La police secrète chinoise menace les avocats portant plainte contre l’ancien chef du Parti

20 décembre 2015 15:31 Mis à jour: 20 décembre 2015 20:51

Qinglongshan signifie en chinois « Montagne du Dragon d’Azur ». Une appellation des plus communes pour ce projet agricole situé à la frontière nord-est de la Chine, juste de l’autre côté de la rivière la séparant de la Russie Sibérienne.

L’endroit est également le siège d’une célèbre « base d’éducation légale », installation d’état réquisitionnée dans un but précis : le modelage idéologique forcé des pratiquants de Falun Gong. Le Falun Gong est une pratique de méditation traditionnelle persécutée par le Parti communiste depuis 1999.

Durant des années, des avocats des droits de l’homme ont défendu des pratiquants, jusqu’à ce qu’ils aient à se défendre eux-mêmes, alors que la police les harcelait et exerçait des pressions sur eux pour qu’ils mettent fin à leur travail.

Le 1er décembre, trois avocats travaillant sur le plus célèbre cas d’abus à Qinglongshan ont été, comme on dit dans le jargon chinois, « invités à prendre le thé ». Ou autrement dit, appelés  par le Bureau 610 pour être interrogés.

Le Bureau 610 est le nom officieux d’une agence extralégale du Parti communiste créée par Jiang Zemin afin de faciliter la persécution du Falun Gong. Ce Bureau est détenteur de l’autorité du Parti pour superviser la police et les tribunaux à de multiples niveaux administratifs.

Le 28 octobre, au nom de leurs clients, les avocats ont soumis une plainte pénale contre les autorités locales aux procureurs du Heilongjiang. Mais plutôt que de considérer l’affaire, les procureurs ont simplement transmis les documents aux forces secrètes de la police—accusées de diriger un centre illégal de lavage de cerveau.

Parmi les documents légaux récupérés, la police secrète a été particulièrement irritée en voyant une pétition signée par 1 300 résidents de la région de Jiangsanjiang, dont dépend Qinglongshan. Celle-ci soutenait les victimes des tortures, décidées à présent à poursuivre Jiang Zemin.

Dans cette photo d’archives, un groupe d’avocats chinois ont mené une grève de la faim devant le Centre de Détention de Jiansanjiang, en Mars 2014, incitant les autorités à libérer quatre avocats des droits de l’homme illégalement détenus pour avoir défendu des pratiquants de Falun Gong. (Copie d’écran via Weibo.com)
Dans cette photo d’archives, un groupe d’avocats chinois ont tenu une grève de la faim devant le centre de détention de Jiansanjiang, en mars 2014, incitant les autorités à libérer quatre avocats des droits de l’homme illégalement détenus pour avoir défendu des pratiquants de Falun Gong. (Copie d’écran via Weibo.com)

« Il semble que cela ait provoqué un impact plutôt important » a déclaré Chang Boyang, dans un entretien accordé à Epoch Times, en se référant à la réaction du régime.

Les avocats—Chang Boyang, Ren Quanniu et Wang Lei, tous de la province du Henan, au centre de la Chine—ont été contactés par leur bureau judiciaire local à la demande du Bureau 610 de la province septentrionale aux températures glaciales du Heilongjiang.

Il semble que cela ait provoqué un impact plutôt important. — Chang Boyang, avocat des droits de l’homme

« Les membres de la famille des plaignants ont dénoncé Jiang Zemin et nous avons déposé une action en justice contre le juge pour son incapacité à se conformer à la loi » a déclaré Chang. « Nous demandons que les violations du juge fassent l’objet d’une enquête, ainsi que l’existence illégale du centre de lavage de cerveau de Qinglongshan  ».

Une ‘force d’intervention spéciale’

Les autorités du régime de Jiangsanjiang ont répondu à la lettre et à la pétition locale associée en créant la « Force d’intervention spéciale 1028 ». Son but, faire pression, voire harceler les avocats des droits de l’homme impliqués dans ce genre de cas. D’après Ren Quianniu, un avocat ayant des informations de sources internes, les autorités tiennent les avocats pour responsables de l’émergence de ces plaintes au sein de l’opinion publique.

La série originale de documents qui a déclenché la sonnette d’alarme au sein des organes de sécurité du régime a été soumise le 28 octobre par Han Sujuan, une pratiquante de Falun Gong détenue à Qinglongshan. Avec l’aide d’avocats de la défense, elle et d’autres personnes impliquées dans le cas de Jiangsanjiang ont remis une lettre accompagnée de plaintes de plus de 50 victimes, et un disque contenant des discours enregistrés de 14 autres victimes, au Parquet du Heilongjiang.

Poursuites contre l’ancien dirigeant

Le soutien envers les pratiquants de Falun Gong semble faire partie d’un mouvement plus large : à travers toute la Chine circulent désormais des pétitions condamnant la persécution du régime envers cette pratique.

Nous demandons que les violations du juge ainsi que l’existence illégale du centre de lavage de cerveau soient l’objet d’une enquête, . –Chang Boyang

À Tangshan, une métropole dans la région de Pékin, 27 000 personnes ont signé de leur nom et apposé leurs empreintes digitales avec de l’encre de cinabre (style traditionnel chinois de signature) pour soutenir l’action légale contre Jiang Zemin.

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En mai dernier, une nouvelle législation a rendu possible l’examen, des plaintes adressées par les Chinois, par des tribunaux et  les plus hautes autorités judiciaires. Depuis, plus de 200 000 personnes ont déposé des plaintes contre Jiang Zemin pour son rôle en tant que persécuteur principal du Falun Gong.

On se sait pas avec certitude ce qui a inspiré la réforme judiciaire de mai, mais ces dernières années, le régime communiste a de plus en plus recours à des slogans tels que « l’État de droit » pour renforcer sa légitimité dans une société où l’idéologie marxiste est en déclin.

Les réactions officielles aux actions en justices diffèrent donc d’une province à l’autre. Alors que certaines autorités ont traité les documents ou même soutenu les pratiquants de Falun Gong dans leurs efforts, d’autres ont interféré avec le processus, en harcelant ou détenant les plaignants.

Un peu plus tôt cette année, une pétition condamnant la pratique des prélèvements forcés d’organes – une pratique largement répandue et visant particulièrement les pratiquants de Falun Gong et autres prisonniers assassinés à des fins lucratives- a recueilli 50 000 signatures à l’échelle nationale.

Usure légale à Jiansanjiang

Le centre de lavage de cerveau de Qinglongshan remonte à 2010, lorsque la police chinoise a établi la « Base d’éducation légale du bureau agricole de Heilongjiang » tout près du village. Selon les reportages publiés par Minghui.org, un site Internet géré par des pratiquants de Falun Gong visant à rapporter des faits sur la persécution, cette base fait office de « prison noire » officieuse et de centre de lavage de cerveau.

Depuis que la Chine a aboli le système des camps de travaux en 2013, des « prisons noires » telles que Qinglonsgshan sont devenues des installations de choix pour les agences du régime impliquées ces dernières années dans la répression du Falun Gong.

Les pratiquants détenus à Qinglongshang sont battus par la police et des voyous parfois engagés à cette fin. Ils subissent souvent la torture et sont enfermés dans des pièces où des écrans diffusent en boucle des messages anti-Falun Gong. Le but est de les obliger à renoncer à leur croyance et à prêter allégeance au Parti Communiste.

En mai dernier, quatre pratiquants toujours détenus à Qinglongshan– Li Guifang, Shi Mengwen, Wang Yanxin, et Meng Fanli—ont été illégalement condamnés, chacun à des peines allant de deux à trois ans de prison. Des policiers lourdement armés, déployés en divers points de contrôle, ont empêché les avocats de se rendre au tribunal.

Jenny Li a contribué à ce reportage.

Version anglaise : Chinese Secret Police Menace Lawyers Aiding Laxsuit Against Former Party Chief

 

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