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La voie vers une paix durable en Ukraine

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Donald Trump reçoit les dirigeants européens à la Maison-Blanche pour discuter d'éventuelles garanties de sécurité pour l'Ukraine, le 18 août 2025.

Photo: Win McNamee/Getty Images

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Durée de lecture: 8 Min.

La fin des combats ne suffit pas à garantir la paix. L’exemple ukrainien le rappelle cruellement. Si l’histoire nous enseigne quelque chose, c’est que la paix véritable ne saurait se réduire à l’absence de guerre. Elle suppose la présence de justice, de confiance mutuelle et d’une coopération durable entre nations. Le traité de Versailles, en 1919, mit un terme aux hostilités de la Grande Guerre, mais en instaurant une paix « négative », il prépara les conditions d’un second conflit mondial. Il fallut attendre l’après-1945, les accords de Bretton Woods et la création des Nations unies, pour que se dessine une architecture internationale fondée sur les causes profondes des conflits, prémices d’une paix « positive ».
Aujourd’hui, l’Ukraine, la Russie et les puissances concernées se trouvent à une croisée des chemins. Deux options se présentent : la première, une paix de façade, faite de trêves précaires et de guerre hybride, n’aboutira qu’à repousser l’échéance d’une prochaine conflagration ; la seconde, plus ambitieuse, viserait à instaurer un ordre fondé sur la coopération, la stabilité et l’acceptation réciproque.
Les revendications historiques du président russe Vladimir Poutine ne relèvent pas tant de causes profondes que d’un habillage idéologique destiné à justifier l’agression. Si l’argument de la possession passée d’un territoire devait prévaloir, l’Europe ne connaîtrait jamais de repos. La Pologne, rappelons-le, a jadis administré des régions d’Ukraine annexées par l’Union soviétique de Staline en septembre 1939, au début de la Seconde Guerre mondiale. L’Allemagne détenait des parties de la Pologne actuelle ainsi que la région de Königsberg, qui est aujourd’hui devenue l’enclave russe de Kaliningrad. Et que dire de Rome, qui domina la quasi-totalité du continent ?
Les puissances européennes modernes, en revanche, ont tiré les leçons du passé. Elles respectent les frontières fixées après la Seconde Guerre mondiale, misent sur l’intégration économique et rejettent l’idée de conquête. L’Union européenne, en intégrant les principes issus de Bretton Woods, a désamorcé les tentations revanchardes. Car la paix repose moins sur la force que sur l’adhésion à un système commun de valeurs et d’intérêts.
Les inquiétudes exprimées par Vladimir Poutine à l’égard de l’OTAN ne font que masquer la véritable nature de ses ambitions. Le Kremlin ne craint pas tant l’expansion militaire de l’Alliance atlantique que l’attractivité du modèle démocratique occidental. L’Ukraine, dans sa volonté de s’ancrer en Europe, constitue une menace existentielle pour un régime qui redoute la contagion libérale. Ce que Moscou perçoit comme une agression est, en réalité, une aspiration des peuples d’Europe de l’Est à la liberté et à la prospérité.
Les diplomates russes eux-mêmes, à commencer par Evgueni Primakov, ont reconnu que l’OTAN n’avait jamais pris d’engagement écrit, ni par traité, à ne pas s’étendre à l’Est. L’ex-président russe Boris Eltsine, à défaut de l’approuver, avait fini par l’accepter. Dans le même temps, la Russie a sciemment violé le mémorandum de Budapest, qu’elle avait signé en 1994 et confirmé en 2009, par lequel elle garantissait l’intégrité territoriale de l’Ukraine en échange du démantèlement de ses armes nucléaires (détruites ou transférées à la Russie).
L’élargissement de l’OTAN dans les années 1990 a été vu par les hommes politiques américains comme un moyen de stabilisation plutôt que de sécurité : prévenir les nationalismes, soutenir les réformes démocratiques et encourager le développement. L’adhésion récente de la Finlande et de la Suède à l’Alliance atlantique a été motivée surtout par la crainte pour leur sécurité à la suite de l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe, car l’OTAN prévoit une riposte collective à l’agression contre l’un de ses membre. Cependant, Moscou n’a pas fait d’histoires ni entrepris d’actions militaires. Et ce, malgré le fait que la Finlande partage une frontière de plus de 1340 kilomètres avec la Russie et est toute proche de Saint-Pétersbourg, la deuxième ville la plus importante de Russie. Ce silence, bien significatif, montre que la le Kremlin distingue clairement entre une posture défensive et une tentative d’émancipation idéologique.
Le véritable moteur de la guerre engagée par la Russie en Ukraine réside dans les ressorts internes du régime : absence de contre-pouvoirs, opacité du système et refus de toute réforme. Pour les dirigeants du Kremlin, une Ukraine démocratique et souveraine constitue une menace bien plus grande que les forces armées de l’OTAN.
Les exigences posées par Vladimir Poutine — concessions territoriales, exclusion de l’OTAN, changement de régime à Kiev — relèvent moins de conditions de paix que d’ultimatums destinés à entériner l’agression. Tout accord qui ne s’appuierait pas sur un retrait des forces russes ne serait qu’un cessez-le-feu illusoire. Il évoquerait les erreurs de Neville Chamberlain à Munich en 1938 : la volonté d’apaiser un agresseur en espérant contenir ses ambitions.
À cela s’ajoute un risque majeur : en légitimant la politique du fait accompli, l’Occident prendrait le risque d’ouvrir la voie à d’autres revendications territoriales, en Europe comme en Asie.
Face à cette situation, quels que soient les résultats des négociations entre Donald Trump, Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky, l’Ukraine doit se préparer à un avenir où les menaces hybrides, les campagnes de désinformation et les ingérences politiques resteront omniprésentes. Une paix véritable suppose une transformation structurelle du régime russe. Trois scénarios sont envisageables : une démocratisation de la Russie ; un renoncement par l’Ukraine à son modèle démocratique ; ou un recul stratégique de l’Occident, impliquant la fin de l’OTAN et de son hégémonie économique. Seule la première option ne récompense pas l’agression et est compatible avec les principes démocratiques et la sécurité collective.
La paix exige davantage qu’un silence des armes. Elle suppose des institutions solides, une intégration économique approfondie et le respect du droit international. Sans une Russie réformée et ayant renoncé à ses ambitions impériales, tout traité ne sera que précaire. L’Occident, pour sa part, doit se garder de toute tentation de complaisance. La souveraineté ukrainienne n’est pas un enjeu local : elle incarne le respect de l’ordre international sur lequel repose la stabilité de notre monde, que ce soit en Europe ou en Asie.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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