L’ambassade de Chine admet avoir tenté de bloquer les spectacles de Shen Yun en Corée du Sud

« Nous n'apprécions pas qu'une compagnie de danse américaine ne soit pas autorisée à se produire dans ce pays à cause de pressions émanant de la Chine communiste », a déclaré Mme Malliotakis, députée américaine.

Par Eva Fu
4 novembre 2023 13:17 Mis à jour: 4 novembre 2023 13:17

Pendant des années, le Parti communiste chinois (PCC) a fait pression en coulisses sur les théâtres de Corée du Sud et du monde entier pour qu’ils n’accueillent pas la compagnie Shen Yun Performing Arts, basée à New York.

Aujourd’hui, un responsable communiste chinois a déclaré publiquement que le régime tentait activement d’empêcher la société américaine de se produire en Corée du Sud.

« L’ambassade de Chine a informé la partie coréenne de la position de la Chine vis-à-vis de Shen Yun », a indiqué Zhang Jiafan, responsable des relations publiques à l’ambassade de Chine à Séoul, au journal Epoch Times.

« Nous leur disons qu’il n’est pas légal de laisser Shen Yun Performing Arts demander à pouvoir organiser des représentations dans un théâtre coréen. Telle est notre position. »

Il s’agit d’une rare reconnaissance par les autorités chinoises de leur campagne de coercition pour infléchir les politiques en leur faveur et de l’étendue de leur influence afin de museler les compagnies, même sur un sol étranger.

Basé à New York, Shen Yun Performing Arts a pour mission de présenter les 5000 ans de l’héritage chinois à travers la danse et la musique classiques. Ses huit compagnies font le tour du monde chaque année et se produisent dans des lieux prestigieux comme le Lincoln Center de New York, le Kennedy Center Opera House de Washington et le Palais des Congrès de Paris.

Le PCC a fait de Shen Yun la cible d’une campagne incessante qui dure depuis près de vingt ans, déployant des appels téléphoniques, des lettres, des visites personnelles et d’autres méthodes pour perturber ses représentations.

Shen Yun est interdit de représentation en Chine en raison de la façon dont le spectacle dépeint la culture chinoise traditionnelle face aux efforts du Parti communiste pour la détruire, en montrant notamment la persécution des personnes ayant des croyances religieuses, comme c’est le cas des pratiquants du Falun Gong.

Le lever de rideau de la Shen Yun Performing Arts World Company au théâtre d’art préfectoral d’Aichi à Nagoya, au Japon, le 28 janvier 2023. (Annie Gong/Epoch Times)

Le représentant de l’ambassade de Chine a insisté sur le fait que les fonctionnaires chinois « ne menaçaient jamais » les entités et les fonctionnaires coréens, arguant que « nous leur disons simplement la vérité qu’ils ne connaissent pas ».

Des documents obtenus par Epoch Times ont également mis en lumière les tactiques coercitives de Pékin.

Ces tactiques se traduisent souvent par des menaces adressées aux théâtres par l’ambassade de Chine du pays concerné, décrivant les répercussions financières et diplomatiques qu’ils subiraient s’ils décidaient d’accueillir Shen Yun.

Ainsi, le centre culturel et artistique d’Incheon, en Corée du Sud, a refusé la candidature de Shen Yun pour sa tournée de 2023 par crainte d’une détérioration de ses relations avec la Chine, selon les organisateurs locaux.

L’ambassade de Chine a également écrit au radiodiffuseur public national Korean Broadcasting System (KBS) pour lui demander de ne pas autoriser Shen Yun à se produire dans sa salle de spectacle située à Séoul, le KBS Hall.

L’ambassade de Chine à Séoul, en Corée du Sud, le 28 juillet. 2021. (Yunjung Lee/Epoch Times)

Lors de la bataille judiciaire qui s’est déroulée en 2016 après que KBS a accédé aux demandes chinoises et annulé son contrat avec Shen Yun, le tribunal s’est d’abord rangé du côté des organisateurs du spectacle. Toutefois, 48 heures seulement avant la représentation prévue, il est revenu sur sa décision, invoquant la perspective que KBS ne puisse pas diffuser ses contenus en Chine et citant des pertes financières potentielles. La société a donc dû rembourser tous les billets.

Greg Scarlatoiu, directeur exécutif du Comité pour les droits de l’homme en Corée du Nord, a déclaré que cette affaire démontrait la capacité de Pékin à tirer parti de ses liens d’investissement pour exercer une influence sur la Corée du Sud.

« Il s’agit d’une ingérence plutôt brutale, flagrante, irrespectueuse, et non diplomatique dans les droits et libertés fondamentaux inscrits dans la constitution coréenne », a-t-il souligné à l’occasion d’un entretien avec NTD. « Pourquoi ? parce que la Chine a des moyens de pression. »

La Chine est le premier partenaire commercial de la Corée du Sud, tant en termes d’importations que d’exportations, a indiqué M. Scarlatoiu, et le régime en profite.

Guerre culturelle

Le régime chinois est connu depuis longtemps pour chercher à influencer la scène internationale et intimider les autres pays, que ce soit par l’intermédiaire des Nations unies, de prêts à des pays plus petits, de programmes linguistiques financés par l’État dans les universités américaines ou de postes de police clandestins implantés à New York, a expliqué la députée Nicole Malliotakis (Parti républicain – New York).

Selon elle, il n’est pas choquant que le régime « commence à utiliser cette campagne de pression contre les théâtres qui [défendent] la culture traditionnelle chinoise – en particulier lorsqu’elle est présentée comme la culture d’avant le communisme ».

« Je ne suis pas surprise de voir que le PCC fait tout ce qu’il peut pour supprimer la liberté d’expression et de représentation, parce que cela ne correspond pas à son discours », a déclaré Mme Malliotakis à NTD. « Nous devons continuer à les défier à chaque instant. »

Nicole Malliotakis, alors candidate républicaine à la mairie, à New York le 27 juillet 2017. (Samira Bouaou/Epoch Times)

Tara O, chercheuse associée à l’Institut Hudson et spécialisée dans le système politique et économique de la Corée du Sud, a qualifié la campagne d’ingérence chinoise de « nouvelle guerre culturelle ».

« Il s’agit de bloquer la culture pour que les Sud-Coréens ne puissent pas la découvrir », a-t-elle déclaré à NTD.

« La crainte du régime à l’égard de Shen Yun est enracinée dans son désir de contrôle. »

« Le régime chinois veut se présenter comme l’autorité légitime de l’ensemble du territoire chinois ! »

Mais en présentant la « culture antérieure au PCC », ce projet montre qu’il est possible « de diriger la Chine par une autorité autre que le PCC – et je pense que c’est ce qui les préoccupe ! »

Mme Malliotakis, qui a rencontré le président sud-coréen Yoon Suk Yeol lors de sa visite en Corée du Sud au mois d’août, a dit avoir le sentiment que les dirigeants du pays « cherchent certainement à être moins dépendants de la Chine et à travailler davantage avec les États-Unis ».

« Les États-Unis, comme la Corée du Sud, ont été très dépendants de la Chine communiste pour certaines choses, et nous essayons de changer ça. »

En tant que membre de la commission des voies et moyens de la Chambre des représentants, qui gère la politique relative aux négociations commerciales, Mme Malliotakis a fait savoir qu’elle souhaitait exprimer aux responsables sud-coréens que « nous n’apprécions pas qu’une compagnie de danse américaine ne soit pas autorisée à se produire dans ce pays du fait de la pression exercée par la Chine communiste ».

Elle espère que les autorités coréennes « rectifieront la situation » et permettront à Shen Yun de se produire dans les théâtres.

« C’est un magnifique spectacle de danse traditionnelle, qui témoigne de la culture chinoise – et oui, d’avant le communisme -, mais c’est la tradition de ce pays et de ce peuple, et elle doit être partagée ! »

Steve Lance et Iris Tao de NTD ont collaboré à la rédaction de cet article.

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