JO-2020: menacée de rapatriement au Bélarus, une sprinteuse obtient un visa polonais

Par Epoch Times avec AFP
2 août 2021 23:00 Mis à jour: 2 août 2021 23:18

L’athlète bélarusse Krystsina Tsimanouskaya, menacée d’être rapatriée de force dans son pays après en avoir critiqué les instances sportives à la suite d’un différend aux Jeux olympiques de Tokyo, a obtenu lundi un visa humanitaire de la Pologne.

Cette affaire, qui secoue depuis dimanche les JO, intervient après près d’un an de répression féroce de toute contestation au Bélarus, ex-république soviétique nichée entre Russie et UE et dirigée d’une main de fer depuis 1994 par le président Alexandre Loukachenko.

La sprinteuse dit craindre d’être emprisonnée si elle retourne dans son pays, qui a vu des milliers d’arrestations et d’exils forcés d’opposants, ainsi que la liquidation de nombre d’ONG et médias indépendants.

Krystsina Tsimanouskaya, 24 ans, a affirmé dimanche avoir été forcée de mettre un terme à sa participation aux JO par le sélectionneur de son équipe, avant d’être accompagnée à l’aéroport par des responsables du Comité olympique national bélarusse pour rentrer dans son pays.

Une discorde sur la participation au relais 4×400 mètres

Quelques jours auparavant, elle avait fermement critiqué la Fédération bélarusse d’athlétisme, qui voulait la contraindre à participer au relais 4×400 mètres, alors qu’elle était censée initialement courir le 100 mètres et le 200 mètres, car deux autres athlètes n’avaient pas réalisé un nombre suffisant de contrôles antidopage, selon elle.

Refusant ce retour forcé, de « peur » de se retrouver en prison, la sprinteuse s’est finalement rendue lundi dans l’ambassade de Pologne à Tokyo, et Varsovie a confirmé lui avoir accordé un visa humanitaire.

La jeune femme n’était guère connue avant cette affaire, mais elle avait publiquement exprimé par le passé sa sympathie pour le mouvement anti-Loukachenko.

La Pologne accorde un visa humanitaire

L’athlète « a reçu un visa humanitaire. La Pologne va faire tout le nécessaire pour l’aider à poursuivre sa carrière sportive », a écrit sur Twitter le vice-ministre polonais des Affaires étrangères Marcin Przydacz, dont le pays accueille de nombreux dissidents bélarusses.

Le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, a lui dénoncé la « tentative criminelle d’enlever l’athlète » et la « l’agression commise par les services bélarusses » lors des JO. « Nous avons assuré la sécurité de Krystsina Tsimanouskaya à l’ambassade de Pologne à Tokyo et, si nécessaire, nous lui offrirons également la possibilité de poursuivre sa carrière », a-t-il ajouté sur Facebook.

Son époux, Arseni Zdanevitch, contacté par téléphone par l’AFP, a dit avoir rejoint l’Ukraine à cause du conflit entre son épouse et les autorités bélarusses, qui menaçait la « sécurité » du couple. Il compte la rejoindre en Pologne.

La représentation diplomatique américaine au Bélarus a salué sur Twitter les « mesures rapides des autorités japonaises et polonaises », qui ont permis à la sportive « d’échapper aux tentatives du régime de M. Loukachenko de (la) discréditer et (de l’) humilier » pour avoir « exprimé ses opinions ».

La sprinteuse est suspendue Comité olympique bélarusse

Le Comité olympique bélarusse, dirigé par le fils du président Loukachenko, Viktor, a de son côté assuré lundi dans un communiqué que les entraîneurs de l’équipe d’athlétisme avaient décidé de suspendre la sprinteuse en raison de son « état émotionnel et psychologique ».

« Nous avions des signaux comme quoi il y avait quelque chose qui se passait avec cette fille », a critiqué l’entraîneur Iouri Moïssevitch, dénonçant à la télévision bélarusse le fait que Tsimanouskaya ait « transformé son passage à Tokyo en un scandale grandiose ».

Plus tôt lundi, le Comité international olympique (CIO) avait confirmé que la sprinteuse était « en sécurité » au Japon.

Le gouvernement japonais « va continuer à coopérer étroitement avec les organisations concernées et prendre les mesures appropriées », en traitant ce cas « conformément à la loi », avait déclaré lundi le porte-parole du gouvernement nippon Katsunobu Kato.

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