La mairie de Vincennes projette d’abattre des dizaines d’arbres «en bon état pour des raisons esthétiques» aux abords du château

Par Emmanuelle Bourdy
21 septembre 2023 17:03 Mis à jour: 21 septembre 2023 17:03

La maire de Vincennes (Val-de-Marne), Charlotte Libert-Albanel, a expliqué dans le dernier numéro du journal municipal qu’elle prévoyait d’abattre des dizaines de platanes aux abords du château, son but étant de « valoriser ce monument très visité ». Bien que la municipalité certifie qu’aucun projet précis n’est acté pour le moment, le Groupe national de surveillance des arbres (GNSA), lui, s’inquiète.  

Le projet de « réaménagement » des abords du château de Vincennes prévoit de supprimer les glacis (talus), et déraciner des platanes pour y planter à la place, « des essences d’arbres nobles », ainsi que le rapporte Actu.fr. Autant dire que cette information n’a pas fait l’unanimité, notamment parmi les membres du GNSA, ce collectif œuvrant « activement pour la protection des arbres en milieu urbain et rural, le développement durable et l’éducation à l’environnement », précise-t-il sur son site.

Pour y planter « des essences d’arbres nobles à la place »

Pour l’édile, ce projet, bien qu’ancien, est « toujours d’actualité ». Il a « été acté en 1999 par le Conseil municipal, qui a voté la suppression des glacis pour redonner aux remparts leur perception originelle, renforcer la visibilité du Château, tout en plantant, de façon volontaire cette fois-ci, des essences d’arbres nobles à la place des actuels platanes », se justifie l’élue dans le dernier numéro du journal municipal.

Marie-Noëlle Bernard, une membre active du GNSA, se demande ce qu’il faut comprendre par « les platanes ne sont pas assez ‘nobles’ ».

« C’est une essence qui donne de l’ombre, accueille de la biodiversité et qui résiste très bien au réchauffement climatique », précise-t-elle auprès de nos confrères. Quant à savoir ce qu’entend l’édile lorsqu’elle parle de la « perception originelle » du château, là encore, la militante s’interroge. S’agit-il « du temps de Charles V », période à laquelle « le château était entouré d’une forêt » ? « C’est un monument qui a besoin de son écrin de verdure », précise-t-elle.

D’ailleurs si ce projet se concrétise, Marie-Noëlle Bernard signale que le GNSA déposera un référé suspensif, relate Actu.fr. Cette procédure d’urgence permettra ainsi d’empêcher l’exécution immédiate du projet.

« Nous avons besoin de tous les arbres dans un contexte de réchauffement climatique »

« La mairie de Vincennes n’aime pas la nature : massacre du cours Marigny, massacre des alentours du château, soutien du projet écocide du projet ligne 1 de métro, contre l’avis de ses administrés. Mais la planète sera sauvée, on installe des composts en centre-ville », s’est désolée sur X ce mardi 19 septembre Laurence, une internaute. Le GNSA a renchéri en assénant : « Et des hôtels pour les oiseaux et des expos sur les arbres… c’est le plan climat Vincennes ! » Le 1er septembre dernier, dans un autre tweet, l’association écologiste avait révélé une peinture datée de 1952 montrant des arbres aux abords du château. « À toutes les époques on les retrouve… ils font partie du patrimoine classé », avait ajouté le collectif en commentaire.

Pour le collectif, abattre ces arbres est d’autant plus aberrant qu’ils ne sont pas malades, ainsi que l’a constaté Louis Vallin, son expert arboriste. Il trouve « dommage d’abattre des arbres en bon état pour des raisons esthétiques ». « Nous avons besoin de tous les arbres dans un contexte de réchauffement climatique. Ce n’est pas un propos d’écolo, c’est un propos d’expert », avance-t-il.

Quant à la question de replanter d’autres arbres, le GNSA n’est pas très optimiste non plus car comme l’explique encore Louis Vallin, il faut compter « en moyenne 3 ou 4 ans pour la reprise correcte d’un arbre ». « Quand une nouvelle essence est plantée, il ne lui faut aucun stress et pas de grandes chaleurs. Et c’est beaucoup plus compliqué de nos jours », pointe-t-il.

« Cela n’a rien à voir avec les JO »

La municipalité, qui se veut rassurante, a signifié qu’à ce stade, le projet « n’est qu’une déclaration d’intention ». « Comment valoriser ce monument très visité ? Dans les semaines qui viennent, la question va se décanter », a poursuivi la municipalité, qui comprend « difficilement la polémique alors qu’aucun projet précis n’est acté ». Elle assure encore que « de multiples acteurs pourront avoir un droit de regard sur ce sujet des abords du Château », entre autres différents ministères (Défense, Culture), mais aussi la Ville de Paris. On ignore toutefois si un collectif tel que le GNSA aura son mot à dire.

Charlotte Libert-Albanel a également rappelé que le château de Vincennes sera le lieu de passage de la flamme olympique, lors des JO de Paris l’année prochaine. Le site accueillera également une épreuve de contre-la-montre de cyclisme, ainsi que la plus grande fan-zone des JO de l’Est parisien. Là encore, le GNSA ne voit pas ces événements d’un bon œil, craignant un impact négatif sur la faune et la flore. Il va même jusqu’à penser qu’il y a « anguille sous roche ». Mais la mairie de Vincennes s’en défend, certifiant que ce projet « n’a rien à voir » avec les JO.

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