La France dans le chaos politique et économique après la démission choc du Premier ministre

Le Premier ministre Sébastien Lecornu.
Photo: STEPHANE MAHE/POOL/AFP via Getty Images
Sébastien Lecornu a jeté l’éponge ce lundi après seulement 27 jours à Matignon, devenant ainsi le chef de gouvernement le plus éphémère de toute la Ve République. Quelques heures à peine après avoir dévoilé la composition de son équipe ministérielle, ce proche d’Emmanuel Macron a préféré anticiper l’éclatement inévitable de sa fragile coalition de centre-droit.
La raison ? Un départ annoncé des Républicains, mécontents de la répartition des portefeuilles ministériels. « Les conditions n’étaient pas remplies », a-t-il lâché lors de son discours de démission, pointant du doigt les « appétits partisans » et l’attitude des formations politiques qui « continuent d’adopter une posture comme s’ils avaient tous la majorité absolue ».
L’engrenage infernal : trois gouvernements en un an et trois blocs irréconciliables
Depuis la dissolution surprise de l’Assemblée nationale décrétée par Emmanuel Macron en juin 2024, la France enchaîne les crises gouvernementales à un rythme inédit . Le pays se retrouve divisé en trois blocs irréconciliables, incapables de dégager une majorité stable pour gouverner.
Michel Barnier, prédécesseur de Sébastien Lecornu, n’avait lui-même tenu que trois mois entre septembre et décembre 2024 avant d’être renversé par les députés. Une instabilité chronique qui mine la crédibilité du président et exaspère profondément les citoyens.
« La cour de récré » : un ras-le-bol généralisé
Dans les rues de Lyon, la lassitude se lit sur tous les visages. « C’est vraiment la cour de récré. C’est hyper fatigant, on a besoin de stabilité », déplore Emmanuel Bonifay. Hamdi Beniattou, consultant trentenaire, se dit « outré par la situation », tandis que Chantal Jacquet, retraitée, confie son dégoût croissant : « On s’intéresse de moins en moins à ce qui se passe ».
Tempête sur les marchés : la France plus risquée que l’Italie
Le désastre politique se double d’une catastrophe économique. Avec une dette vertigineuse de 3.400 milliards d’euros (115,6% du PIB), la deuxième économie de la zone euro voit ses taux d’emprunt à dix ans dépasser ceux de l’Italie, référence historique de l’instabilité budgétaire européenne.
Le CAC 40 a plongé, les valeurs bancaires ont dévissé de plus de 4% en cours de séance, et l’euro a reculé face au dollar. « Si on avait encore des interrogations sur la dégradation de la note française par les agences, désormais on n’a plus de doute », tranche John Plassard, analyste chez Cité Gestion Private Bank.
Bruxelles retient son souffle
Les chancelleries européennes observent avec une inquiétude croissante le naufrage français. L’Allemagne a rappelé ce lundi qu’une « France stable est une contribution importante pour l’Europe ». À Bruxelles, une diplomate résume l’ambiance : « Je me suis crue dans un sitcom ce matin. Il y aura de l’inquiétude jusqu’en 2027, voire au-delà ».
Emmanuel Macron acculé, trois options risquées
Le président se retrouve dans une impasse stratégique. Selon l’analyste Mujtaba Rahman, trois scénarios se dessinent, tous périlleux : nommer un énième Premier ministre, provoquer de nouvelles législatives anticipées, ou avancer l’élection présidentielle prévue en avril-mai 2027.
La droite crie à la trahison
Bruno Retailleau, patron des Républicains qui venait d’être reconduit à l’Intérieur, accuse Sébastien Lecornu de lui avoir « caché la nomination de Bruno Le Maire » au ministère des Armées. L’ancien ministre de l’Économie (2017-2024) incarne pour la droite tous les dérapages budgétaires de l’ère Macron, rendant sa présence inacceptable.
La dissolution à l’ordre du jour pour certains
Marine Le Pen juge « absolument nécessaire » une nouvelle dissolution et estime qu’une démission présidentielle serait « la seule décision sage ». De son côté, Jean-Luc Mélenchon exige l’examen « immédiat » d’une procédure de destitution du chef de l’État.
La France s’enfonce dans une crise institutionnelle sans précédent moderne, sans issue visible à court terme.
Avec AFP

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