La Chine supprime l’obligation de visa pour des pays d’Europe alors qu’une mystérieuse maladie s’y propage

À partir du 1er décembre, les citoyens de 6 pays pourront entrer en Chine sans visa. Le moment choisi a de quoi interpeller : une nouvelle maladie pulmonaire mystérieuse se propage actuellement en Chine

Par Reinhard Werner
29 novembre 2023 17:28 Mis à jour: 6 décembre 2023 19:19

C’est par une annonce surprenante que le gouvernement chinois a pris les devants vendredi 24 novembre. Comme l’indique un communiqué des représentations diplomatiques, les citoyens de six pays sélectionnés pourront entrer en Chine sans visa à partir du 1er décembre. Cette réglementation limitée dans un premier temps jusqu’au 30 novembre 2024 s’applique aux citoyens de France, d’Allemagne, d’Italie, des Pays-Bas, d’Espagne et de Malaisie.

La disposition s’applique à tous les voyageurs dont le séjour prévu en Chine ne doit pas dépasser 15 jours. L’exemption de visa vise donc en premier lieu les voyageurs d’affaires, les visites familiales, le transit et le tourisme.

Assouplissement du régime des visas « à titre expérimental », motif donné par la porte-parole des affaires étrangères

Cette mesure n’a pas été annoncée et a surpris de nombreux observateurs. L’an dernier, le régime communiste avait mis fin à sa politique rigide de zéro Covid après des années de restrictions et d’isolement. Ce virage à 180 degrés est moins le fruit d’un meilleur discernement que le résultat d’une évolution économique catastrophique.

À l’époque, l’ambassade d’Allemagne et celle des États-Unis entre autres, avaient suspendu par retour du courrier l’octroi de visas. La raison ? l’explosion de nouveaux cas de Covid-19. La porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning, a parlé vendredi d’une politique unilatérale d’exemption de visa « sur une base expérimentale ».

L’objectif est de « continuer à faciliter les voyages transfrontaliers ainsi que le développement de haute qualité et l’ouverture de la Chine à un haut niveau ».

La Chine perd des parts de l’économie mondiale au profit des États-Unis et des pays émergents

L’Allemagne, les Pays-Bas et la Malaisie, trois des dix principaux partenaires commerciaux de la Chine, devraient bénéficier d’une exemption de visa. Cela indique que des considérations économiques pourraient avoir joué un rôle central dans la décision.

Certes, le FMI estime que la Chine pourrait connaître une croissance économique allant jusqu’à 5,4% en 2023. Mais ce chiffre est d’une part nettement inférieur à celui de nombreuses années précédant la pandémie de Covid. D’autre part, cela reflète également une reprise lente après les années paralysantes du confinement.

Au total, la part de la Chine dans l’économie mondiale est passée de 18,4% à 17% en seulement un an. Comme le rapporte le Financial Times, celle-ci avait auparavant augmenté de manière quasi irrésistible, en partant de 2% en 1990. Le pays a surtout perdu ses parts de marché mondial au profit des États-Unis et de pays comme le Brésil, l’Inde, l’Indonésie, le Mexique ou la Pologne.

Les entreprises occidentales commencent à délocaliser leur chaîne d’approvisionnement

L’évolution politique et économique du pays a découragé de plus en plus les investisseurs potentiels. Pendant la pandémie de Covid-19, les personnes qui entraient dans le pays devaient se soumettre à des règles de quarantaine. Par la suite, les conflits géopolitiques ont pris de l’ampleur dans la région en raison de la politique agressive du régime.

Cette situation, ainsi que les efforts croissants pour réduire les dépendances, ont surtout incité les entreprises occidentales à délocaliser leurs capacités hors de Chine. Même si la Chambre allemande de l’industrie et du commerce (DIHK) a déjà qualifié l’assouplissement des conditions d’obtention des visas de « signal important », qui « peut stimuler aussi bien le tourisme que les échanges économiques », les entreprises chinoises n’ont pas l’intention de s’arrêter là. Le secteur de la construction mécanique, en particulier, espère désormais une activité plus fluide en Chine.

Dans l’ensemble, le commerce extérieur de la Chine s’est toutefois nettement effondré ces dernières années. En tenant compte de l’inflation, les chiffres sont encore plus inquiétants. Selon une enquête de la Chambre de commerce européenne, une entreprise interrogée sur dix a déjà déplacé une partie de sa chaîne d’approvisionnement hors de Chine. De plus, 8% ont des projets concrets à cet égard.

La Chine pourrait être au bord de l’éclatement d’une bulle immobilière

Toutefois, ce n’est pas le seul problème auquel l’économie chinoise est confrontée. Après les longues mesures relatives au Covid-19, la consommation ne fournit plus non plus le soutien que le régime espérait. La crise démographique se fait également de plus en plus sentir.

Le marché immobilier est également un sujet de préoccupation. Comme le rapporte Die Welt, le conglomérat financier Zhongzhi a déclaré son insolvabilité mercredi. Des dettes pouvant atteindre 460 milliards de yuans (environ 58,5 milliards d’euros) font face à des actifs propres de seulement 200 milliards de yuans (25,64 milliards d’euros).

Les observateurs du marché estiment qu’il ne s’agit que de la partie émergée de l’iceberg et qu’une série d’autres mauvaises surprises pourraient se cacher dans le secteur immobilier chinois. Jusqu’à 60% des consommateurs ont placé leurs économies dans des projets immobiliers. Les prix risquent de s’effondrer. Le fait que le régime pousse entre-temps les banques à soutenir le secteur de la construction et veuille s’endetter pour aider les groupes immobiliers n’est guère rassurant.

C’est aussi pour cette raison que les experts ne s’attendent pas à ce que l’offensive actuelle sur les visas soit en mesure de remédier aux problèmes structurels profonds de l’économie chinoise.

Les conditions dans les hôpitaux rappellent l’époque du Covid-19

Le moment choisi pour faciliter l’obtention des visas suscite également la suspicion. Ces dernières semaines, les informations sur la propagation d’une mystérieuse maladie respiratoire se sont multipliées. Jusqu’à présent, celle-ci touchait surtout les enfants et provoquait des hôpitaux bondés et des absences scolaires. Cependant, des cas de contamination d’enseignants ont déjà été signalés.

L’épidémie serait déjà en progression depuis la mi-octobre. Les symptômes les plus courants sont la toux, les expectorations, l’écoulement nasal, la fièvre, la pneumonie et un état faible. Toutefois, dans certains cas, des symptômes de « poumon blanc », tels que ceux connus dans les cas graves de Covid-19, apparaissent également.

La politique d’information du régime est, comme à son habitude, restrictive. Par ailleurs, sur les réseaux sociaux, des images et des vidéos de cliniques surpeuplées se diffusent malgré la censure. Des enfants doivent parfois être placés sous respiration artificielle sur des lits dans les couloirs. Les autorités chinoises ont déclaré le 21 novembre que plusieurs agents respiratoires tels que le SRAS-CoV-2, le virus de la grippe et le virus de la pneumonie à mycoplasme seraient à l’origine d’infections respiratoires mixtes dans le pays.

Outre la santé, la liberté individuelle est également en danger

Aucune mention officielle de cas graves ou mortels n’a été faite jusqu’à présent. Toutefois, un Chinois en exil vivant aux États-Unis, citant des sources locales, a rapporté un cas de décès au journal anglophone Epoch Times. Celui-ci se serait produit dans la ville de Dalian, dans la province de Liaoning. Il s’agirait d’une fillette de onze à douze ans du nom de Chen. D’autres décès sont également possibles.

Les régions les plus touchées sont actuellement Pékin, Shanghai, Tianjin, Nanjing et Wuhan, la ville d’origine du Covid-19. Le personnel médical et infirmier y travaille 24 heures sur 24. À Tianjin, le nombre de traitements effectués devrait dépasser les 12.000 par jour. Dans certains cas, les patients doivent attendre jusqu’à 24 heures aux urgences avant d’être traités.

La santé n’est toutefois pas le seul risque auquel les voyageurs chinois doivent se préparer. Sur X, un utilisateur fait remarquer que l’article 38 de la loi sur la sécurité nationale pour Hong Kong est toujours en vigueur. Cette disposition permettrait d’arrêter les détracteurs du Parti communiste chinois, y compris les ressortissants étrangers, dès leur entrée sur le territoire.

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