« Je ne serai pas le Premier ministre qui fera une passation de pouvoir avec Jordan Bardella », assure Sébastien Lecornu
« Je ne serai pas le Premier ministre qui fera une passation de pouvoir avec Jordan Bardella », a affirmé avec gravité Sébastien Lecornu, devant les sénateurs, insistant sur les risques inhérents à une éventuelle censure parlementaire.

Le Premier ministre Sébastien Lecornu, à l'Hôtel Matignon, le 8 octobre 2025.
Photo: STEPHANIE LECOCQ/POOL/AFP via Getty Images
Plusieurs participants à la réunion tenue ce jeudi à la chambre haute ont confirmé à l’AFP la fermeté du message porté par le chef du gouvernement.
Mercredi soir, le Premier ministre s’est présenté à la conférence des présidents du Sénat, instance réunissant présidents de groupes et de commissions pour articuler l’ordre du jour de la session parlementaire. À cette occasion, Sébastien Lecornu a longuement exposé sa vision et appelé la Haute Assemblée à la « responsabilité » à la veille de cruciales discussions budgétaires, selon des témoignages concordants.
Un avertissement solennel sur le budget
« S’il y a censure sur le budget alors il y aura démission et donc dissolution », a prévenu M. Lecornu, selon son entourage, corroborant des propos rapportés par plusieurs éminents sénateurs présents. Un membre du cercle gouvernemental souligne la « gravité » qui a marqué l’intervention du Premier ministre, soucieux de rappeler la portée institutionnelle de chaque geste engagé.
Cette position s’inscrit dans la droite ligne du refus déclaré par le chef du gouvernement d’assumer tout transfert de pouvoir avec le président du Rassemblement national : « Je ne serai pas le Premier ministre qui fera une passation de pouvoir avec Jordan Bardella », a-t-il répété, des paroles confirmées par plusieurs témoins et reprises par Public Sénat.
Dialogue ouvert mais aucune transaction partisane
L’entourage du Premier ministre précise qu’aucun « deal » avec le Parti socialiste n’a été conclu, volonté réitérée durant la réunion. « Il n’y a pas de deal avec le Parti socialiste », a martelé Sébastien Lecornu, selon ces mêmes sources. Refusant le recours au fameux 49.3 aussi bien qu’aux ordonnances, il a rappelé : « Je ne veux pas de 49.3, je ne veux pas d’ordonnances », écartant de fait ces hypothèses évoquées dans l’arène politique ces dernières semaines.
Un président de groupe fait savoir que M. Lecornu s’est également prononcé contre l’éventuelle loi spéciale, option envisagée en cas de rejet du budget, et a cherché à instaurer un « courant de dialogue » avec la Haute Assemblée. Affirmation confirmée par l’entourage du Premier ministre : « Il entend ouvrir le dialogue et garantir la souveraineté du Parlement, dans le respect des institutions et du calendrier budgétaire. »
Des tensions persistantes entre exécutif et majorité sénatoriale
La visite du Premier ministre, organisée à l’invitation de Gérard Larcher, président du Sénat, intervient dans un climat de tension au sein de la majorité sénatoriale droite-centristes. Depuis plusieurs semaines, ces élus expriment leur exaspération face à un gouvernement jugé peu transparent et accusé d’absence de « cap » sur le budget, tout en critiquant les concessions faites au Parti socialiste.
Lors de cette réunion, Sébastien Lecornu a réaffirmé son attachement au bicamérisme. Comme l’a rapporté un participant, « il a dit son attachement au bicamérisme », insistant sur la valeur du système parlementaire français. Un sénateur souligne : « Comme il n’y a pas d’Insoumis et de RN autour de la table au Sénat, il a insisté sur le fait qu’on était tous des républicains et des démocrates et qu’on n’était pas là pour détruire. »
Un message de fermeté et de rassemblement, dans une séquence politique où chaque mot pèse lourd, comme l’affirme avec force l’entourage du Premier ministre : « Sébastien Lecornu reste déterminé à préserver les équilibres institutionnels et à éviter tout affrontement qui déstabiliserait le pays. »

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