La Jordanie, aux portes du conflit syrien

5 juin 2018 17:40 Mis à jour: 5 juin 2018 17:43

Le royaume de Jordanie, en pleine contestation sociale, a subi de plein de fouet les conséquences des conflits à ses frontières, notamment avec un afflux massif de réfugiés syriens qui pèse sur une économie en difficulté. La Jordanie, qui partage sa frontière avec l’Arabie saoudite, Israël, la Syrie et l’Irak, s’est trouvé directement affecté par le conflit syrien qui dure depuis 2011, et dans une moindre mesure par la guerre qui a opposé le groupe Etat islamique (EI) et les forces gouvernementales en Irak.

Elle fait partie de la coalition internationale antijihadistes menée par Washington. En février 2015, le royaume avait intensifié ses frappes en Syrie après que le groupe Etat islamique (EI) y avait capturé puis tué un de ses pilotes. Il ne participe plus actuellement aux raids. Frappée par plusieurs attentats en 2016, la Jordanie ferme alors ses frontières avec la Syrie et l’Irak (cette dernière est rouverte en 2017) de crainte de voir des djihadistes s’infiltrer en se mêlant aux réfugiés. La menace est aussi intérieure, plusieurs milliers de Jordaniens appartenant à des groupes djihadistes, selon des sources proches des islamistes.

Fuyant la guerre, plus de 650.000 réfugiés syriens sont enregistrés auprès du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) en Jordanie, mais les autorités jordaniennes évaluent leur nombre à plus d’un million. Sous mandat britannique depuis la fin de la Première guerre mondiale, le royaume est créé en 1946 par Abdallah Ier. Son petit-fils Hussein entame un processus de démocratisation: les premières élections législatives multipartites sont remportées par les indépendants proches du pouvoir en 1993.

L’opposition islamiste des Frères musulmans, à l’initiative de manifestations lors du Printemps arabe  en 2011, est présente à la chambre des députés depuis les élections de 2016, avec 16 sièges remportés sur 130. Les Frères musulmans avaient boycotté les élections législatives de 2010 et 2013. Le Parlement, qui compte 21 femmes, jouit de pouvoirs limités: c’est le roi Abdallah II (en place depuis 1999) qui nomme le Premier ministre, comme les 55 membres du Sénat.

Ce petit pays de 92.300 km2 et de 10 millions d’habitants, en grande partie désertique, n’a qu’un accès à la mer Rouge avec le port d’Aqaba (sud-ouest) et se trouve dépourvu de ressources naturelles. Il connaît d’importantes difficultés économiques avec un taux de chômage de 18,5% et une dette de plus de 90% de son PIB, alors que l’accueil massif de réfugiés pèse sur ses finances. La fermeture des frontières avec la Syrie et l’Irak, deux pays avec lequel il commerçait beaucoup, a aussi affecté son économie.

Le royaume dépend plus que jamais de l’aide étrangère, notamment celle des Etats-Unis, qui ont annoncé en février un geste annuel de plus d’un milliard de dollars. Le Fonds monétaire international (FMI) a approuvé en 2016 une ligne de crédit de 723 millions de dollars sur trois ans en échange de mesures d’austérité. C’est la réforme fiscale imaginée à cet effet qui est l’objet de la contestation sociale actuelle, alors que plusieurs hausses de prix ont frappé depuis janvier des produits de première nécessité dont le pain en raison d’un relèvement des taxes.

Allié historique des Etats-Unis, le royaume, dont la population compte 40% de Palestiniens, naturalisés ou non, entretient des rapports tendus avec Israël. Officiellement en paix avec son voisin depuis 1994, la Jordanie est gardienne des lieux saints musulmans de Jérusalem. Les relations se sont détériorées en juillet 2017 après la mort de deux Jordaniens, tués par un agent de sécurité israélien dans l’enceinte de la représentation diplomatique dans des circonstances troubles.

Immédiatement fermée, l’ambassade israélienne à Amman a été rouverte en janvier 2018, quelques jours après qu’Abdallah eut exprimé son « inquiétude » au sujet de la décision controversée de son allié américain de reconnaître Jérusalem capitale d’Israël.

DC avec AFP

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