Knokke-le-Zoute

16 août 2015 09:00 Mis à jour: 11 octobre 2015 17:16

 

L’été s’étire en douceur et l’engouement pour la petite cité balnéaire de Knokke-le-Zoute ne faiblit pas. Il faut avouer qu’elle possède un charme indéniable et qu’elle invite à la flânerie, à pied ou en vélo, le long des sentiers qui conduisent, à travers les polders, vers des villas impeccablement blanches ou encore vers la digue fréquentée par une joyeuse population de familles heureuses de profiter des jours de vacances.

Knokke a été investie dès la fin du XIXe siècle par des artistes en tout genre, captivés par sa lumière et son décor sauvage, inépuisable source d’inspiration. À cette époque, le Zoute n’était encore qu’un hameau de quelques fermes et les vaches paissaient à côté de la plage. Avec l’arrivée du train en gare de Heist en 1865, elle devint très vite une station à la mode.

Une histoire de familles

La famille Lippens, propriétaire d’une grande partie des terres, décida d’aménager cette partie de la côte afin d’y attirer une bourgeoisie huppée et une élite internationale. À cette fin, ils créèrent une société immobilière et dessinèrent des allées bordées de saules-têtards aux reflets argentés qui mènent encore vers des maisons qui rappellent les cottages anglo-saxons, avec leurs façades immaculées, percées de petites fenêtres et recouvertes de tuiles orangées.

(Charles Mahaux)

L’étroitesse de certains sentiers a permis de sauvegarder le caractère villageois et intimiste de la petite cité, même si on y trouve aussi une place tellement animée à l’heure de l’apéritif ou du goûter qu’elle en a hérité du surnom de « m’as-tu vu ». En effet, sur la place Albert, tout le monde se reconnaît et se salue plus ou moins discrètement avant de s’échapper vers d’autres rendez-vous moins mondains.

La digue alterne galeries d’art, restaurants familiaux et bazars de plage qui font la joie des petits. Ils y trouvent la panoplie complète du parfait enfant des sables : seaux, pelles, filets de pêche, papier crépon pour inventer les fleurs les plus fantaisistes, cerfs-volants multicolores, bouées et matelas pneumatiques, … Car ce qui rend la plage exceptionnelle, c’est le jeu des vents et des marées.

En effet, quand le vent d’Est souffle depuis les terres vers le large, il remue les fonds marins et libère de leur retraite des centaines de coquillages qui jonchent ensuite la plage en dessinant un tapis brillant et craquant sous les pieds : os de seiche, tourelles, huîtres, coques, et couteaux, autant de merveilleux trésors à récolter.

Les pieds dans l’eau

Quand la mer se retire, il faut aller la chercher loin, très loin, tout au bout des brise-lames, ces longues échines de grosses pierres bleues sur lesquelles elle vient s’écraser dans un éblouissement d’écume. Quel plaisir alors de découvrir les trous d’eau, ces crevasses oubliées par la mer trop pressée de se retirer. Ces aquariums miniatures abritent des petits crabes, des crevettes savoureuses, des incrustations de moules et bien d’autres souvenirs marins à emporter au creux d’un seau de plage. La marée basse dégage aussi une large bande de sable dur, idéal pour l’édification de châteaux-forts qui rassemblent les petits et les grands dans une joute sympathique pour vérifier lequel résistera le plus longtemps à la marée montante.

(Charles Mahaux)

 

Par contre, à l’heure où la mer monte et vient même lécher la digue en certains endroits, c’est le départ des courses en vélo ou en cuistax avant d’aller déguster une gaufre dorée et croustillante chez Siska. Sait-on que Francesca, la mère Siska, était une imposante meunière de 136 kg et qu’elle épuisa trois maris dont elle eut dix enfants qui tous, aujourd’hui, vendent les célèbres gaufres en forme de cœur dans leurs nombreux cafés-restaurants ? C’est aussi à Knokke que naquit un autre bonbon, tout aussi fameux et vendu sur toute la côte belge, imaginé par Madame Babelutte en 1918, à partir d’une savante combinaison de beurre, de sucre et d’eau.

Le Zwin, joyau de la nature côtière

C’est encore un membre de la famille Lippens, le comte Léon Lippens, qui décida en 1952 de préserver l’estuaire du Zwin de la spéculation immobilière en y créant une réserve ornithologique de 150 ha dont 25 se situent en Hollande. Quelque 250 espèces d’oiseaux y font escale selon la saison, pour y abriter leurs amours ou pour y trouver refuge. Leurs seuls noms sont déjà une invitation à l’évasion : avocette, pluvier argenté, garrot à œil d’or, castagneux, gravelot à collier, sterne pierregarain, …

(Charles Mahaux)

On a tous appris dans nos livres d’école que la mer autrefois envahissait les terres jusqu’au niveau de la Bruges actuelle qui doit d’ailleurs son nom aux pirates vikings qui écumaient la région au IVe siècle. En effet, « bryggia » signifie « débarcadère » en norvégien. Lorsque les eaux se retirèrent, elles laissèrent un bras de mer qui permettait le transit entre le port de Bruges et le large. Mais la marée déposait plus d’argile et de limon qu’elle n’en emportait avec le reflux et peu à peu, l’ensablement devint tel que toute navigation devint impossible.

Aujourd’hui, toute cette zone offre un paysage qui ondule entre vasières, chenaux, dunes et prés salés encore inondés deux fois par an, lors des grandes marées d’équinoxe. Une flore étonnante que le sel marin ne rebute pas s’y épanouit au fil des saisons : la salicorne, la betterave marine et surtout, le somptueux statice qui ourle de pourpre et de mauve les bancs de sable. Cette plante est tellement abondante qu’elle porte le nom de « Zwinnebloem », la fleur du Zwin.

Quand l’après-midi touche à sa fin, que la chaleur de l’été se dilue dans une brume légère, les silhouettes surgissent : cigognes élancées, lapins curieux, choucas bavards. On peut même entendre au loin le chant des rossignols ou encore, plus ludique, le gazouillis des alouettes disparues dans les champs mais toujours présentes au cœur de ce paradis. 

Christiane Goor, journaliste. Charles Mahaux, photographe. Un couple, deux expressions complémentaires, ils fixent l’instant et le racontent. Leur passion, ils la mettent au service du voyage, de la rencontre avec l’autre.

 

Infos pratiques

Renseignements :

www.knokke-heist.be et www.zwin.be

Se loger : au-delà de tous les hôtels – qui ne sont pas tous de charme– la plus jolie formule reste la chambre d’hôtes proposée par Chantal De Cavell au 288 sur la Graaf Jansdijk, non loin d’un moulin du XVIIe. Un havre de paix au milieu d’un jardin fleuri à quelques minutes de la mer en vélo. Les bicyclettes sont proposées gracieusement aux pensionnaires. À partir de 99 euros pour deux personnes. chantal.babett@skynet.be

Se restaurer : Connu pour la fraîcheur de ses moules, le ‘T Kantientje (avenue Lippens 103, tel 050-605411) est aussi le spécialiste des croquettes aux crevettes grises légères et fondantes. Plus à la mode, le Si Versailles (au 795 sur la digue) propose des moules cuites directement sur une plaque en fonte. La Poste (Kustlaan 207)offre la meilleure glace de la côte, royale et onctueuse à souhait.

Les plages : si la Zoute strand reste la plage familiale classique, il en est une autre plus sportive qui accueille tous les inconditionnels de la mer et du windsurf, dans une magnifique cabane en pin de l’Oregon coiffée d’un petit observatoire d’où l’on peut regarder la mer : le Surfers Paradise (www.surfersparadise.be)

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