La naissance d’un village éphémère

7 janvier 2015 04:24 Mis à jour: 4 août 2015 04:51

 

Sainte-Anne-de-la-Pérade est connue internationalement comme étant la capitale mondiale de la pêche au poulamon, un petit poisson de la famille de la morue, aussi appelé «petit poisson des chenaux». Le village est situé en Mauricie, entre Trois-Rivières et Québec, à environ deux heures de route de Montréal.

Le village sur la glace, avec ses 500 chalets chauffés, est ouvert de la fin décembre au 15 février 2015.

Chaque année, à la fin décembre, un village pittoresque en entier naît sur la glace de la rivière Sainte-Anne, à Sainte-Anne-de-la-Pérade, pour une saison de pêche hivernale qui va durer moins de deux mois. Toutefois, quelle est la logistique derrière ces jolies cabanes sur la glace?

Locataire du lit de la rivière!

Tout commence par une entente entre le gouvernement provincial et l’Association des pourvoyeurs de pêche aux petits poissons des chenaux : ces derniers sont les locataires du lit de la rivière pendant l’hiver. Locataires de lit de la rivière? Ça, c’est spécial! Cela signifie tout simplement que l’association est responsable de toute l’organisation et de la coordination de la pêche sur la rivière Sainte-Anne.

Préparatifs avant la saison

Bien avant que la glace ne se forme, les pourvoyeurs font toutes sortes de travaux de préparation et de réparation sur les chalets. Évidemment, une maisonnette qui se fait transporter deux fois par an, qui passe une partie de l’hiver sur la glace, avec de l’eau sur les planchers pendant toute la saison, cela demande un certain entretien qui doit se faire chaque année sans faute. La plupart des pourvoyeurs ont un autre emploi pendant l’été; alors, les soirs, les fins de semaine, tout au long de l’année, ils prennent soin des cabanes de pêche qu’ils offrent à la location. Il faut repeindre les planchers, l’extérieur, les poêles à bois, refaire les toitures, remplacer les fenêtres qui fissurent pendant le transport, réparer les portes pour qu’elles ferment bien, etc.

La glace

Une fois que les chalets sont prêts, il reste à patienter pour qu’il fasse assez froid, de manière à ce qu’une petite glace naturelle se forme sur la rivière Sainte-Anne. Après deux ou trois nuits de froid, la rivière gèle d’elle-même, généralement entre la mi-décembre et le temps des fêtes. Le plus tôt possible est l’idéal pour laisser le temps aux pourvoyeurs d’installer le village plus tranquillement, mais parfois tout doit se faire à la dernière minute. «Ensuite, les pourvoyeurs vont arroser par-dessus la glace pour la faire épaissir rapidement», raconte Isabelle Durette, directrice générale de l’Association des pourvoyeurs de la rivière Sainte-Anne.

Après avoir arrosé la glace pour l’épaissir, les pourvoyeurs installent les poteaux qui vont permettre d’électrifier tout le village. En arrière-plan, les chalets attendent leur tour pour être transportés sur la glace. (Association des pourvoyeurs de pêche aux petits poissons des chenaux)

Chaque pourvoyeur dispose d’un territoire cadastré bien délimité, comme sur la terre, et on lui confie toujours le même emplacement. Chacun est donc responsable d’épaissir la glace sur son territoire et de faire des tests pour vérifier son épaisseur. «À partir du moment où on a six ou sept pouces de glace, on peut commencer à installer les poteaux et les fils électriques. Ensuite, quand on arrive à une dizaine de pouces, on peut commencer à transporter les petits chalets», continue la spécialiste.

Installation du village

Avant d’apporter les maisonnettes, il faut faire le trou pour pêcher, en retirant de gros blocs de glace. Il faut bien vider le frasil du trou, cette espèce de slush qui circule sous la glace. Une fois le trou bien nettoyé, le pourvoyeur installe dans chaque coin les cubes de glace qu’il a sortis pour poser le chalet dessus. Les petites habitations sont apportées par des tracteurs. Ensuite, il reste à «renchausser» les côtés de la maisonnette, c’est-à-dire pousser de la neige pour bien bloquer l’espace entre la glace et la cabane, de manière à s’assurer que l’air ne passe pas sous le chalet. Alors on est prêt à pêcher!

Derniers détails

Il ne faut toutefois pas oublier que, pour avoir un village opérationnel qui reçoit autant de visiteurs, il faut quand même ajouter quelques infrastructures telles que des toilettes sur la glace. Celles-ci doivent être pompées régulièrement : «Non, ça ne va pas dans la rivière!», assure en riant Mme Durette, tout en précisant que cette question leur est posée à l’occasion. Il est également indispensable de prévoir un système de collecte des poubelles.

Le travail invisible

En plus de tout ce que l’on devine aisément – il faut faire le ménage des chalets entre chaque location par exemple – les pourvoyeurs effectuent beaucoup de travail dans l‘invisible tout au long de la saison. Il faut par exemple souvent changer les lignes à pêche au cours de la saison, parce qu’elles deviennent pleines de nœuds, changer les hameçons qui sont cassés, remplir les cabanes de bois de chauffage deux fois par jour, laver les guenilles qui servent à se laver les mains. Les appâts – du foie de porc – arrivent en vrac et il faut tout ensacher individuellement.

Et, surtout, quand il y a beaucoup de frasil, les pourvoyeurs travaillent très dur physiquement pour le retirer manuellement : il n’existe pas encore de système automatique pour déboucher les trous. La quantité de frasil dépend de la température; certaines années, il y en a plus que d’autres, et les pourvoyeurs doivent travailler plus fort.

Pour en savoir davantage : www.associationdespourvoyeurs.com ou tél. : 418 325-2475

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