Le commerce du bois entre la France et la Centrafrique à l’origine d’un déplacement de population ?

17 septembre 2015 10:57 Mis à jour: 19 septembre 2015 21:57

Parmi les nombreuses raisons des afflux de migrants provoqués par les guerres civiles, celle du commerce du bois en Centrafrique est une nouvelle occasion d’agir pour la France. La République centrafricaine est en effet toujours déchirée par une violente guerre civile qui a causé le déplacement de centaines de milliers de personnes depuis 2013. En cause, des milices armées terrorisant la population et financées pour l’exportation du bois vers l’Europe, notamment vers la France et l’Allemagne. Selon l’organisation de préservation des forêts tropicales Sauvons la forêt, la réglementation contre le commerce illégal de bois doit être renforcée au niveau français et européen.

Depuis l’afflux des migrants aux portes de l’Europe et l’impossibilité sur le long terme de pouvoir les accueillir, les pouvoirs publics français parlent de plus en plus de solutions locales pour régler les problèmes de migration à l’origine. Les migrants d’Afrique et du Proche-Orient fuient en effet des guerres civiles, ainsi que la pauvreté, mais il peut être étonnant d’apprendre que certains déplacements de population sont provoqués par des commerces de matières premières avec la France et l’Europe.

Dans sa pétition Pas d’importation de bois au prix des forêts tropicales l’ONG Sauvons la forêt se base sur une étude de l’organisation Global Witness qui accuse des sociétés forestières européennes de participer au financement des milices en important du bois de Centrafrique. Selon Global Witness, les groupes armés centrafricain auraient « reçu de la part d’entreprises européennes 3,4 millions d’euros en 2013 et 127 000 d’euros en 2014 ». En ajoutant, plus loin, que « la France et l’Allemagne sont particulièrement impliquées dans le commerce du bois centrafricain : 20% des exportations vont vers la France, 32% vers l’Allemagne ».

Les entreprises forestières sont effet rackettées par des groupes armés et certaines pillées par les rebelles de la Seleka. Pour éviter ces méthodes contraignantes, elles ont, selon le rapport de Global Witness acheté leur sécurité en finançant la présence de forces armées issues des rangs des milices. Une information confirmée par le groupe d’experts sur la République centrafricaine mandaté par le Conseil de sécurité des Nations Unies notant dans un rapport de juillet 2014 que « des entreprises forestières ont payé des commandants de la Seleka jusqu’à 6 000 dollars par mois pour la protection de leurs installations à Bangui ».

D’après un article du journal Le Monde publié en juillet 2015, la pratique est courante depuis des décennies, et l’exemple du Liberia à l’époque de Charles Taylor ou celui du Cambodge sous les Khmers rouges ont montré que l’industrie forestière avait déjà financé des régimes sanguinaires. Mais s’il existe une réglementation internationale de certification des diamants dite « processus de Kimberley » – qui permet d’exclure toute marchandise liée à un conflit, rien de comparable n’est aujourd’hui appliqué au commerce du bois.

Selon le site de Sauvons la forêt, le financement des milices continuent encore aujourd’hui en Centrafrique. Elles continuent à terroriser la population par la violence – en particulier dans les forêts du sud-ouest du pays, les poussant à quitter la région. C’est le sens de leur pétition demandant à la France et l’Union Européenne (UE) de « stopper l’importation de bois en provenance de République centrafricaine et de renforcer au niveau national et européen la réglementation contre le commerce de bois illégal ».

Si le commerce illégal de matières premières avec l’Afrique cesse, les guerres civiles pourraient s’arrêter également, faute de financement. Cela permettrait la perte de l’emprise des groupes armés sur les populations et une meilleure protection des ressources naturelles. Une situation souhaitée en théorie par la France et l’UE, mais qui souffre de l’omniprésence sur le terrain d’autres puissances telles que la Chine, bien moins regardante sur le respect des règles internationales.

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