La Jeune Garde : inquiétude autour de la normalisation de ce groupe antifa, connu pour ses faits d’extrême violence

Par Etienne Fauchaire
18 mai 2023 16:01 Mis à jour: 18 mai 2023 16:01

Fondé à Lyon en 2018, la « Jeune Garde », groupe d’extrême gauche actif dans plusieurs grandes villes de France, assume l’usage de la violence et de l’intimidation, un « antifascisme de rue » qui incite ses membres à s’entraîner aux sports de combat, comme l’illustre leurs pages Facebook et Twitter. Aujourd’hui en quête de respectabilité, le mouvement « antifa », qui bénéficie d’une large couverture médiatique, tisse et renforce ses liens avec les formations de gauche, syndicats comme partis politiques.

Des insignes qui tirent leurs origines dans la SFIO

La Jeune Garde puise son nom dans un chant révolutionnaire écrit en 1912 pour le mouvement de jeunesse de la SFIO. Leur symbole, représenté par trois flèches, est connu des initiés : il s’agit de celui des groupes d’autodéfense socialistes français des années 1930, adopté ensuite comme logo officiel par la Section française de l’internationale ouvrière (SFIO), qui deviendra le Parti socialiste (PS).

Un symbole qui vient compléter un autre, bien plus répandu dans la mouvance « antifa » : les deux drapeaux superposés dans un cercle. Ce fameux logo s’inspire de l’Antifaschistische Aktion. Œuvrant à étiqueter tous les partis rivaux de « fascistes », cette organisation était liée au Parti communiste allemand dans les années 1930 et reliée au « front uni » de l’Internationale communiste de l’Union soviétique (Comintern), dictature responsable de la mort de pas moins de 20 millions de civils selon le Livre noir du communisme : Crimes, terreur, répression.

Raphaël Arnault, ambitieux chef de la Jeune Garde

Le groupe est emporté par son médiatique porte-parole, Raphaël Arnault. Issu du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), ce Lyonnais âgé de 28 ans, proche d’Olivier Besancenot et de Philippe Poutou, a été aperçu à plusieurs reprises avec Jean-Luc Mélenchon, qu’il a soutenu lors de la présidentielle de 2022, Éric Coquerel et le sulfureux Taha Bouhafs, ex-candidat LFI aux élections législatives à Vénissieux, accusé de viol.

Voyant les choses en grand, l’activiste s’est employé ces dernières années à conférer à la Jeune Garde une aura de respectabilité. Du Monde au Progrès en passant par Mediapart, les portraits de Raphaël Arnault, teintés de nuances positives, s’enchaînent dans la presse. S’y ajoute des interviews dans des médias aussi bien locaux que nationaux. En 2022, celui-ci se rêve député et se présente aux élections législatives dans la 2e circonscription du Rhône. Résultat : 4e place au premier tour du scrutin, avec 6,81 % des voix. Un échec compensé par une couverture médiatique qui lui octroie une certaine notoriété.

Consécration pour le militant le 3 avril dernier : sur demande du groupe Écologiste-Nupes, celui-ci est reçu à l’Assemblée nationale dans le cadre d’un débat « sur la lutte contre le terrorisme d’extrême droite ». Une venue qui a déclenché l’ire de divers élus de droite, à l’instar de la députée RN Laure Lavalette ou du président des Républicains Eric Ciotti : « Indignité absolue […] Le même qui revendique l’agression d’étudiants avec le groupuscule ultra-violent de Lyon, la Jeune Garde ! », s’est écrié l’homme politique sur Twitter. Au regard des actions violentes menées par son leader et son groupe, ce choix a de quoi interroger.

La revendication d’une violence décomplexée

En effet, comme le rapporte Le Figaro dans une enquête sur la Jeune Garde parue ce mardi 16 mai, Raphaël Arnault est accusé de plusieurs actes d’agressions. Le journal cite ainsi le témoignage de Guillaume, un jeune Lyonnais contant « la violente agression » dont il affirme avoir été victime : « Se faire tabasser par des antifas, c’est un risque courant quand on est militant royaliste, et je me dis que ça ne sert à rien de témoigner. Mais maintenant que je vois mon agresseur parader à l’Assemblée nationale, je ne peux plus me taire, il faut bien qu’on dise qui ils sont. » Si la police l’a enjoint à porter plainte, Guillaume a refusé, hésitant même à se confier au Figaro. Il poursuit : « Ils repèrent nos visages sur les réseaux sociaux, font des fiches, des listes et nous cherchent ensuite en sillonnant le Vieux Lyon à scooter. Un jour, Raphaël Arnault m’a reconnu dans le métro. Comme il était seul, il m’a simplement menacé. Mais une autre fois, il était avec un autre antifa, Safak Sagdic (cofondateur de la Jeune Garde, NDLR), et ils me sont tombés dessus à deux contre un et m’ont tabassé à coups de casque. Comme je suis tombé inconscient, ils se sont enfuis, de peur de m’avoir tué et d’avoir de gros ennuis, et je me suis réveillé dans l’ambulance. »

Ces agresseurs n’hésitent pas à traquer leurs cibles jusqu’à leur domicile, dénonce Guillaume : « Ils jouent à créer un climat de peur pour qu’on ne se sente jamais en sécurité, par exemple lorsque nous distribuons nos tracts ». Un témoignage qui fait écho à celui de Baudouin, 21 ans, responsable de l’Action française en Vendée : « J’ai subi deux intrusions dans mon domicile de la part des antifas. Ils ont signé leur venue en laissant des stickers un peu partout. Sur les réseaux, ils affichent mon nom de famille, ma tête, mes études ; ils veulent juste m’intimider », confie-t-il à Valeurs Actuelles.

En décembre 2021, ce sont des militants macronistes, peu suspects de sympathies à l’égard de « l’extrême droite », qui avaient été violentés par des membres de la Jeune Garde alors qu’ils distribuaient des tracts dans le quartier de Barbès, à Paris.

Ancien responsable de l’UNI Strasbourg, syndicat étudiant de droite, François Blumenroeder, pris à partie par plusieurs antifas en septembre 2021, fustige auprès du Figaro les méthodes mises également en œuvre par la Jeune Garde dans la ville alsacienne. « Lorsque nos sympathisants savent qu’ils peuvent se faire casser la figure en allant à un meeting, ils y réfléchissent à deux fois. Leur but est de nous empêcher de militer et de défendre nos idées sur le terrain. »

Citoyens et journalistes pris pour cible

Selon Pierre-Alexis, un étudiant lyonnais également interviewé par le quotidien, le groupe ne s’en prendrait pas uniquement à des militants de droite, mais également à des citoyens sur la base du fait qu’ils soient… « seulement bien habillés ». « Alors que j’étais avec un ami à Lyon, Raphaël Arnault est venu et nous a alpagués, en nous traitant de « fafs » (acronyme de « France aux Français », pour désigner les militants de droite nationaliste, NDLR). Comme nous étions deux, il nous a proposé une bagarre en un contre un dans le parc voisin, ce que nous avons refusé, puisque nous n’étions pas militants du tout… nous étions seulement bien habillés, avec un chèche et une chemise », raconte-t-il.

Également dans le viseur : les journalistes. Georges Matharan, directeur de la rédaction de Livre Noir, en a fait les frais. Après la manifestation pour les victimes de l’insécurité organisée le 20 octobre, rassemblement qui s’était déroulé six jours après le meurtre de la petite Lola par une Algérienne sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF), le journaliste, assis dans un café, se fait interpeller soudainement par une quinzaine d’individus encagoulés, avant de se voir infliger des coups, nombreux et violents. « J’étais assis, et j’ai commencé à recevoir d’un seul coup des coups de pied dans le ventre. Ça s’est passé tellement vite, je n’ai pas eu le temps de me défendre », narre-t-il à Valeurs Actuelles. Bilan : un traumatisme crânien, une commotion cérébrale, des hématomes aux jambes, un nez de travers et plusieurs coupures à l’arrière du crâne causées par les gants coqués des antifas, sur lesquels étaient disposées de petites lames.

Ces agressions, la Jeune Garde n’en a pas honte : au contraire, elle les revendique par le biais de canaux antifas comme « Antifa Squads ».

Un des cadres de la Jeune Garde, Hamma Alhousseini, plus connu sous le nom de Luc Bawa, a d’ailleurs été condamné en août 2020 pour des faits d’agression dans un bar du vieux Lyon. Le même a fait l’objet d’une enquête pour apologie du terrorisme après avoir apporté sur les réseaux sociaux un soutien au groupe terroriste djihadiste Boko Haram et avoir tourné en dérision la décapitation de Samuel Paty. « À force de critiquer et insulter la même religion voilà le résultat… mais le tweet mooooorrrrr », écrivait-il alors dans un message assorti d’émoticônes moqueurs.

Interdiction de cette mouvance d’extrême gauche

Autant d’éléments qui amènent Le Figaro à s’interroger en conclusion de son enquête à propos d’une future dissolution du groupe antifa : « À l’heure où Gérald Darmanin tente de faire interdire les manifestations de groupes d’ultradroite, après avoir dissous Génération identitaire, ce groupuscule d’ultragauche pourrait-il se retrouver dans le viseur des autorités, comme ce fut le cas pour l’autre collectif antifa lyonnais GALE ? »

Et le journal d’indiquer qu’il existe plusieurs critères pour agir en ce sens, si tant est que la volonté politique soit au rendez-vous. Parmi eux, la direction des libertés publiques pourrait faire valoir que la Jeune Garde appelle « à des manifestations armées ou à des agissements violents à l’encontre des personnes ou des biens », ou qu’il présente « par sa forme et son organisation militaires le caractère de groupes de combat ou de milices privées ».

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