissidents de l’ordre sanitaire d’hier marchent aujourd’hui main dans la main contre Israël. Ils se croient encore résistants, alors qu’ils ont rejoint le parti-pris anti-israélien devenu quasi religieux dans bien des cercles médiatiques.

S’agit-il d’un aveuglement volontaire ? D’un opportunisme cynique avec ce qu’ils pressentent comme le nouvel ordre dominant ? Quelle qu’en soit la cause, je les vois désormais comme de petits collabos. Leur discours de meute est l’antithèse exacte du courage dont ils firent preuve face à la propagande sanitaire.

Car aujourd’hui, rien n’est plus confortable, plus consensuel, plus applaudi, que d’accuser Israël avec les mots mêmes des ayatollahs hallucinés de Téhéran, qui rêvent, depuis 1979, d’anéantir « l’entité sioniste génocidaire ».

Quant à moi, je continuerai à défendre le droit des nations à exister et à se défendre lorsque leur existence est menacée par des idéologies totalitaires. Je le défends pour le peuple israélien, comme je le défends pour le peuple français.

Face à l’immigration de masse et à la montée de l’islamisme, vous écrivez depuis de nombreuses années que la France gagnerait à s’inspirer d’Israël. En quoi ce modèle vous semble-t-il pertinent ? 

Israël est, pour nous, un exemple. L’exemple d’une petite nation qui, encerclée par des ennemis jurant sa disparition, refuse de plier, choisit de résister et assume, sans complexe, la défense de son identité. Lorsqu’un peuple décide de vivre, de survivre, il n’a d’autre choix que de se défendre contre ceux qui ont, eux, décidé de l’anéantir.

C’est pourquoi toute mon admiration va à Israël. Cela ne signifie pas que l’on doive suspendre tout esprit critique à l’égard de sa politique ou de ses dirigeants. Il est légitime que des critiques puissent être exprimées à l’égard de la conduite de Benjamin Netanyahou dans la guerre dans la bande de Gaza. Mais c’est un autre débat.

Car à la différence des régimes totalitaires qui l’assaillent, Israël est une démocratie : ses dirigeants sont élus, contestés, et peuvent être sanctionnés. Rappelons que l’ancien président Moshe Katsav et que l’ancien Premier ministre Ehud Olmert ont été condamnés en justice et emprisonnés. En Israël, le débat existe, il y a des députés arabes, le pouvoir n’est pas absolu.

Dès lors, si l’on accepte qu’une démocratie menacée par un totalitarisme mérite d’être défendue, alors Israël doit être défendu. Non pas aveuglément, mais fondamentalement.

J’ajoute que la France et Israël partagent une même communauté de destin. Ce sont deux vieilles nations, deux héritières d’un legs millénaire. La France, fille de Rome et d’Athènes, détient également un héritage judéo-chrétien. Il suffit, pour s’en convaincre, de lever les yeux à l’entrée de Notre-Dame de Paris : au-dessus du portail central du Jugement dernier se dressent les vingt-huit statues des rois d’Israël. Elles rappellent que le christianisme tient ses également racines dans le judaïsme, et que la figure même de Jésus s’inscrit dans cette filiation hébraïque.

À ce titre, la solidarité entre la France et Israël n’est pas seulement stratégique. Elle est civilisationnelle.

L’ancien Premier ministre Dominique de Villepin a annoncé, lundi, la création de son propre parti baptisé La France humaniste. Dans une tribune publiée dans Causeur, vous appelez à la méfiance face aux « humanistes » autoproclamés. Pourquoi estimez-vous que « rien ne distingue plus Villepin de l’extrême gauche » ?

Sur l’hypocrisie de certains humanistes, je me contente d’un constat : cet « humanisme », lorsqu’il est brandi comme un étendard de bonne conscience, sert trop souvent de paravent commode à une série de renoncements face à l’islam politique.

Mélenchon, Juppé, Raffarin… Tous ces beaux esprits invoquent l’humanisme chaque fois qu’il s’agit de céder, d’accommoder, de transiger avec un islam qui ne dissimule ni ses visées hégémoniques ni son mépris profond pour l’Europe. Dominique de Villepin s’inscrit pleinement dans cette lignée.

Il incarne cette élite politique qui, au fond, ne fait plus qu’anticiper et gérer la disparition programmée de la France millénaire, cette France charnelle, enracinée dans son histoire, sa culture, sa langue, sa terre. Et loin de s’en alarmer, il semble s’en féliciter.

Pour prendre la mesure de son état d’esprit, il suffit de relire ce qu’il écrivait en 2005 : « L’islam a toute sa place en Europe, d’ores et déjà, et davantage encore dans l’avenir. » Et de l’entendre affirmer, cette fois, au Sénat : « La dimension islamique fait partie intégrante de l’Europe. […] Les musulmans européens, authentiques passeurs de culture, représentent une chance que nos sociétés doivent saisir pour se projeter dans l’avenir. »

Mélenchon et de Villepin sont donc à vos yeux les deux facettes d’une même médaille. 

Même s’il emprunte des manières plus policées que Jean-Luc Mélenchon, Dominique de Villepin lui ressemble rigoureusement en bien des points : dans sa célébration d’une société ouverte, multiculturelle, métissée et islamisée. Sous couvert de pacifisme et de coexistence, il épouse docilement les codes du politiquement correct contemporain et se rend complice d’un islam toujours plus intimidant.

Là où l’on attendrait d’un ancien chef de gouvernement une parole lucide sur la montée de l’islamisme, Villepin préfère s’enferrer dans la dénonciation de ce qu’il appelle la « dérive identitaire » et ne trouve même pas anormal que des petites filles portent le voile islamique. Il a donc acté, en silence, la fin de toute résistance face à l’islam politique.

Et pour habiller cette reddition, il ose convoquer l’héritage gaullien, alors même qu’il trahit l’esprit de résistance. Villepin abuse à mes yeux de la mémoire du discours de 2003 à l’ONU, de l’image du Premier ministre de Jacques Chirac, auréolé d’un certain prestige.

Si l’on considère que la mission première d’un homme d’État est de défendre son pays face à l’envahisseur, Dominique de Villepin est donc, de ce point de vue, un traitre. Il est un homme qui ne sert plus la France : il est désormais un dhimmi volontaire.

Lors de la primaire démocrate pour la mairie de New York, Zohran Mamdani est arrivé mardi en tête. Dans une ville acquise de longue date à son parti, son élection en novembre ne fait guère de doute. Ce candidat musulman d’extrême gauche milite pour l’abolition progressive des prisons, plaide avec ferveur pour le définancement de la police, et reprend à son compte des slogans comme « globalize the intifada ». Sa victoire a été saluée publiquement par l’ancien président Bill Clinton. Que vous inspire ce soutien ? 

C’est là une parfaite illustration de ce que j’appelle la pensée mondaine en quête de vertu : cette posture morale convenue, qui, sous couvert de défendre les minorités, se montre prête aux concessions les plus absurdes, jusqu’à soutenir l’élection d’un candidat musulman appelant ouvertement à « l’intifada ».

Marcel Aymé dénonçait déjà, dans Le Confort intellectuel (1949), le penchant du bourgeois progressiste pour les idéologies les plus délirantes. Le chercheur Bob Henderson parle aujourd’hui de croyances de luxe : des convictions ostentatoires adoptées moins par conviction que par désir de distinction sociale. Elles expriment chez certaines élites déculturées un besoin narcissique d’afficher leur supériorité morale à travers l’adhésion à des dogmes manichéens, parfaitement déconnectés du réel.

Le wokisme n’est, dans cette perspective, que le dernier avatar de cette dérive : un totalitarisme soft, promu par une élite bien-pensante aux idées floues, qui a perdu à la fois le sens des mots et celui des faits.

Cette pensée mondaine irrigue l’ensemble de la gauche américaine, mais aussi de larges pans de la gauche française, jusqu’au sein même de certaines institutions représentatives du judaïsme communautaire. Comme aux États-Unis, de nombreux progressistes juifs refusent d’ailleurs de voir que les forces politiques auxquelles ils restent attachés alimentent des courants qui favorisent le retour d’un antisémitisme désormais décomplexé. Cette pensée élitiste, qui se donne les apparences de la vertu, est en fin de compte dangereusement idiote.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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