Le cerveau amoureux : une nouvelle étude explique pourquoi l’amour peut nous faire perdre la tête

L'amour laisse une empreinte chimique sur le cerveau, alimentée par la dopamine. Le simple fait de penser à l'être aimé déclenche l'hormone du bien-être

Par Emma Suttie
22 février 2024 12:19 Mis à jour: 22 février 2024 12:19

Nous savons tous à quel point il est agréable d’être amoureux, et les résultats d’une nouvelle étude pourraient nous expliquer pourquoi.

Des neuroscientifiques de CU Boulder ont découvert que le cerveau produit davantage de dopamine – l’hormone qui nous fait ressentir le désir et le plaisir – lorsque nous avons envie de l’être aimé ou que nous passons du temps avec lui.

Il s’avère que la simple pensée d’être avec notre partenaire provoque une inondation de dopamine dans le centre de récompense du cerveau, ce qui nous incite à le rechercher pour maintenir le lien. En revanche, l’étude suggère que seule une petite quantité de dopamine est libérée lorsque nous pensons à une connaissance ou à un collègue de travail.

La recherche suggère que nos partenaires créent une « empreinte chimique » dans notre cerveau et que lorsque ces relations romantiques prennent fin, l’empreinte commence à s’estomper.

Les auteurs de l’étude, publiée dans la revue Current Biology, ont utilisé des campagnols des prairies pour leurs expériences, car ils font partie d’une petite minorité d’animaux (3 à 5% des mammifères) qui créent des liens monogames tout au long de leur vie.

Ces minuscules créatures, apparentées aux souris brunes, ont un comportement similaire à celui des humains : elles s’engagent dans des relations à long terme, partagent les responsabilités liées à l’éducation de la progéniture, vivent ensemble et éprouvent un sentiment de perte lorsqu’elles perdent leur conjoint.

« Ce que nous avons découvert, essentiellement, c’est une signature biologique du désir qui nous aide à expliquer pourquoi nous voulons être avec certaines personnes plus qu’avec d’autres », a déclaré Zoe Donaldson, auteur principal et professeur agrégé de neurosciences comportementales à CU Boulder, dans un communiqué de presse.

L’équipe de recherche a cherché à mieux comprendre les relations amoureuses et leurs effets sur le cerveau, ainsi que ce qui se passe lorsque ces relations prennent fin. L’étude a découvert, pour la première fois, que la dopamine joue un rôle crucial dans le maintien de ces relations et de la flamme de l’amour.

« Cette recherche suggère que certaines personnes laissent une empreinte chimique unique dans notre cerveau qui nous pousse à maintenir ces liens au fil du temps », a déclaré Zoe Donaldson.

La science de l’amour et de l’attachement

Les scientifiques étudient les relations humaines et la nature de l’amour et de l’attachement depuis des décennies, et la recherche a montré qu’il existe des régions spécifiques du cerveau et des circuits neuronaux qui sont associés à nos sentiments d’amour, d’attachement et de désir.

Helen Fisher, titulaire d’un doctorat en anthropologie physique et biologique, est un auteur et un expert des relations humaines. Elle affirme que certaines substances chimiques du cerveau sont associées à nos sentiments amoureux.

« Les systèmes de l’ocytocine et de la vasopressine sont désormais liés aux sentiments de sérénité et d’attachement », a-t-elle déclaré lors d’une interview sur la science de l’attachement dans les relations pour Big Think.

L’ocytocine est à la fois un neurotransmetteur et une hormone. Elle joue un rôle essentiel dans l’accouchement, l’allaitement et la création de liens, qu’il s’agisse des liens entre les mères et leurs nouveau-nés ou des liens entre les partenaires romantiques et même les amis. L’ocytocine jouant un rôle essentiel dans la création de liens intimes, elle est souvent appelée « l’hormone de l’amour ».

La vasopressine, également connue sous le nom d' »hormone antidiurétique », est une hormone qui remplit diverses fonctions corporelles, notamment la régulation de la fonction rénale et de la pression artérielle. Elle influence également le comportement social, en particulier les liens dans le couple.

Helen Fisher et ses collègues ont réalisé des scanners cérébraux sur des personnes se trouvant à différents stades de leur relation, depuis le débit du sentiment amoureux jusqu’à l’après-rupture.

Elle a constaté que pour les personnes nouvellement (et follement) amoureuses, le système de dopamine dans le cerveau s’allumait, mais que pour celles qui étaient amoureuses depuis un peu plus longtemps, il y avait une nouvelle activité dans les régions du cerveau liées à l’attachement.

« En fait, lorsque l’on tombe éperdument amoureux de quelqu’un, ce système cérébral peut être déclenché instantanément. Mais les sentiments d’attachement se développent au fur et à mesure que l’on apprend à connaître la personne », explique Helen Fisher.

La dopamine, moteur des retrouvailles

Les chercheurs ont voulu savoir ce qui se passait dans le cerveau des campagnols lorsqu’ils étaient séparés de leur partenaire et qu’ils essayaient de le retrouver.

Grâce à la technologie de la neuroimagerie, ils ont pu observer en temps réel la région du cerveau appelée noyau accumbens, qui, chez l’homme, est une région du cerveau responsable de la recherche de choses gratifiantes ou agréables. De précédentes études de neuro-imagerie chez l’homme ont montré que cette région du cerveau est activée lorsque nous tenons la main de notre partenaire.

Dans une expérience, un campagnol devait pousser un levier pour ouvrir la porte d’un compartiment et rejoindre son partenaire ; dans une autre, il devait franchir une barrière pour être réuni avec lui. Lorsque les campagnols s’efforçaient de franchir les obstacles pour rejoindre leur partenaire, les capteurs détectaient une poussée de dopamine, illuminant l’équipement du scientifique comme un sapin de Noël.

En revanche, la lumière diminuait lorsqu’un campagnol inconnu ou pris au hasard se trouvait de l’autre côté de la barrière.

« Cela suggère que non seulement la dopamine est vraiment importante pour nous motiver à rencontrer notre partenaire, mais qu’il y a plus de dopamine qui circule dans notre centre de récompense quand nous sommes avec notre partenaire plutôt qu’un étranger », a noté dans le communiqué de presse le premier auteur, Anne Pierce, une étudiante de troisième cycle qui a travaillé sur l’étude dans le laboratoire de Zoe Donaldson.

De l’espoir pour les cœurs endeuillés

Bien que les auteurs de l’étude soulignent que des recherches supplémentaires sont nécessaires pour savoir si les résultats obtenus sur les campagnols peuvent être transposés à l’homme, ils affirment que leur travail pourrait éventuellement être utilisé pour aider les personnes qui ont des difficultés à établir des liens avec les autres ou pour celles qui luttent contre la tristesse – un état appelé trouble du deuil prolongé, qui est « caractérisé par un chagrin intense et persistant qui cause des problèmes et interfère avec la vie quotidienne », selon l’American Psychiatric Association.

« L’espoir est qu’en comprenant à quoi ressemblent les mécanismes sains dans le cerveau, nous pourrons commencer à identifier de nouvelles thérapies pour aider les nombreuses personnes atteintes de maladies mentales qui affectent leur vie sociale », a déclaré Zoe Donaldson.

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