La Suède quitte l’enquête conjointe sur la fuite du Nord Stream et refuse de partager ses conclusions, invoquant la sécurité nationale

Par Mimi Nguyen-ly
16 octobre 2022 11:49 Mis à jour: 16 octobre 2022 11:58

La Suède a choisi de ne pas participer à la création d’une équipe commune chargée d’enquêter sur les récentes fuites des pipelines Nord Stream 1 et 2 appartenant à la Russie, en collaboration avec le Danemark et l’Allemagne.

Mats Ljungqvist, le procureur suédois chargé de l’enquête pénale sur les fuites dans la zone économique suédoise, a fait savoir à Reuters que son pays ne se joindrait pas à l’équipe commune chargée des enquêtes de l’agence de coopération judiciaire Eurojust.

Selon Eurojust, l’équipe commune d’enquête est « un des outils les plus avancés utilisés dans le cadre de la coopération internationale en matière pénale, comprenant un accord juridique entre les autorités compétentes de deux ou plusieurs États dans le but de mener des enquêtes criminelles ». Ces équipes sont établies pour une période déterminée qui varie généralement de 12 à 24 mois.

La Suède serait alors obligée de partager les informations issues de sa propre enquête sur les fuites du Nord Stream, qu’elle n’a pas divulguées en invoquant leur caractère confidentiel. M. Ljungqvist a expliqué à Reuters que les informations soumises à la confidentialité sont « directement liées à la sécurité nationale ».

Les remarques de M. Ljungqvist font suite à une situation similaire rapportée par Der Spiegel, qui mentionne des sources de sécurité allemandes anonymes. Le journal affirme que la Suède a rejeté l’idée de partager avec l’Allemagne et le Danemark les informations qu’elle a découvertes dans le cadre de son enquête sur les fuites du Nord Stream, affirmant que « le niveau de confidentialité des résultats de son enquête était trop élevé pour les partager avec d’autres États. »

M. Ljungqvist a rappelé qu’en‑dehors de l’équipe officielle chargée de l’enquête, la Suède a coopéré avec le Danemark et l’Allemagne pour mener des investigations sur la fuite du Nord Stream.

Selon Reuters, un porte‑parole des services de sécurité suédois a déclaré que la police de sécurité coopérait étroitement avec d’autres autorités, également internationales, dans le cadre de l’enquête criminelle suédoise.

Un porte‑parole du ministère allemand de l’Intérieur a affirmé vendredi aux journalistes que la police fédérale allemande avait terminé son enquête sur le sabotage présumé des pipelines et avait remis ses conclusions.

Quelques jours plus tôt, le 11 octobre, la Première ministre suédoise sortante, Magdalena Andersson, a expliqué que le pays ne pouvait pas partager avec la Russie les informations relatives à son enquête sur les fuites du Nord Stream. « En Suède, le secret entoure les enquêtes préliminaires et cela s’applique également à cette affaire », a‑t‑elle déclaré, rapporte The Associated Press.

Le service de sécurité suédois avait annoncé le 6 octobre que, selon son enquête préliminaire, les fuites des pipelines Nord Stream avaient probablement été le résultat d’un « sabotage grave ». Des « détonations » avaient certainement provoqué ces fuites.

Quatre fuites

Quatre fuites ont été détectées sur les gazoducs Nord Stream – deux sur Nord Stream 1 et deux sur Nord Stream 2 – à la fin du mois de septembre, ce qui a suscité de nombreux soupçons et des inquiétudes, y compris de la part de l’OTAN, quant à un sabotage. Les deux pipelines Nord Stream, qui traversent la mer Baltique de la Russie à l’Allemagne, n’étaient pas en service. Pourtant, le gaz qu’ils contenaient s’échappait à la surface de l’eau. Nord Stream 1 avait récemment cessé de fournir du gaz et Nord Stream 2 n’a jamais été mis en service.

La quatrième fuite, au large du sud de la Suède, a été signalée par les gardes‑côtes suédois le 29 septembre. Les trois premières fuites ont été signalées le 26 septembre. Nord Stream AG, l’opérateur du réseau, a publié un communiqué mettant en évidence la proximité des trois fuites. Il a fait part de ses observations aux journalistes : « La destruction qui s’est produite le même jour simultanément sur trois tronçons des gazoducs offshore du réseau Nord Stream est sans précédent. »

Avant la publication des rapports sur les trois fuites, des explosions ont été enregistrées le long des pipelines Nord Stream. Une première explosion a été enregistrée par des sismologues tôt lundi au sud‑est de l’île danoise de Bornholm. Une deuxième explosion, plus forte, au nord‑est de l’île dans la nuit, équivalent à un tremblement de terre de magnitude 2,3. Des stations sismiques du Danemark, de Norvège et de Finlande ont également enregistré ces explosions.

Le chef du service de renseignement extérieur russe a déclaré vendredi à l’agence de presse russe TASS qu’il disposait de données de renseignement sur le sabotage des deux pipelines, sans toutefois donner plus de détails.

Nord Stream 1 était la principale source de gaz russe vers l’Europe jusqu’au 19 août, date où la société publique russe de pétrole et de gaz Gazprom l’a fermé pour maintenance. Au début du mois de septembre, Gazprom a annoncé avoir abandonné ses projets de redémarrage des flux de gaz vers l’Allemagne par le pipeline pour une durée indéterminée, invoquant la présence d’une fuite d’huile dans une turbine critique qui devait être réparée. La Russie a accusé les sanctions internationales imposées par la guerre en Ukraine de faire obstacle à l’entretien de routine du gazoduc.

Entre‑temps, Nord Stream 2 n’a jamais été mis en service. En février, l’Allemagne a interrompu la certification du gazoduc peu avant l’invasion russe en Ukraine. À cette époque, le chancelier allemand Olaf Scholz avait affirmé que le refus de certifier le gazoduc était une réponse à la reconnaissance par le président russe Vladimir Poutine de l’indépendance de deux régions séparatistes soutenues par la Russie dans l’est de l’Ukraine.

Reuters et The Associated Press ont contribué à cet article.

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