Kiev neutralise des missiles hypersoniques russes « invincibles » grâce à un brouillage diffusant un hymne patriotique
Grâce à un système de guerre électronique original, les unités Night Watch de l’armée ukrainienne affirment être parvenues à neutraliser des missiles hypersoniques russes, présentés par Moscou comme « invincibles », en les piégeant avec un brouilleur diffusant un hymne nationaliste ukrainien.
Des avions de chasse supersoniques MiG-31 russes équipés de missiles hypersoniques Kinzhal survolent la Place Rouge lors du défilé militaire du Jour de la Victoire à Moscou, le 9 mai 2018.
Photo: YURI KADOBNOV/AFP via Getty Images
Le Kinzhal Kh-47M2 (dague, poignard en français), ou Kinjal, appartient à la nouvelle génération d’armes russes et constitue l’un des symboles de la supériorité technologique revendiquée par le Kremlin et supposé déjouer tout système de défense. Cette arme combine un avion-lanceur et un missile 9-С-7760, selon 20minutes.
La défense antiaérienne Patriot efficace mais insuffisante
Mis en service fin 2017, le missile balistique hypersonique air-sol pourrait voler jusqu’à Mach 10, soit environ 12.000 km/h. En réalité, sa vitesse serait plutôt de l’ordre de Mach 5 (6000 km/h). Il peut transporter des ogives nucléaires et dispose d’une portée estimée à 2000 kilomètres, au point que Vladimir Poutine a affirmé qu’il serait capable de frapper n’importe quelle capitale européenne. Mais sans son avion-lanceur – le MiG-31K ou un bombardier, sa portée se réduirait à 800 km.
Dans les premiers mois du conflit, seule la défense antiaérienne Patriot fournie par les États-Unis était en mesure de contrer cette menace, mais en nombre insuffisant pour faire face aux salves russes, d’après l’AFP. Selon le spécialiste européen de la défense antimissile Joseph Henrotin, le taux d’interception global des Patriot est d’ailleurs passé d’environ 95‑97% en février-mars à près de 86% à l’été 2025, sous l’effet de trajectoires plus complexes et de capacités de manœuvre accrues des missiles russes.
Le système Lima et le piège des faux signaux
Pour combler cette vulnérabilité, les forces ukrainiennes ont développé le système de guerre électronique Lima EW, utilisé notamment par l’unité Night Watch, d’après BFMTV. Ce dispositif va au-delà du simple brouillage : il envoie de faux signaux au missile Kinzhal en usurpant son guidage par le système de navigation satellitaire russe GLONASS, au point de lui faire croire qu’il se trouve à des milliers de kilomètres de sa véritable position, par exemple à Lima, au Pérou. Les récepteurs du missile, hérités de technologies soviétiques plus anciennes, se montrent particulièrement vulnérables à ce type de manipulation, selon le site 7sur7, qui soulignent qu’« il n’a rien de nouveau ni d’exceptionnel ».
Désorienté, le missile hypersonique russe tente alors un changement brutal de trajectoire pour corriger sa course, mais cette manœuvre devient destructrice à une telle vitesse. À plus de 6000 km/h en phase de vol terminal, les contraintes aérodynamiques peuvent entraîner la rupture du fuselage, ce qui conduit à la destruction de l’engin avant qu’il n’atteigne sa cible. Selon Night Watch, cette méthode aurait permis d’abattre 19 Kinzhal en deux semaines.
Un hymne nationaliste transformé en arme électronique
L’un des aspects les plus singuliers de cette stratégie réside dans l’usage d’une chanson nationaliste ukrainienne comme support du brouillage. Le système Lima convertit en flux binaire l’hymne Notre père est Bandera, chant à la gloire de Stepan Bandera, leader de l’Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN) pendant la Seconde Guerre mondiale.
Moscou tente désormais de renforcer les récepteurs de ses missiles Kinzhal afin de neutraliser le système Lima, en augmentant leur nombre et en diversifiant les fréquences. Les missiles seraient passés de huit à douze puis seize récepteurs, sans amélioration notable de leur survivabilité, tous étant neutralisés simultanément dès qu’ils pénètrent dans la zone de brouillage.
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