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« La guerre contre la science » : quand la politique imprègne l’enseignement scientifique

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Lawrence M. Krauss édite un ouvrage sur l'extrémisme politique intitulé "The War on Science : trente-neuf scientifiques et universitaires de renom s'expriment sur les menaces actuelles pesant sur la liberté d'expression, la liberté d'enquête et le processus scientifique."

Photo: Post Hill Press

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Durée de lecture: 8 Min.

On attribue au philosophe grec Platon l’aphorisme suivant : « La science n’est que perception. » Mais que se passe-t-il lorsque la perception se transforme en plateforme politique cherchant à imposer sa volonté partisane à l’enseignement scientifique ? Que se passe-t-il également lorsque scientifiques et professeurs tentent de protester contre l’imposition de cette idéologie ?
Lawrence M. Krauss, éminent physicien théoricien, a recruté 39 éminents universitaires, chercheurs et scientifiques pour partager leurs observations et expériences sur ce qu’ils considèrent comme une attaque idéologique extrême contre les principes fondamentaux de leur profession. Le résultat est The War on Science (La Guerre contre la Science), qui présente un argument provocateur selon lequel l’enseignement supérieur est assiégé.
M. Krauss explique dans son introduction que le milieu universitaire actuel est étranglé par les politiques identitaires. Ceux qui pratiquent cette idéologie sont extrêmement susceptibles de voir leurs idées remises en question et ils n’hésitent pas à punir ceux qui ne sont pas d’accord avec eux.

Les scientifiques estiment que les chercheurs en médecine devraient pouvoir publier leurs résultats sans influence politique. (Domaine public)

L’hostilité
L’ouvrage souligne qu’une grande partie de cet environnement repose sur une hostilité envers presque tout ce qui est associé à un héritage européen blanc. Sergiu Klainerman, professeur Higgins de mathématiques à l’Université de Princeton, explique dans son essai Radical Equalitarianism and Mathematics (Égalitarisme radical et mathématiques) que certains professeurs insistent sur le fait que l’algèbre et la géométrie sont des symboles du privilège blanc en raison de leurs racines grecques antiques. Mais comme le souligne M. Klainerman :
« Un problème évident avec ces conceptions est que les mathématiques ne sont pas originaires d’Europe. Notre système numérique contemporain, qui fait un usage crucial du concept de zéro, trouve ses origines en Inde. Ce système a été largement diffusé grâce aux écrits du mathématicien persan al-Khwarizmi et du mathématicien arabe al-Kindi. Il a ensuite été popularisé en Occident par Fibonacci dans son livre Liber Abaci. »
Anna I. Krylov, titulaire de la chaire associée en sciences naturelles de l’Université de Californie du Sud, et le statisticien Jay Tanzman ont collaboré à l’essai Spotlight on Scientific Research (Pleins feux sur la recherche scientifique). Cet essai détaille comment des forces extérieures non scientifiques poussent les chercheurs à penser d’une certaine manière.
Ils se souviennent qu’un article intitulé Meta-Analysis: On Average, Undergraduate Students’ Intelligence Is Merely Average (Méta-analyse : l’intelligence des étudiants de premier cycle est moyenne) a été retiré de la revue Frontiers of Psychology après que des utilisateurs de Twitter (désormais X) se sont plaints avec colère du caractère offensif du concept de l’article. Et ce, malgré le fait que seul le résumé était en ligne et que l’intégralité de la recherche n’était pas accessible au public.
Anna Krylov et Jay Tanzman mettent également en garde contre le fait que des chercheurs ont été stigmatisés lorsque leurs recherches ont abouti à des conclusions contraires à certains arguments politiques. Parmi eux, l’économiste de Harvard Roland Fryer, dont la carrière a été menacée. Les données statistiques contenues dans les recherches publiées par M. Fryer n’ont révélé aucun préjugé racial et ont confirmé le recours à la force policière meurtrière aux États-Unis.
Sont également cités les auteurs de In Defense of Merit in Science (À la défense du mérite scientifique), dont les travaux ont été rejetés par les éditeurs de la revue scientifique PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences, en français « Comptes rendus de l’Académie nationale des sciences » des USA). Leur thèse, qui soutenait l’éducation axée sur le mérite plutôt que sur l’action positive, a été jugée « préjudiciable » et « largement et légitimement critiquée comme étant vide de sens ».
Le multiculturalisme
L’ouvrage soulève également la question de savoir si la promotion du multiculturalisme est en contradiction avec les normes éducatives fondamentales. Jerry Coyne, professeur émérite au Département d’écologie et d’évolution de l’Université de Chicago, et Luana S. Maroja, professeure au Williams College, utilisent leur essai conjoint pour détailler l’exemple néo-zélandais d’intégration des traditions maories dans les études universitaires contemporaines.
Les auteurs expliquent que les étudiants néo-zélandais apprennent que les ancêtres polynésiens des Maoris ont été les premiers à découvrir l’Antarctique au VIIsiècle, même si aucune preuve ne vient étayer cette affirmation. Ils indiquent également l’importance d’enseigner aux étudiants universitaires les bienfaits supposés de l’utilisation de remèdes traditionnels maoris à base de plantes et de spiritualité pour les traitements médicaux ; l’auteur souligne qu’aucun essai clinique ne prouve leur efficacité.
Jerry Coyne et Luana Maroja font valoir qu’ils ne minimisent pas l’expérience maorie. Mais ils mettent en garde : « Amalgamer savoir autochtone et science moderne risque de semer la confusion chez les élèves quant à ce qui constitue le savoir et la nature même de la science. »
The War on Science  (La Guerre contre la Science) aborde plusieurs sujets politiques controversés qui ont imprégné l’enseignement scientifique. L’ouvrage souligne comment l’acceptation du transgendérisme redéfinit radicalement les études en biologie.

La science est attaquée par des opinions extrêmes.

Se pose également la question de l’utilisation par des professeurs de leur autorité académique pour faire des déclarations politiques sur des sujets non scientifiques, notamment concernant la guerre à Gaza.
La multiplication des incidents antisémites sur les campus universitaires est abordée dans The Treason of the Intellectuals (La Trahison des intellectuels), une leçon d’histoire troublante de Sir Niall Ferguson, chercheur principal à l’Université de Stanford et à l’Université Harvard. M. Ferguson a établi des parallèles troublants entre l’hostilité envers les étudiants juifs contemporains et les premières années de la folie qui a défiguré l’Allemagne des années 1930.
Certains auteurs ayant contribué à War on Science sont peut-être familiers aux lecteurs grâce à leur notoriété à la télévision et sur les réseaux sociaux. Parmi eux, le professeur d’Oxford, Richard Dawkins, et le psychologue canadien Jordan Peterson.
Si un ouvrage sur l’état de l’enseignement scientifique peut paraître un peu ésotérique pour les lecteurs extérieurs à ce domaine, War on Science est un ouvrage incontournable pour quiconque s’inquiète du contexte universitaire actuel et des dommages qu’il pourrait infliger au monde de demain.
The War on Science: Thirty-Nine Renowned Scientists and Scholars Speak Out About Current Threats to Free Speech, Open Inquiry, and the Scientific Process
Publié par Lawrence M. Krauss
Post Hill Press : 29 juillet 2025
Couverture rigide, 480 pages

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Phil Hall est l'auteur de 11 livres, l'animateur de l'émission de radio syndiquée « Nutmeg Chatter », le rédacteur en chef de Weekly Real Estate News, le corédacteur en chef de Cinema Crazed et un écrivain dont le travail est apparu dans le New York Times, le New York Daily News, le Hartford Courant, Wired, The Hill, Jerusalem Post, Cowboys & Indians, Film Threat et Wrestling Inc.

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