La maire de Bourg-lès-Valence refuse de marier une Française et un sans-papiers : SOS-Racisme porte plainte

Par Emmanuelle Bourdy
2 juillet 2025 14:14 Mis à jour: 2 juillet 2025 14:14

Marlène Mourier, maire de Bourg-lès-Valence (Drôme), fait l’objet d’une plainte pour avoir refusé de célébrer le mariage, en mai dernier, entre une Française et un ressortissant tunisien en situation irrégulière.

Soupçonnant un mariage blanc, la maire (Les Républicains) de Bourg-lès-Valence a refusé, le 17 mai dernier, de célébrer l’union entre une Française de 49 ans, maman de six enfants, et un homme d’une trentaine d’années, de nationalité tunisienne. Ce dernier avait « avoué » vouloir se marier « pour les papiers ». Aujourd’hui, l’élue est visée par une plainte de SOS-Racisme pour discrimination, comme le rapporte Le Figaro.

Il a déclaré vouloir se « marier pour les papiers »

Marlène Mourier a expliqué lors d’une conférence de presse donnée quelques jours avant la date du mariage que celui-ci ne serait pas célébré étant donné qu’il s’agissait « manifestement d’un mariage de complaisance » et « insincère », précise le JDD.

Lors de l’audition préalable au mariage, obligatoire pour tous les futurs époux, le clandestin avait lui-même déclaré vouloir se « marier pour les papiers », une mention qu’il a signée. Face aux policiers, il a toutefois évoqué un « amour sincère » pour sa future épouse.

Considérant la « situation fragile » de la future mariée, l’édile avait exprimé ses craintes, plaidant, comme le relate Ici Drôme Ardèche : « Mon devoir, c’est de la protéger. » L’élue avait ajouté à propos du futur époux : « Ce Monsieur a eu un visa touristique qui a été rejeté. Il aurait dû être sous OQTF. Il n’a jamais eu de contrôle. Il travaille au noir. Tout le monde le sait, mais ça ne choque personne. »

Une lettre était également venue appuyer les soupçons de la maire de Bourg-lès-Valence : rédigée par une personne anonyme semblant appartenir à l’entourage de la quadragénaire, elle dissuadait l’élue de célébrer ce mariage.

« J’irai m’expliquer devant les tribunaux s’il le faut »

N’ayant constaté aucun empêchement légal, le parquet de Valence avait, de son côté, ordonné la célébration du mariage. Dans un courrier que nos confrères du Figaro ont pu consulter, le procureur de la République avait certifié que « Monsieur K. n’a jamais indiqué se marier uniquement pour les papiers », ajoutant : « La volonté de se marier pour régulariser une situation administrative n’est pas exclusive d’un amour sincère. »

Le procureur avait averti Marlène Mourier que, si elle refusait de procéder au mariage, elle s’exposerait à des poursuites judiciaires, assorties d’une peine pouvant aller jusqu’à cinq ans de prison et d’une sanction d’inéligibilité. « J’irai m’expliquer devant les tribunaux s’il le faut », avait-elle contrecarré.

L’élue regrette que le courrier du procureur ne fasse état d’« aucune investigation » de la part des services de police, pointant : « Quand nous rendons un avis défavorable, il n’est quasiment jamais suivi. »

SOS-Racisme porte plainte

Prenant position dans cette affaire, SOS-Racisme vient de déposer une plainte que nos confrères ont également pu consulter. L’association, qui se base sur la décision rendue par le procureur de la République de Valence, accuse l’édile de discrimination envers les futurs mariés. Elle lui reproche également de ne pas s’être conformée à la décision du procureur, « alors même que le critère légal permettant de procéder au refus de célébration d’un mariage, soit l’absence de consentement des époux, n’était pas établi ».

Marlène Mourier a assuré auprès du Figaro ne pas être raciste, faisant valoir qu’elle célèbre « de nombreux mariages de personnes d’origine tunisienne, algérienne, arménienne » et qu’elle reçoit « de nombreux étrangers lors de [ses] permanences ».

L’édile reçoit le soutien d’élus

Dans cette affaire, plusieurs élus soutiennent Marlène Mourier. C’est notamment le cas du président du conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, ainsi que du maire de Valence, Nicolas Daragon, également président de l’Association des maires de France dans la Drôme. « Il est inadmissible que la parole des maires ne soit pas entendue et respectée, et qu’ils soient considérés comme de simples exécutants de l’État, alors même qu’il leur est demandé d’instruire les demandes de mariage », s’est agacé ce dernier au micro de Ici Drôme Ardèche.

Forte de tous ces soutiens, Marlène Mourier a réaffirmé être prête à se défendre devant la justice, sachant qu’il reviendra au procureur de Valence de décider s’il y a lieu de donner suite à la plainte déposée par SOS-Racisme.

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