Le coronavirus a frappé des membres de l’agence de censure d’Internet en Chine

Par Eva Fu
2 mars 2020 15:29 Mis à jour: 2 mars 2020 18:40

Le coronavirus, qui se répand rapidement, a frappé la principale agence de censure d’Internet en Chine et a contaminé 10 employés, selon les responsables de la santé de Pékin.

C’est un exemple de transmission communautaire durable, les gens se transmettent le virus entre eux et se mélangent.

Les infections ont commencé lorsqu’un concierge malade a commencé à tousser le 18 février mais a continué à travailler, selon une conférence de presse du 27 février à Pékin sur l’épidémie.

Le concierge, dont le nom de famille est Sun, a été diagnostiqué le 24 février. Le 26 février, les autorités ont confirmé l’infection de 10 collègues de travail de M. Sun.

Ces 10 cas incluent 9 travailleurs de la société de gestion immobilière en charge de la sous-traitance des services, tandis que l’autre est un travailleur du service de restauration. Selon le point de presse, les fonctionnaires ont mis en quarantaine 178 personnes en contact étroit et ont désinfecté en profondeur l’unité de travail.

Les fonctionnaires ont précisé que la société concernée est une institution publique, mais n’ont pas précisé son nom. Pourtant, l’adresse fournie par le Centre de prévention et de contrôle des maladies (CDC) de Pékin le 25 février dernier a révélé que cette organisation est l’équipe technique d’intervention d’urgence du réseau informatique national et le centre de coordination de la Chine, une agence sous le contrôle de l’Administration du cyberespace chinois, le principal bureau de contrôle Internet du pays.

Réactions

Les internautes et les dissidents chinois se sont réjouis de voir l’agence considérée comme l’instrument de surveillance permettant au régime de réprimer leur liberté d’expression. Sur Twitter, qui n’est accessible que par VPN en Chine, un message qui commente la « chute » de l’agence a reçu plus de 1 800 votes positifs.

L’agence a joué un rôle central dans le contrôle de l’information sur l’espace internet chinois, notamment en exigeant l’enregistrement des noms réels sur les principales plateformes de médias sociaux, comme Weibo, qui ressemble à Twitter, et en supprimant les comptes des utilisateurs qui s’expriment ouvertement ou qui font des commentaires jugés inappropriés.

Avec la Grande Muraille de feu, le Parti communiste chinois a transformé plus d’un milliard de Chinois en une « grenouille dans le puits », a déclaré Hu Jia, un éminent militant des droits de l’homme de Pékin, au journal Epoch Times. « Nos yeux et nos oreilles sont couverts, et nos bouches sont fermées… nous sommes coupés du monde. »

Il a qualifié les nouvelles de spectacle de « rétribution ».

Affaires importées

M. Sun venait de revenir d’une autre ville. Avant de retourner au travail, il a passé une période de quarantaine pendant laquelle il a été en contact fréquent avec un autre collègue de Handan, une ville de la province voisine de Hebei, a déclaré Pang Xinghuo, le directeur adjoint du CDC de Pékin, lors de la conférence.

Les fonctionnaires ont trouvé des anticorps du virus chez ce travailleur, ce qui indique qu’il a déjà été infecté. Ils pensent que M. Sun a contracté le virus auprès de ce collègue au cours de cette période. Il s’agit de ce que M. Pang appelle un « cas importé », où le virus est « importé » d’une autre région.

Les autres collègues infectés partageaient le même dortoir ou travaillaient dans le même bureau à proximité, ce qui signifie qu’il s’agit d’un cas de propagation communautaire.

Deux agents de sécurité portent des vêtements de protection contre le coronavirus COVID-19 alors qu’ils interrogent un conducteur avant de prendre sa température à l’entrée d’un restaurant à Pékin, le 25 février 2020. (Greg Baker/AFP via Getty Images)

Zhu Sheng, le vice-directeur du district de Chaoyang où les infections se sont produites, a déclaré qu’ils ont bouclé l’installation et restreint la circulation des véhicules et du personnel. M. Zhu a déclaré qu’ils ont testé tous les employés et n’ont trouvé aucune autre infection.

Dans un autre cas d’importation récent, Mme Huang, une détenue récemment libérée de Wuhan, est retournée à Pékin, où elle a été diagnostiquée porteuse du virus. Pékin a lancé une enquête sur la façon dont elle a réussi à défier les restrictions de transport et à quitter Wuhan en premier lieu.

La Chine a signalé près de 79 000 cas au total, dont 400 à Pékin, bien que les analystes et les résidents chinois pensent que ces chiffres sont très inférieurs à la réalité.

De sombres défis

Les responsables de Pékin ont relevé plus de 200 cas de transmission communautaire au cours des dernières semaines.

Dans un discours télévisé prononcé le 23 février devant un auditoire de 170 000 fonctionnaires et militaires, le leader chinois Xi Jinping a fait de Pékin un des endroits clés dans les efforts de contrôle de l’épidémie.

Le 20 février, l’hôpital Fuxing, un des meilleurs hôpitaux de Pékin, a signalé 34 cas d’infections communautaires, dont huit professionnels de la santé ainsi que neuf infirmières et agents de propreté. L’hôpital a temporairement fermé deux bâtiments et a placé 668 personnes sous observation médicale en conséquence, selon une conférence de presse quotidienne de a Ville.

Le même jour, l’hôpital populaire de l’université de Pékin a également annoncé des infections nosocomiales impliquant une patiente en dialyse rénale, sa fille et son beau-fils. On ignore encore si la femme en dialyse a transmis le virus au couple ou inversement.

L’appel de Pékin pour la reprise de la production dans les usines a alimenté l’anxiété des infections croisées.

Le 18 février, un agent d’une institution gouvernementale du district de Xicheng a été contaminé par le virus, ce qui a conduit à la mise en quarantaine de 69 personnes considérées comme des contacts étroits.

Dangdang.com, une entreprise chinoise de commerce électronique, a demandé à tout le monde de travailler à domicile lorsqu’un employé a été diagnostiqué.

Le 21 février, un employé surnommé Wang de l’entreprise publique de fabrication de papier China Paper Corporation a signalé une infection dans sa famille. La femme de Wang, qui a contracté le virus, a récemment voyagé à Hubei. Tout l’immeuble constitué de bureaux partagé par sept entreprises a maintenant fermé.

La précision des tests d’acide nucléique, qui est la méthode standard de dépistage du coronavirus, est également remise en question. Wang Chen, pneumologue et directeur de l’Académie chinoise des sciences médicales, la plus grande institution médicale du pays, a déclaré le 6 février au diffuseur public CCTV que ce test ne détecte que 30 à 50 % des cas de contamination pour le moment.

La femme de M. Wang, par exemple, toussait depuis le 7 février mais a eu un résultat négatif le 12 février.

Les prélèvements effectués dans la gorge d’un autre patient se sont révélés négatifs à trois reprises, mais des échantillons de ses voies respiratoires inférieures ont ensuite confirmé son infection.

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