L’Australie projette d’abattre 2 millions de chats de gouttière

27 avril 2019 20:38 Mis à jour: 11 juillet 2019 00:38

Ils sont mignons, tout doux et aujourd’hui, ils représentent l’ennemi public numéro un en Australie.

L’Australie est en guerre — contre les chats sauvages. D’ici 2020, le gouvernement veut abattre deux millions de chats errants, une grande partie de la population totale de chats sauvages, qui est estimée entre 2 à 6 millions.

Certaines régions de l’Australie sont allées encore plus loin. Dans l’État du Queensland, dans le nord-est du pays, il y a même un conseil municipal qui offre une prime de presque 9 € par tête de chat sauvage abattu – une politique jugée par PETA (People for the Ethical Treatment of Animals) de « cruel ».

Le problème n’est pas non plus exclusif à l’Australie. En Nouvelle-Zélande voisine, un éminent écologiste a proposé un futur sans chat, avec un contrôle strict des chats domestiques et sauvages à défaut d’une extermination.

Alors pourquoi les antichats détestent-ils autant ces animaux ?

Les chats tueurs

La réponse est simple : les chats, surtout les chats sauvages, sont des tueurs.

Les premiers chats seraient arrivés en Australie au cours du 17e siècle. Depuis lors, leur nombre a explosé, avec une population estimée couvrir aujourd’hui 99,8 % du pays.

Même si les chats sauvages appartiennent à la même espèce que les chats domestiques, les premiers cités vivent dans la nature où ils sont obligés de chasser pour survivre.

Depuis qu’ils ont été introduits pour la première fois par des colons européens, les chats sauvages ont contribué à l’extinction d’une vingtaine d’espèces de mammifères, a déclaré Gregory Andrews, commissaire national chargé des espèces menacées au journal australien Sydney Morning Herald. Selon le commissaire, cela fait des chats sauvages la plus grande menace pour les espèces indigènes d’Australie.

Et c’est important en Australie, un pays insulaire coupé du reste du monde depuis des milliers d’années. Aujourd’hui, selon certaines estimations, environ 80 % des mammifères et 45 % des oiseaux australiens ne se retrouvent nulle part ailleurs sur terre à l’état sauvage.

Pour les chats, les espèces indigènes sont des proies faciles. Chaque jour, les chats tueraient plus d’un million d’oiseaux indigènes et 1,7 million de reptiles en Australie, a déclaré à CNN un porte-parole du ministère australien de l’Environnement et de l’Énergie, citant des recherches scientifiques.

Parmi les autres espèces menacées par les chats, mentionnons le lapin à queue brossée, que le gouvernement qualifie de vulnérable, et le rat à queue dorée.

« Nous n’éliminons pas les chats pour le simple plaisir, ni parce que nous les détestons », se défend M. Andrews.

Et de poursuivre : « Nous devons faire des choix pour sauver les animaux que nous aimons et qui nous définissent en tant que nation. »

Critiques improbables

Le gouvernement, qui a annoncé son plan d’abattage en 2015, s’est engagé à verser 4,48 millions d’euros pour soutenir les groupes communautaires qui peuvent cibler les chats en première ligne.

Mais le plan a fait l’objet de critiques — et étonnamment, les défenseurs de l’environnement font partie de ceux qui le condamnent.

Tim Doherty, un écologiste de la protection de la nature de l’Université Deakin en Australie, est d’accord que les chats sauvages ont un « grand impact » sur les espèces natives de l’Australie, mais croit que l’abattage est basé sur des données scientifiques douteuses.

« À l’époque, lorsque l’objectif a été fixé en 2015, nous ignorions combien de chats à l’état sauvage étaient présents en Australie », a-t-il déclaré, ajoutant que certaines estimations de l’époque annonçaient 18 millions de chats, ce qu’il a qualifié de « surévaluation complètement erronée ».

« Il n’y a pas vraiment de moyen fiable d’estimer à l’échelle d’un continent entier le nombre de chats errants, et si vous voulez vous fixer un objectif, et qu’il soit d’importance, vous devez être capable de mesurer vos progrès vers cet objectif », analyse-t-il.

Un autre problème, plus urgent, qui se pose est que le simple fait de tuer les chats ne sauvera pas nécessairement les oiseaux ou les mammifères – encore faut-il que les chats abattus vivent dans des régions où des espèces sont menacées.

Et les primes devaient être circonscrites à une zone limitée, a expliqué M. Doherty. « Il faut la concentrer sur des endroits précis, plutôt que d’utiliser l’approche des armes à feu dispersées », a-t-il dit.

Même si les chats sont un gros problème, le gouvernement s’est fortement concentré sur eux au détriment d’autres questions plus sensibles sur le plan politique, comme la perte de l’habitat causée par l’expansion urbaine et l’exploitation forestière et minière.

« Il se peut que la question des chats servent de diversion dans une certaine mesure », pense-t-il. « Nous devons aussi avoir une approche plus holistique et faire face à toutes les menaces qui pèsent sur notre biodiversité. »

Le chanteur britannique Morrissey ainsi que Brigitte Bardot ont opposé d’autres critiques notables au projet.

« Au revoir aux chats » 

En Nouvelle-Zélande, des appels ont été lancés pour exterminer les chats domestiques aussi.

Cette nation insulaire isolée, — l’un des derniers endroits au monde à être colonisé par l’homme, — a déjà annoncé un objectif audacieux : ne plus avoir aucuns prédateurs sur l’ile d’ici 2050. Selon le gouvernement, les rats, les opossums et les hermines tuent 25 millions d’oiseaux natifs chaque année.

La Nouvelle-Zélande n’a pas de mammifères terrestres autochtones à part les chauves-souris, autrement dit une grande variété d’oiseaux – dont les kiwis incapables de voler – étaient en mesure de se développer dans un pays sans prédateurs. Aujourd’hui, 37 % des espèces d’oiseaux vivant en Nouvelle-Zélande sont menacées. En outre, de nombreux oiseaux autochtones de Nouvelle-Zélande restent au sol, ce qui les rend vulnérables aux chats, selon le ministère de la Conservation du pays.

En 2013, le célèbre économiste néo-zélandais Gareth Morgan a suscité l’ire des amis des chats – dont le premier ministre de l’époque, John Key, lui-même propriétaire d’un chat nommé Moonbeam – lorsqu’il a lancé une campagne intitulée « Cats to Go », encourageant les amateurs de chats à ne pas remplacer leurs animaux domestiques lorsque ces derniers venaient à mourir.

« Les chats sont les seuls vrais sadiques du règne animal, des tueurs en série qui torturent sans pitié », lançait-il.

CNN a contacté M. Morgan pour obtenir ses commentaires.

Deux ans plus tard, la ministre de la Conservation de l’époque, Maggie Barry, a exhorté les autorités à commencer à abattre les chats errants pour sauver les populations d’oiseaux indigènes, et a demandé que les chats de compagnie, qui sont environ 1,13 million selon le Conseil des animaux de compagnie de Nouvelle-Zélande, soient limités à un ou deux par foyer.

Et l’année dernière, Omaui, une petite ville côtière de l’île du Sud de la Nouvelle-Zélande, a envisagé d’interdire de nouveaux chats domestiques dans la région – bien qu’elle ait depuis fait marche arrière sur son plan.

« Nous ne détestons pas les chats, mais nous voulons que notre environnement soit riche en vie sauvage », a déclaré John Collins, président du Omaui Landcare Charitable Trust, en août dernier.

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