La gratitude : une médecine alternative contre la colère et la dépression (1re partie de « Médecine de la vertu »)

La recherche montre qu'une brève pratique quotidienne de la gratitude peut avoir un impact positif sur la santé émotionnelle et les relations interpersonnelles

Par Makai Allbert, Robert Bakker Ph.D., Yuhong Dong MD, Ph.D
7 novembre 2024 16:05 Mis à jour: 7 décembre 2024 22:51

Quelle médecine peut-elle être sûre, efficace, gratuite ne nécessitant qu’un subtil changement de perspective ? Nous vous invitons à explorer le lien négligé entre la vertu et la santé – la « Médecine des vertus ».

Dans le calme stérile du cabinet médical, Serena était assise, agitée, et repassait dans sa tête la scène qui l’avait conduite là. Plus tôt dans la journée, au cours d’une importante réunion de projet, la nouvelle stagiaire, Sarah, avait timidement fait une suggestion. À la surprise générale, le directeur avait favorisé cette nouvelle suggestion, qui serait mise en œuvre dans le prochain projet – au détriment de la proposition originale de Serena.

À ce moment-là, quelque chose s’était brisé en Serena. Sa réponse ne fut pas un simple désaccord, mais une éruption de mots et de colère. Sa tirade était sans pitié, laissant Sarah en larmes et la salle dans le silence.

Serena avait déjà lutté contre la colère par le passé, avec des accès d’agressivité occasionnels, mais elle ne s’était jamais montrée aussi agressive que ce jour-là. Assise dans le bureau du médecin, Serena se sentait coupable et frustrée.

Elle s’attendait, espérait presque, une solution médicale directe – une pilule pour supprimer la colère, une solution rapide pour régler un problème contre lequel elle se sentait impuissante. Au lieu de cela, le Dr Corson lui tendit quelque chose de bien plus modeste, presque archaïque dans sa simplicité : un petit journal vierge.

« Ce n’est pas ce que vous attendiez », a reconnu le Dr Corson, sentant son scepticisme. « Je veux que vous écriviez chaque jour trois choses pour lesquelles vous êtes reconnaissante. C’est une médecine différente. »

Serena a baissé les yeux sur son journal, dont les pages vierges se moquaient de son chaos intérieur. La tenue d’un journal lui paraissait insignifiante face à ses émotions débordantes. Pourtant, animée d’un fort désir de changement, elle a accepté à contrecœur de faire un essai.

Un antidote à la colère

Lorsque Serena a commencé à pratiquer la gratitude, le doute s’est installé. Pourtant, chaque soir, elle écrivait consciencieusement dans son journal. Peu à peu, un changement s’est opéré. Là où il n’y avait que de la frustration et de la colère, des moments d’appréciation ont commencé à faire surface.

Auparavant, elle était irritée par ses collègues et se plaignait souvent de son trajet pour se rendre au travail. Après une semaine de rédaction de son journal, elle a ressenti un changement. Elle a commencé à être reconnaissante de l’aide d’un collègue, d’une matinée paisible et même de la fiabilité de sa vieille voiture.

L’expérience de Serena, bien que profondément personnelle, n’est pas inhabituelle. La recherche scientifique sur la gratitude confirme son changement de tempérament.

Une étude publiée en 2012 dans la revue Social Psychological and Personality Science a montré que les personnes qui pratiquaient la gratitude étaient moins agressives, même après avoir été insultées. En revanche, les personnes du groupe témoin, qui ne pratiquaient pas la gratitude, voyaient leur agressivité augmenter après avoir été insultées.

(Illustration Epoch Times)

Ceux qui pratiquent la gratitude sont nettement moins enclins à exercer des représailles contre les autres. Cette corrélation est comparable au rire qui interrompt un effort physique : de même qu’il est impossible de poursuivre une séance d’entraînement intense en riant, la gratitude suscite un état psychologique où l’agressivité et la colère ont peu de prise.

L’effet de la gratitude sur la disparition des sentiments hostiles la met en évidence en tant que vertu personnelle et outil favorisant les interactions sociales empathiques.

La gratitude accroît le bonheur

De retour chez elle, Serena s’est assise à son bureau, un stylo à la main, et a réfléchi à ce dont elle était reconnaissante ce jour-là. Après avoir tenu son journal, elle s’est rendu compte qu’elle écrivait involontairement au sujet de Sarah, la stagiaire. Son cœur se serrait de culpabilité en se rappelant les larmes qu’elle lui avait causées.

Serena a senti qu’elle devait arranger les choses. Elle a écrit à Sarah une lettre exprimant ses remords et sa gratitude pour lui avoir fait comprendre qu’elle devait changer sa façon de faire. Le lendemain, elle a accueilli Sarah au bureau, s’est excusée pour son comportement, lui a remis la lettre et l’a remerciée pour sa précieuse contribution au travail. Ce soir-là, Serena a ressenti une légèreté qu’elle n’avait pas connue depuis des semaines, voire des années.

Cette légèreté provenait d’un véritable contentement. Une étude publiée en 2005 a montré que la rédaction de lettres de remerciement augmentait le bonheur des participants de 10 % et réduisait leurs symptômes dépressifs de 35 %. Ces sentiments se sont maintenus jusqu’à six mois après la rédaction de la lettre, ce qui souligne l’effet puissant de ce geste.

(Illustration Epoch Times)

Les accès de colère qui dominaient ses journées étaient moins fréquents, presque inexistants. À leur place, des moments de bonheur authentique ont commencé à émerger. Elle a été surprise de constater qu’elle souriait davantage, non seulement pour ses réussites, mais aussi pour les petits bonheurs de la vie quotidienne.

Quatre semaines plus tard, lorsque Serena est retournée dans le cabinet du Dr Corson, l’atmosphère était différente, presque inconnue. Elle n’était plus la même personne qui avait accepté avec hésitation un journal au lieu d’une ordonnance conventionnelle. Le changement en elle était palpable, rayonnant d’une paix retrouvée, d’une pensée positive et d’une meilleure compréhension.

Des avantages considérables

Remarquant la transformation, le Dr Corson a accueilli Serena avec un sourire chaleureux et compréhensif. « C’est un plaisir de vous voir. La prescription non conventionnelle vous a-t-elle aidée ? »

Il y a eu un temps d’arrêt, Serena ressentant un mélange d’humilité et de surprise face à sa transformation. « Honnêtement, docteur, je ne l’aurais pas cru si je ne l’avais pas expérimenté moi-même. » « Mais pourquoi ? », a-t-elle demandé. « Je veux dire, scientifiquement, comment une pratique aussi simple peut-elle avoir un impact aussi profond ? »

Le Dr Corson a expliqué : « La gratitude n’est pas seulement une habitude : il s’agit de changer notre état d’esprit. En cultivant des vertus, comme la gratitude, notre esprit devient sain, et le corps suit. »

« Mais puisque vous me l’avez demandé, jetez un coup d’œil à ceci », a dit le Dr Corson en tendant à Serena une affiche sur les bienfaits de la gratitude.

(Illustration Epoch Times)

« N’oubliez pas que ces résultats ne sont que la partie émergée de l’iceberg. La science n’a pas fini de découvrir l’étendue de l’impact de la gratitude. »

De nombreux symptômes, maladies et troubles affectent notre société moderne. Le manque de quantité et de qualité du sommeil est au premier plan. La gratitude peut atténuer ces effets secondaires en améliorant le sommeil. Des recherches ont montré que les participants – même ceux souffrant de troubles du sommeil – qui réfléchissaient à ce dont ils étaient reconnaissants avant de se coucher, voyaient la qualité et la durée de leur sommeil s’améliorer de manière significative.

En outre, les personnes qui tiennent un journal de gratitude ressentent moins de douleur, avec une diminution de près de 8 %, et sont plus enclines à faire de l’exercice.

La gratitude peut réduire de manière significative les niveaux de stress. Cela a des effets bénéfiques sur la santé mentale et physique, notamment sur le renforcement du système immunitaire. En encourageant les comportements qui soutiennent la fonction immunitaire, la gratitude réduit les niveaux d’interleukine 6, l’un des principaux responsables de l’inflammation chronique.

Le piège de la comparaison

Le Dr Corson a poursuivi en expliquant que « la gratitude transforme notre façon d’interagir avec le monde. Elle nous fait passer de ce qui nous manque à ce que nous avons. Permettez-moi d’illustrer ceci par une parabole ».

« Un homme parcourait la ville sur sa vieille bicyclette, se sentant insatisfait. Il remarqua une voiture neuve et brillante qui passait devant lui et pensa : ‘si seulement j’avais une voiture comme celle-là au lieu de cette bicyclette’. »

« À l’intérieur de la voiture, le conducteur était stressé par le remboursement de son prêt. En voyant le cycliste, il se disait : ‘si seulement je pouvais être insouciant comme ce cycliste, sans ce fardeau financier’. »

« À l’arrêt de bus voisin, une personne attendait. En regardant passer la voiture et le vélo, elle se disait : ‘j’aimerais bien avoir un vélo ou une voiture. Ce serait bien plus pratique que d’attendre ce bus’. »

« Un peu plus loin, une personne en fauteuil roulant observait le cycliste, la voiture et le voyageur à l’arrêt de bus, en se disant : ‘comme j’aimerais pouvoir me lever et marcher, ne serait-ce que pour attendre à l’arrêt de bus, faire du vélo ou conduire une voiture’. »

« Enfin, dans une chambre d’hôpital donnant sur la rue, un patient en phase terminale s’est allongé dans son lit et a regardé par la fenêtre, en se disant : ‘je donnerais n’importe quoi pour être dehors, même en fauteuil roulant, juste pour sentir le soleil et respirer à nouveau de l’air frais’. »

« Chaque personne désirait ce que l’autre avait, formant une chaîne où les bénédictions les plus simples de l’une étaient les souhaits les plus profonds de l’autre. Ainsi, nous devrions éviter de regarder ce qui nous manque et nous concentrer sur ce que nous avons déjà », a expliqué le Dr Corson.

« Ce changement d’état d’esprit améliore aussi considérablement les relations sociales. Il fait de nous des personnes que les autres ont envie de côtoyer, ce qui enrichit nos relations et favorise un sentiment d’appartenance et de satisfaction interpersonnelle. »

Serena en avait fait l’expérience directe – elle comprenait ce que le Dr Corson voulait dire. Après s’être excusée et avoir remis la lettre de remerciement à Sarah, elles ont réalisé qu’elles avaient beaucoup en commun et leurs relations sont devenues amicales.

« En tant que médecin, je prescris la pratique de la gratitude car elle est totalement gratuite et peut affecter tous les aspects de la vie, et pas seulement la santé physique. Vous voyez, dans notre pratique médicale moderne, l’accent est mis sur le traitement des symptômes, souvent à l’aide de médicaments. Ce n’est pas faux, mais ce n’est pas tout non plus. Beaucoup ont tendance à négliger la puissante influence de l’esprit sur le corps », a ajouté le Dr Corson.

Le schéma biologique de la gratitude

Serena voulait comprendre comment les sentiments de gratitude sont stimulés dans le corps. Le Dr Corson a alors expliqué :

« La gratitude active les régions du cerveau associées à la régulation émotionnelle et au plaisir, comme le caudé et le gyrus frontal. Lorsque nous pratiquons la gratitude, les régions du cerveau responsables des émotions positives sont stimulées, tandis que les régions responsables des émotions négatives sont inhibées. »

« Cette activité cérébrale est rapidement médiée par des signaux électriques, que l’on peut assimiler à des messages textuels, directs et spécifiques. La gratitude agit également par le biais d’hormones, qui sont plus lentes, comme une lettre envoyée par la poste, mais plus robustes. »

« Lorsque nous éprouvons de la gratitude, notre cerveau libère de la dopamine et de la sérotonine, deux neurotransmetteurs hormonaux responsables de notre état d’esprit. La dopamine nous donne cette sensation de bien-être lorsque nous accomplissons quelque chose, tandis que la sérotonine stimule notre humeur sur une période plus longue, contribuant à la stabiliser. »

« La gratitude entraîne une boucle naturelle et auto-entretenue de renforcement positif. Plus nous pratiquons la gratitude, mieux nous nous sentons, immédiatement et à long terme. Notre cerveau commence à apprécier la libération d’hormones de bien-être, ce qui nous encourage à continuer à éprouver de la gratitude. Avec le temps, cette pratique peut devenir partie intégrante de notre vie. »

En quittant le cabinet, Serena s’est sentie plus sage et confiante. Elle était passée du statut de sceptique à celui de croyante, d’une grincheuse à une collègue reconnaissante. Forte de ses connaissances scientifiques et de ses conseils pratiques, elle était impatiente de poursuivre sa pratique de la gratitude.

Note de l’auteur :

Les expériences relatées dans cet article sont des composites d’histoires réelles, tandis que le Dr Corson est fictif. Les défis, les connaissances scientifiques et les avantages de la pratique de la gratitude décrits sont basés sur des recherches contemporaines, offrant à la fois une inspiration et des conseils pratiques aux lecteurs.

Prochaine étape :

Nous explorerons l’importance vitale de l’intégrité personnelle pour une santé éclatante et nous verrons comment l’intégrité peut réduire les risques de dépression jusqu’à 50 % tout en diminuant les risques de maladie.

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