La résurgence de l’État islamique dans un contexte de tensions régionales croissantes

Par Antonio Graceffo
27 mars 2024 16:33 Mis à jour: 27 mars 2024 16:33

Alors que les tensions s’intensifient au Moyen-Orient et que les milices soutenues par l’Iran sont en pleine guerre contre Israël et leurs autres « ennemis », l’État islamique (Daech) s’est reconstruit et a apparemment trouvé le bon moment de frapper.

Selon les analystes de la sécurité, la revendication par Daech du massacre dans la salle de concert de Crocus, à l’extérieur de Moscou, est le point culminant d’une montée en puissance permanente de cette organisation terroriste transnationale au cours des dernières années. La coalition internationale n’a jamais vaincu Daech. Cette organisation a reçu quelques coups durs, mais est restée active en Irak, en Syrie et en Afghanistan, avec des branches telles que l’État islamique de Khorasan (Daech-K), qui mènent des attaques dans d’autres pays. Notamment das attaques en Afghanistan contre les talibans qui, selon les estimations de Daech, n’adhèrent pas à une interprétation assez stricte de l’islam. À la veille de l’attentat de Moscou, Daech-K a perpétré un attentat-suicide dans une banque de Kandahar.

Le groupe État islamique a également cherché à diviser les talibans et leurs partisans en lançant des attaques contre les ambassades russe et pakistanaise à Kaboul, ainsi que contre un hôtel abritant des diplomates et des hommes d’affaires chinois. Il reproche également à la Russie de soutenir le régime et ses forces en Syrie et condamne les talibans pour avoir tissé des liens plus étroits avec Moscou.

Daech-K s’oppose à la Chine pour deux raisons. Tout d’abord, il ne veut pas que les talibans soient légitimés en tant que gouvernement officiel de l’Afghanistan, tandis que le Parti communiste chinois (PCC) est désormais l’un des principaux alliés diplomatiques des talibans. En outre, Daech-K reproche à Pékin de réprimer les Ouïghours et d’influencer des pays musulmans comme l’Afghanistan pour qu’ils gardent le silence sur la question.

Daech-K est resté actif, utilisant l’Afghanistan comme base pour lancer des attaques en Iran, au Pakistan et dans d’autres pays. En janvier, des dizaines de personnes ont été tuées et des centaines d’autres blessées lorsque ce groupe terroriste a commis des attentats à la bombe lors de la commémoration du 4ᵉ anniversaire de l’assassinat de Qassem Soleimani, ancien chef du Corps des gardiens de la révolution islamique d’Iran. Le champ d’action de Daech est effroyablement vaste. Après la prise de contrôle de l’Afghanistan par les talibans, elle s’est concentrée sur « l’internationalisation » de ses actions. En conséquence, la Russie, l’Allemagne, la Turquie et le Tadjikistan ont tous découvert des complots de Daech-K à l’intérieur de leurs propres frontières. Fin janvier, des hommes armés de Daech ont attaqué une église catholique à Istanbul. Une publication de Daech-K affirme que le sud de la France devrait constituer l’une des frontières du futur califat de Daech, qui devrait s’étendre jusqu’à l’Australie et l’Indonésie.

En février, le plus haut responsable militaire des forces locales alliées à la coalition internationale menée par les États-Unis (appelée également « coalition contre l’État islamique ») a averti que l’intensification des combats au Moyen-Orient, parallèlement aux attaques des factions soutenues par l’Iran en Irak et en Syrie, ouvrait la voie à la résurgence de l’État islamique. Mazloum Abdi, le commandant en chef des Forces démocratiques syriennes (FDS) – un regroupement hétéroclite de divers groupes religieux et ethniques (majoritairement des Kurdes) unis par leur hostilité surtout à l’État islamique – a informé des menaces les plus urgentes auxquelles ses soldats étaient confrontés.

Le commandant des forces essentielles à la prévention de la résurgence de Daech en Syrie et en Irak a souligné que l’augmentation des attaques menées par des groupes soutenus par l’Iran – tels que le Hamas, le Hezbollah et les houthis – suscite de graves inquiétudes en matière de sécurité dans la région. Il a également constaté une augmentation de l’activité de Daech.

Outre l’augmentation des attaques contre les forces de la coalition en Syrie et en Irak par des groupes soutenus par l’Iran, trois militaires américains ont été tués en Jordanie en janvier. Une base kurde en Syrie, où sont stationnés des soldats de la coalition, a été touchée en février, entraînant la mort de plusieurs militaires kurdes. Le général Abdi estime que l’objectif de ces attaques est de chasser les forces de la coalition.

La mission des FDS consiste à surveiller les menaces de Daech dans la région, de maintenir la sécurité dans les prisons détenant des combattants de Daech et de garder un œil sur les tentatives de radicalisation à Al Hol, un camp pour les familles qui vivaient auparavant sous Daech. Il s’agit d’une tâche importante, étant donné que le camp compte 52.000 habitants. En janvier, les FDS ont capturé 31 membres de Daech qui se cachaient parmi les réfugiés du camp. L’augmentation de la violence ces derniers temps a entravé la capacité des FDS à patrouiller dans la région, à surveiller Daech et à garder un œil sur ses activités potentielles.

Selon le général Abdi, l’un des principaux objectifs de Daech est de faire sortir ses membres des prisons et des centres de détention afin qu’ils puissent rejoindre le combat et l’aider à établir son contrôle. L’une des principales pierres d’achoppement dans les actions menées par la coalition contre Daech est le conflit de longue date entre la Turquie et les Kurdes. La Turquie, membre de l’OTAN, a lancé ses propres opérations militaires dans la région, ce qui a entraîné la mort de civils kurdes et a empêché les FDS de mener à bien leur mission de contre-insurrection.

La Turquie considère des groupes comme le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) comme des organisations terroristes. Cependant, le PKK est également un ennemi des FDS et il a pris pour cible les FDS et les forces de la coalition. L’année dernière, les États-Unis ont dû abattre un drone turc qui menaçait la vie des militaires américains.

La Turquie, volontairement ou involontairement, entrave les opérations menées en Syrie communément par les forces de la coalition et les Kurdes. Dans le même temps, la longue liste de personnes que Daech-K a désignées pour être éliminées devrait aider divers pays à trouver une cause commune sur laquelle coopérer, à savoir l’élimination de l’organisation État islamique. Parmi les personnes figurant sur la liste de Daech-K se trouvent l’ex-président américain Donald Trump, l’actuel président Joe Biden, le dirigeant chinois Xi Jinping, le président russe Vladimir Poutine, le président turc Recep Tayyip Erdogan, ainsi que des dirigeants du Hamas et des talibans.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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