Logo Epoch Times

Le cofondateur de Ben & Jerry’s démissionne après un conflit avec Unilever qui lui reproche son « activisme »

top-article-image

Ben Cohen et Jerry Greenfield co-fondateurs de Ben & ; Jerry's à Ben &.

Photo: : Jamie McCarthy/Getty Images for Ben & Jerry's

author-image
Partager un article

Durée de lecture: 7 Min.

M. Jerry Greenfield, cofondateur de la marque de glaces Ben & Jerry’s, a démissionné de son rôle d’ambassadeur de la marque après une rupture publique avec la société mère Unilever.

Dans une lettre ouverte publiée le 17 septembre sur les réseaux sociaux par son associé, M. Ben Cohen, M. Greenfield a déclaré que l’entreprise était réduite au silence par Unilever.

« Défendre les valeurs de justice, d’équité et de notre humanité commune n’a jamais été aussi crucial — et pourtant Ben & Jerry’s a été muselé, écarté par peur de déranger ceux qui détiennent le pouvoir. Il est facile de s’exprimer quand il n’y a rien à perdre, écrivait M. Greenfield. La véritable mise à l’épreuve des valeurs survient quand les temps sont difficiles et que l’on a quelque chose à perdre. »

Ben & Jerry’s a été fondée en 1978. Lorsqu’Unilever a racheté la marque en 2000, la multinationale avait « garanti » que Ben & Jerry’s serait en mesure de conserver la liberté de défendre ses valeurs, poursuit la lettre, ajoutant que cette indépendance a en réalité été étouffée.

Sous la direction d’Unilever, Ben & Jerry’s s’était exprimée sur de nombreuses questions sociales, notamment les droits humains, la paix et la justice, a rappelé M. Greenfield.

« Cette indépendance existait en grande partie grâce à l’accord de fusion unique que Ben et moi avons négocié avec Unilever — un accord qui inscrivait notre mission sociale et nos valeurs dans la structure de gouvernance de l’entreprise, et ce, à perpétuité », a-t-il ajouté.

M. Greenfield a jugé « profondément décevant » de constater que cette indépendance, qui avait été la condition de la vente à Unilever, avait disparu.

Son départ intervient alors que The Magnum Ice Cream Company, sous l’égide de laquelle Ben & Jerry’s fonctionne comme filiale à part entière, milite pour une séparation totale d’Unilever.

Magnum, la plus grande entreprise de glaces au monde, est une marque d’Unilever qui opère actuellement de façon autonome. Sa séparation complète d’Unilever est attendue pour la mi-novembre.

Dans un communiqué transmis par courriel à Epoch Times, un porte-parole de The Magnum Ice Cream Company a déclaré qu’ils étaient « à jamais reconnaissants » envers M. Greenfield pour avoir cofondé Ben & Jerry’s et lui ont souhaité plein succès pour la suite.

« Nous ne partageons pas sa position et avons cherché à engager les deux cofondateurs dans une discussion constructive sur la manière de renforcer la position fondée sur les valeurs qui fait la force de Ben & Jerry’s dans le monde, » a déclaré le porte-parole.

« Nous restons attachés à la triple mission unique de Ben & Jerry’s — produit, économique et sociale — et concentrés sur l’héritage de paix, d’amour et de crème glacée de cette marque iconique et appréciée. Ben & Jerry’s est une partie florissante et fière de The Magnum Ice Cream Company, et nous nous réjouissons de poursuivre sur cette lancée. »

L’entreprise emploie entre 501 et 1000 personnes aux États-Unis, selon son profil LinkedIn.

La controverse du boycott d’Israël

L’activisme de Ben & Jerry’s est vite devenu une source de conflit avec Unilever. En 2021, Ben & Jerry’s annonce cesser ses activités dans les colonies israéliennes situées à Jérusalem-Est et en Cisjordanie.

En 2022, Unilever avait réglé l’affaire en cédant les droits d’exploitation de Ben & Jerry’s en Israël à une société locale.

En novembre dernier, Ben & Jerry’s avait intenté une action en justice contre Unilever, accusant la maison mère d’étouffer la liberté d’expression. En mars, la société avait amendé sa plainte, accusant Unilever d’avoir évincé le directeur général de Ben & Jerry’s, M. David Stever, en représailles aux prises de position de la marque.

« La justice sociale et les droits humains font partie de l’ADN de Ben & Jerry’s, » avait déclaré la société dans sa plainte. « Depuis plus de quarante ans, elle poursuit sa mission sociale unique par des prises de position publiques et progressistes sur des sujets tels que la justice pour les migrants, les droits LGBTQ+, Black Lives Matter, l’étiquetage des OGM et d’autres causes économiques et sociales touchant des communautés historiquement marginalisées. »

La plainte affirmait aussi qu’Unilever avait empêché Ben & Jerry’s de publier des déclarations publiques en rapport avec la « crise humanitaire en cours à Gaza ».

Cet activisme a également suscité des pressions de la part des autorités.

En 2021, le fonds de pension de l’État de New York annonçait le retrait de 111 millions de dollars d’investissements en actions d’Unilever, en réponse au boycott d’Israël par Ben & Jerry’s. Des sanctions similaires ont été prises dans les États du New Jersey, de l’Arizona et de la Floride.

En décembre 2023, le Trésor de Caroline du Nord avait déclaré que tout investissement dans Ben & Jerry’s et Unilever était interdit en raison du boycott de la marque envers Israël.

Le trésorier, M. Dale R. Folwell, avait ordonné au département et au système de retraites de Caroline du Nord de céder 40 millions de dollars d’actifs Unilever.

En 2023, M. Ben Cohen, cofondateur de Ben & Jerry’s, avait été arrêté lors d’une manifestation en soutien à M. Julian Assange, fondateur de WikiLeaks. Il s’était assis devant le ministère de la Justice avec d’autres militants et avait été arrêté pour avoir prétendument bloqué l’entrée du bâtiment.

En 2016, MM. Greenfield et Cohen avaient également été arrêtés lors d’une manifestation sur les marches du Capitole, à Washington.

« L’histoire de notre pays montre que rien ne change tant que les gens ne s’engagent pas physiquement et ne prennent pas le risque d’être arrêtés, » avait alors déclaré M. Cohen dans un communiqué de l’entreprise.