La présence de Pierre Palmade en boite de nuit samedi confirmée: retour sur la polémique

Par Etienne Fauchaire
27 juin 2023 13:57 Mis à jour: 27 juin 2023 22:24

Mis en examen en février dernier pour homicide et blessures involontaires par conducteur ayant fait usage de produits stupéfiants en état de récidive légale, Pierre Palmade aurait été aperçu dans une boite de nuit bordelaise, l’Ultra Klubs, dans la nuit de samedi à dimanche selon deux vidéos partagées sur les réseaux sociaux. De quoi susciter une polémique retentissante alors que le comédien, qui a percuté un véhicule sous l’emprise de cocaïne le 10 février, faisant trois blessés graves et causant la mort d’un bébé, est toujours placé sous contrôle judiciaire. En revanche, si la virée de Pierre Palmade est fortement critiquée, légalement, elle reste néanmoins autorisée : le 25 avril, son contrôle judiciaire a été assoupli le même jour que son transfert d’un hôpital parisien à un CHU bordelais. Pour tenter tout de même de mettre fin à l’indignation collective suscitée par les images diffusées, le patron de la discothèque a nié hier la présence de l’artiste à l’intérieur de l’établissement à la date concernée. Mais selon les informations du Parisien dévoilées ce mardi matin, l’homme a bel et bien fait la fête dans l’établissement cette nuit-là, portant donc à croire que le gérant du club bordelais a menti.

Émoi sur la toile. Les images tournées qui agitent les internautes depuis quelques jours auraient été prises dimanche 25 juin à 4h15 du matin, publiées sept minutes plus tard, puis relayées le même jour dans la soirée par le compte ShayaraTV sur Instagram, spécialisé dans la diffusion d’information people. Dans cette vidéo, on y voit Pierre Palmade en train de s’amuser à l’Ultra Klubs de Bordeaux, « une boite de nuit fréquentée par la communauté gay dans laquelle de nombreuses drogues circulent », écrit de manière lapidaire le chroniqueur Kamil Abderrahman, dont le tweet est cité par ShayaraTV. Contacté par Checknews de Libération, le propriétaire de ce compte explique avoir obtenu ces éléments d’« une abonnée qui est venue me voir et m’a envoyé les snaps [publications publiées sur le réseau social Snapchat, ndlr] de sa copine avec son approbation ».

La boite de nuit dément…

En voyant le mis en cause dans l’accident meurtrier en train de faire la fête en discothèque, un profond malaise s’est aussitôt répandu sur la toile, comme une trainée de poudre.

Lundi, suite à la diffusion de ces images, plusieurs médias ont donc pris contact auprès du gérant du club bordelais. Ce dernier a fermement démenti la présence de Pierre Palmade dans sa boite de nuit : « C’est une ancienne vidéo. Il n’était pas là samedi ». « Cependant, il n’a pas souhaité préciser la date exacte de la vidéo, malgré nos multiples relances », fait état Libération.

« C’est totalement faux ! Il n’était pas chez nous ce week-end. Il est déjà venu mais la vidéo date de l’avant-Covid. Depuis, on a fait des travaux, on peut s’en rendre compte en comparant avec les images qui ont été filmées », s’est aussi justifié auprès du site d’informations locales Actu.fr Julien Colonna, le directeur d’exploitation du club.

… mais sa version est infirmée

Pourtant, ce mardi matin, Le Parisien le confirme : « Selon nos informations, l’humoriste était bien présent dans la boîte de nuit cette nuit-là. » Le quotidien rapporte qu’un client du club leur a confié une vidéo, non publiée sur les réseaux sociaux, dans laquelle Pierre Palmade est aperçu assis dans le carré VIP. En outre, le journal souligne qu’une publication postée lors de la soirée sur Snapchat par le patron du club, également exhumée et relayée par Shayara TV, affiche ce dernier aux côtés de Pierre Palmade. « Merci Pierre d’être passé, tu resteras toujours le temple du rire », y écrit-il. À ce stade, tout porte donc à croire que le gérant de la discothèque a menti.

En réaction aux déclarations du patron de la discothèque, le compte Shayara TV s’était aussi défendu en postant de nouvelles vidéos, selon lui filmées par d’autres personnes présentes à la soirée. Des captures d’écran des métadonnées viennent soutenir qu’elles ont été tournées à 4h16 et 5h07 dimanche. « Je vous ai posté en exclusivité l’angle de 3 personnes présentes le 25 juin dans la boîte de nuit (toutes les 3 m’ont présenté leurs preuves avec les heures qui concordent) », indique Shayara TV sur Instagram.

Enfin, auprès de BFMTV, une cliente du club affirme elle aussi avoir vu Pierre Palmade dans l’établissement samedi soir : « Il ne cherchait pas à se cacher, il ne cherchait pas à se montrer non plus », relate-t-elle, ajoutant que « le fait d’être là » aurait « dérangé pas mal de monde dans la boîte ». Selon un autre témoin interrogé par la chaine, le comédien se serait rendu dans la discothèque avec trois gardes du corps.

Une sortie critiquée mais autorisée

Cette virée en boite de nuit suscite l’ire des internautes. Pour rappel, la justice avait estimé que l’état de santé de Pierre Palmade était incompatible avec une peine d’emprisonnement. Aussi, quelques mois plus tôt, il avait été décidé que l’artiste serait maintenu sous contrôle judiciaire avec interdiction de quitter le service d’addictologie de l’hôpital de Villejuif à Paris, où il était pris en charge. Mais le 25 avril, Pierre Palmade avait été transféré au Centre hospitalier universitaire (CHU) Pellegrin de Bordeaux, au sein d’un service de soins de suite et de réadaptation. Un hôpital qui n’avait pas été sélectionné au hasard : sa sœur, dentiste de profession, travaille dans cet établissement. Dans le même temps le contrôle judiciaire du mis en cause a été assoupli, lui permettant de s’absenter de l’hôpital les samedi et dimanche sous réserve d’un avis médical, rapportait BFM TV.

Par conséquent, si Pierre Palmade a l’obligation de fixer sa résidence dans un lieu déterminé, de poursuivre ses soins, de demeurer en région Nouvelle-Aquitaine, de ne pas entrer en contact avec les victimes de l’accident et de se plier à l’interdiction de conduire un véhicule, les nouvelles conditions du contrôle judiciaire du quinquagénaire ne lui interdisent pas pour autant de pouvoir se rendre en boite de nuit : « Son contrôle judiciaire lui interdit de quitter la Gironde, d’entrer en contact avec les victimes, de conduire un véhicule terrestre à moteur », explique à Libération Jean-Michel Bourlès, procureur de la République de Melun.

Un droit octroyé devant lequel ils sont nombreux à ne pas décolérer. « Vraie ou pas, de toute façon Pierre Palmade est libre sous un contrôle judiciaire qui ne le lui interdirait pas. Comme pour le conducteur alcoolisé et drogué qui a tué Antoine Alleno. Idem pour la conductrice alcoolisée qui a tué Romain Boulenge, ce policier à Lille. Je rêve d’une justice qui protège d’abord la société et pense aux victimes ! », s’exclame ainsi sur Twitter Matthieu Valet, policier et porte-parole du Syndicat indépendant des commissaires de police.

Soupçons de pédopornographie

Le vendredi 10 février dernier, Pierre Palmade avait pris le volant sous l’emprise de la cocaïne et avait percuté de plein fouet un autre véhicule en sens inverse, sur une route départementale de Seine-et-Marne. L’accident a fait trois blessés graves (un homme, son fils et la sœur du premier, qui a perdu le bébé qu’elle attendait) ainsi qu’un blessé léger.

Le 18 février, cette affaire prenait une nouvelle ampleur médiatique suite à l’annonce d’une enquête pour détention d’images à caractère pédopornographique lancée contre l’humoriste, après deux témoignages effectués auprès des services de police. Si aucun contenu de la sorte n’a été identifié dans les appareils numériques saisis aux deux domiciles de Pierre Palmade en février dernier, l’enquête demeure toujours en cours.

Fabien Fleury, premier témoin qui gravite dans l’entourage de Pierre Palmade, affirme avoir en sa possession des vidéos et enregistrements audios dans lesquels on verrait ou entendrait l’humoriste de 54 ans consulter des vidéos pédopornographiques et se vanter de son impunité. Malgré sa condamnation pour trafic de stupéfiant, son témoignage est jugé crédible, souligne Le Parisien.

Parallèlement, un autre homme, prénommé Patrick et âgé de 28 ans, accuse l’artiste de s’être targué de « disposer sexuellement de deux enfants, de 7 et 9 ans ».

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