La vaccination à répétition contre la grippe liée à un risque plus élevé d’infection par le virus

Pour les scientifiques, des questions subsistent quant au mécanisme impliqué dans l'augmentation du risque d'infection chez les personnes vaccinées à plusieurs reprises.

Par Marina Zhang
7 janvier 2024 12:55 Mis à jour: 7 janvier 2024 12:55

Un article récent, rédigé par les chercheurs du réseau américain pour l’efficacité des vaccins antigrippaux des Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC), montre que la répétition des vaccins annuels contre la grippe est associée à un risque accru d’infection grippale.

Les auteurs de la prépublication se sont d’abord demandé si le moment de la vaccination et les infections grippales survenues au cours des saisons précédentes n’avaient pas contribué à accroître le risque d’infection chez les personnes vaccinées à plusieurs reprises.

Cependant, ils ont conclu que ces facteurs « ne peuvent pas expliquer entièrement le risque accru d’infection chez les personnes vaccinées à plusieurs reprises par rapport aux personnes non vaccinées à plusieurs reprises ».

Les vaccinés récurrents sont plus susceptibles de contracter un seul type de grippe

L’étude a suivi les patients qui s’étaient présentés avec des maladies respiratoires dans l’une des cliniques désignées entre les saisons 2011 et 2019. Plus de 55.000 visites cliniques ont été analysées et le statut vaccinal a fait l’objet d’un examen plus approfondi.

Les personnes vaccinées à plusieurs reprises, comparées aux personnes non vaccinées à plusieurs reprises, présentaient un risque accru de 10% de contracter le virus de la grippe de type A H3N2, mais pas pour les variantes de la grippe de type B et de la grippe de type A H1N1.

Les personnes ayant contracté la grippe au cours des saisons précédentes étaient davantage protégées contre l’infection si la variante actuellement en circulation était du même sous-type.

Alors que les personnes vaccinées à plusieurs reprises aient tendance à se faire vacciner environ une semaine plus tôt que les personnes non vaccinées à plusieurs reprises, et que les personnes non vaccinées qui ont été infectées au cours de la saison précédente aient tendance à se faire vacciner au cours de la saison suivante, les auteurs ont constaté qu’aucun de ces facteurs ne modifiait de manière significative les estimations relatives aux effets de la vaccination à plusieurs reprises.

Un dilemme permanent

L’augmentation du risque d’infection grippale chez les personnes ayant reçu plusieurs doses de vaccin est un phénomène couramment observé depuis des décennies.

Dès les années 1970, des études ont signalé que la vaccination répétée contre la grippe était liée à une protection vaccinale réduite.

De même, une étude canadienne de 2015 a montré que le vaccin offrait une protection de 43% chez les personnes non vaccinées, alors que les personnes vaccinées la saison précédente avaient une immunité de -15%, ce qui signifie qu’elles couraient un plus grand risque d’infection qu’auparavant.

Ce phénomène a longtemps troublé les chercheurs.

Une théorie populaire est le concept de péché originel antigénique (ou « effet Hoskins ») qui signifie que, quel que soit le virus que nous rencontrons, l’organisme a toujours tendance à réagir aux nouvelles souches virales de la même manière qu’il a réagi à l’infection initiale.

« Nos systèmes immunitaires réagissent le plus fortement aux souches de virus rencontrées dans notre enfance… Selon la théorie du péché originel antigénique, quel que soit le nombre de vaccins antigrippaux ou de rappels Covid que nous recevons, notre organisme s’obstinerait à produire des anticorps fatigués contre une ancienne souche virale », a écrit l’immunologiste Gabriel D. Victora de l’Université Rockefeller dans un article.

En outre, il a été démontré que les vaccinations répétées contre le même virus diminuent la réponse anticorps de l’organisme.

Une étude publiée dans Nature Communications a montré que les personnes vaccinées avec la même formulation pendant deux années consécutives développaient des anticorps moins efficaces pour se lier aux composants viraux et les éliminer en cas d’infection, bien que la souche virale soit similaire d’une année sur l’autre.

D’autres études contredisent ces résultats.

Les auteurs d’une étude de 2022 publiée dans The Lancet Respiratory Medicine ont constaté que « bien que la vaccination de l’année précédente atténue l’efficacité du vaccin, la vaccination au cours de deux années consécutives offre une meilleure protection que l’absence de vaccination ».

Selon de nombreux experts, l’immunité naturelle obtenue en contractant une infection est généralement considérée comme plus efficace que l’immunité à court terme obtenue grâce aux vaccins antigrippaux.

Les effets non spécifiques des vaccins

Le biologiste Alberto Rubio-Casillas, de l’université de Guadalajara, a expliqué par courriel à Epoch Times que les vaccins ont des effets non spécifiques différents.

« C’est-à-dire qu’ils ne préviennent pas seulement la maladie ciblée par le vaccin, mais réduisent également la mortalité due à d’autres infections. Les vaccins entraînent apparemment le système immunitaire de manière à réduire ou à renforcer la sensibilité à des infections sans rapport avec la maladie », a-t-il déclaré.

« Tous les vaccins vivants atténués examinés jusqu’à présent, y compris le BCG (Bacillus Calmette-Guérin), le virus de la rougeole et le vaccin antipoliomyélitique oral (VPO), ont des effets non spécifiques bénéfiques … Au contraire, les vaccins non vivants induisent des effets non spécifiques négatifs ».

À l’inverse, certaines études ont suggéré que les vaccins antigrippaux pouvaient également conférer une immunité contre les virus respiratoires syncytiaux.

La plupart des vaccins antigrippaux autorisés aujourd’hui sont des vaccins non vivants.

Les vaccins vivants tendent à générer une immunité plus longue et plus efficace. Cependant, ils ont également tendance à provoquer des réactions immunologiques plus fortes qui peuvent ne pas être éliminées efficacement par les personnes immunodéprimées ou souffrant de problèmes de santé chroniques.

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