Le « dysfonctionnement mitochondrial » … n’est pas un dysfonctionnement

Au plus profond des cellules de l'organisme, de minuscules centrales énergétiques, les mitochondries, pourraient détenir la clé de la guérison

Par Marina Zhang
3 janvier 2024 10:42 Mis à jour: 3 janvier 2024 10:42

Au plus profond des cellules de l’organisme, de minuscules producteurs d’énergie, les mitochondries, pourraient être la clé de la guérison des maladies chroniques et des infections les plus problématiques.

Le « dysfonctionnement mitochondrial » peut être un signe de guérison

Surnommées les « centrales électriques de la cellule », les mitochondries ont pour fonction première de produire l’énergie nécessaire à la vie des cellules.

Le Dr Robert Naviaux, qui dirige le Mitochondrial and Metabolic Disease Center à l’université de Californie-San Diego, ont souligné que le temps où les mitochondries étaient considérées uniquement comme les centrales électriques de la cellule était révolu.

Lorsqu’une personne lutte contre des infections, des maladies chroniques et des blessures, les mitochondries produisent moins d’énergie et deviennent enflammées et oxydatives. Cela peut conduire à la fatigue, à la léthargie et au dysfonctionnement des organes en raison de la réduction de la production d’énergie et de la réponse de l’organisme à l’inflammation et au stress oxydatif.

La médecine traditionnelle qualifie ce phénomène de « dysfonctionnement mitochondrial », ce qui implique que les mitochondries ne produisent pas autant d’énergie qu’elles le devraient.

Cependant, lorsque les mitochondries se comportent mal de cette manière, elles le font en réponse à des changements dans la signalisation cellulaire. Ce qui serait considéré comme un « dysfonctionnement » si la cellule était saine, devient une nouvelle fonction protectrice et essentielle des mitochondries dans des conditions de danger cellulaire.

Selon certains scientifiques, il ne s’agit donc pas d’une défaillance, mais d’une réponse essentielle à la guérison.

« La diminution de la capacité à produire de l’énergie pourrait être une adaptation à quelque chose d’autre », a déclaré à Epoch Times le Dr Martin Picard, titulaire d’un doctorat en biologie mitochondriale et professeur agrégé de médecine comportementale en psychiatrie et neurologie au centre médical Irving de l’université de Columbia.

Une autre théorie veut que les mitochondries deviennent inflammatoires et oxydatives au début de toute infection, blessure ou exposition toxique afin de faciliter le processus de guérison de l’organisme. Lorsque cet état devient chronique, les cellules peuvent devenir trop sensibles aux signaux indiquant une blessure, ce qui entraîne les symptômes d’une maladie chronique, selon le Dr Naviaux.

Les cellules blessées se soignent en 3 phases

Le Dr Naviaux a conclu qu’il existe un processus en trois phases que les cellules doivent suivre pour guérir d’une blessure. C’est ce qu’il appelle la réaction de danger cellulaire.

Les déclencheurs varient, mais les étapes de la guérison sont les mêmes, a-t-il expliqué. Toutes les cellules blessées doivent suivre ces processus pour revenir à un état sain.

Les mitochondries coordonnent chacune des phases suivantes :

Phase 1 : Inflammation

Les cellules endommagées libèrent des signaux de danger, coupant les connexions avec les cellules environnantes pour empêcher la propagation de l’infection ou des toxines. Les mitochondries deviennent inflammatoires et oxydatives.

« Le rôle d’une mitochondrie [phase 1] est de créer des oxydants. Cela déclenche la première phase du cycle de guérison. Il s’agit d’un type de stress cellulaire essentiel qui détourne l’énergie et les ressources nécessaires pour combattre l’infection et se remettre du stress », explique le Dr Naviaux.

Phase 2 : Prolifération

Une fois le danger immédiat écarté, de nouvelles cellules sont produites pour remplacer les cellules endommagées.

Les cellules passent de la respiration anaérobie, qui n’utilise pas d’oxygène, à la glycolyse aérobie, ce qui signifie qu’elles recommencent à consommer de l’oxygène.

Le peu d’énergie produite à ce moment-là est essentiel pour créer les nouveaux blocs de construction nécessaires à la production de nouveaux gènes, protéines, graisses et matériaux cellulaires pour remplacer les cellules perdues lors d’une infection ou d’une blessure.

Il convient toutefois de noter que la majeure partie de l’énergie produite à ce stade est encore formée en l’absence de mitochondries.

Phase 3 : Différenciation

Les cellules matures forment les nouvelles cellules. Les cellules se reconnectent les unes aux autres et le métabolisme mitochondrial devient anti-inflammatoire, revenant aux fonctions de base une fois le danger passé.

À l’issue de la phase 3, les cellules retrouvent leur état de santé.

Quand la guérison se dérègle

Que se passe-t-il lorsque les cellules ne parviennent pas à accomplir toutes les phases et restent bloquées dans l’une d’entre elles ? C’est la maladie chronique.

Dans le cas d’une blessure, certaines cellules peuvent rester bloquées à jamais dans l’une des trois phases. C’est la raison pour laquelle les coupures peuvent former des cicatrices et que certaines infections peuvent empêcher les gens de se sentir à nouveau comme avant. Avec le temps, un nombre suffisant de ces cellules bloquées peut entraîner des symptômes de maladie chronique.

Par exemple, les cellules bloquées en phase 1 présentent une inflammation continue. C’est le cas des infections chroniques, de l’asthme, la maladie de Lyme et le syndrome d’activation des mastocytes. Les cellules bloquées en phase 2 présentent une prolifération excessive, comme dans le cancer et le diabète de type 1.

(Avec l’aimable autorisation de Robert Naviaux/Epoch Times)

Une autre façon d’examiner cet état de blocage dans les maladies chroniques est le manque de communication au sein des cellules malades.

La santé exige une communication entre les mitochondries. Mais une blessure rompt cette connexion jusqu’à ce que la réaction de danger de la cellule la rétablisse. « Ce type de communication biologique est vital, car sa seule perte entraîne la maladie », a déclaré le Dr Picard lors d’une conférence.

Une communication déficiente est à l’origine de maladies, telles que la dépression, due à de mauvaises connexions entre les neurones, et la maladie d’Alzheimer, due à une communication réduite entre les cellules du cerveau, a-t-il fait remarquer. « La perte ultime de communication entre les cellules est à l’origine du cancer », a ajouté le Dr  Picard.

Enclencher la guérison

Le Dr Naviaux a étudié les moyens de débloquer les cellules bloquées dans les différentes phases afin qu’elles puissent se rétablir.

Ses recherches ont montré que l’ATP, la source d’énergie créée principalement par les mitochondries pour être utilisée et stockée au niveau cellulaire, déclenche la réaction de danger de la cellule. Il s’est donc concentré sur les médicaments anti-purinergiques qui empêchent l’ATP de prolonger le mécanisme de défense.

Des niveaux élevés d’ATP à l’extérieur des cellules font que les cellules restent bloquées dans une phase. L’ATP diminue au fur et à mesure que les cellules passent de la phase 1 à la phase 3. Parmi les médicaments bloquant l’ATP qui ont été étudiés, un seul a amélioré les symptômes chez tous les sujets testés, a constaté le Dr Naviaux.

Suramine

La suramine est un médicament antiparasitaire utilisé depuis plus d’un siècle pour traiter la maladie du sommeil africaine. Le Dr Naviaux l’a testée dans un petit essai clinique randomisé et contrôlé impliquant 10 enfants autistes en 2017 et l’a trouvée sûre et très efficace.

Un jour après le début de l’essai clinique, un enfant a dit « J’ai fini mon dîner », une phrase plus longue que celles qu’il utilisait habituellement. Un enfant non verbal a commencé à pratiquer des sons et a exprimé un désir de nourriture dès la première semaine.

La suramine agit en bloquant les récepteurs cellulaires à l’ATP, contribuant ainsi à réinitialiser les réponses cellulaires prolongées au danger.

Des études animales montrent que la suramine peut également traiter l’insuffisance cardiaque, la sclérose en plaques, la douleur chronique, l’arthrite et d’autres affections chroniques.

Champs électromagnétiques

Les champs électromagnétiques, qui influencent le flux d’électrons et d’atomes dans le corps, peuvent également aider à débloquer les phases de guérison bloquées.

Certains médecins ont utilisé des microcourants, qui peuvent modifier le flux d’électrons dans des tissus et organes spécifiques, améliorer la fonction mitochondriale et la réparation des tissus. 

La chiropraticienne Carolyn McMakin, qui a mis au point le microcourant fréquence spécifique, une technique de traitement de la douleur par courant électrique de faible intensité, a ciblé les fréquences pour traiter les cicatrices, l’inflammation et la douleur, autant de signes d’une cicatrisation incomplète.

Scott Marsland, infirmier praticien, a constaté que les dispositifs portables de microcourant étaient utiles pour traiter la fatigue chez les patients souffrant de Covid long et de lésions dues aux vaccins. Cela peut être un signe que les mitochondries sortent d’un état persistant dans une phase spécifique.

« Je trouve que le microcourant est très utile pour les personnes qui ne parviennent pas à dépasser ce stade », a déclaré à Epoch Times le Dr Shannon Bybee, médecin spécialiste de la médecine fonctionnelle au Hansell Center for Functional Medicine. Elle explique qu’elle essaie également de débloquer les émotions piégées, telles que la colère et la peur, qui se manifestent dans certains tissus.

« Lorsque je traite le patient et que je lui parle, je suis à l’écoute des mots clés : y a-t-il de la colère, de la peur, une réticence à changer ? », explique le Dr Bybee. « Il est surprenant de constater que les émotions correspondent généralement aux méridiens chinois, lorsque l’on dit que la colère est bloquée dans le foie et que la peur et l’anxiété sont bloquées dans l’estomac.

Certaines données suggèrent que les cellules souches peuvent se souvenir de blessures et de traumatismes antérieurs, ce qui pourrait expliquer pourquoi les blessures peuvent persister dans les tissus même lorsque la cause initiale de la blessure a disparu depuis longtemps.

Médecine traditionnelle chinoise

La médecine traditionnelle chinoise (MTC) recoupe le modèle de réponse au danger cellulaire. Au cœur de la MTC se trouve le qi, l’énergie vitale présente dans toutes les choses. La santé nécessite une circulation correcte du qi ; un déséquilibre provoque la maladie. La majeure partie du travail des médecins de la MTC consiste à corriger et à équilibrer le qi dans le corps.

Le qi se forme à partir de la nourriture et de l’air, comme l’énergie mitochondriale, a expliqué à Epoch Times le Dr Jingduan Yang, psychiatre et praticien de la MTC.

À l’instar des processus cellulaires bloqués, le qi peut s’enliser.

Acupuncture

L’acupuncture débloque le qi bloqué. Les recherches montrent qu’elle aide à traiter les cicatrices, qui sont le signe d’une guérison incomplète.

« En médecine chinoise, on nous dit qu’une cicatrice est une perturbation du flux d’énergie à travers un canal », explique Anthony Fazio, docteur en acupuncture et en médecine chinoise, acupuncteur agréé et praticien de la MTC, à Epoch Times. Il a déclaré qu’en traitant les cicatrices, il a constaté une amélioration rapide des symptômes inexpliqués. Le Dr Fazio a traité un patient souffrant de graves cicatrices dues à une opération du poignet et ayant subi une seconde opération nécessitant des plaques de titane et d’un implant analgésique avec pompe, (analgésie intrathécale). Le patient souffrait de douleurs constantes irradiant du poignet vers le cou et le bas du dos et utilisait la pompe jusqu’à dix fois par jour pour se soulager. « J’ai donc commencé à travailler sur toutes les cicatrices chaque semaine », explique le Dr Fazio.

Au bout de deux mois, le patient n’utilisait plus la pompe que la nuit. Le troisième mois, il l’a complètement arrêté. Au bout de six mois, le patient a demandé le retrait de l’implant.

Les herbes

Certaines plantes de la MTC peuvent également aider à traiter la persistance de certaines phases de la réponse au danger cellulaire. Par exemple, le flavonoïde baicaline, extrait d’une plante de la MTC appelée huang qin (racine de scutellaire chinoise), peut aider les cellules à progresser dans la réponse au danger cellulaire en bloquant les récepteurs ATP.

Compléments mitochondriaux pour le soutien symptomatique

Le Dr Nancy O’Hara, pédiatre qui traite les maladies neurodéveloppementales et les maladies neuropsychiatriques d’apparition soudaine, prescrit parfois des nutraceutiques qui renforcent les fonctions mitochondriales, dans l’espoir de faire avancer les phases de guérison qui sont au point mort.

Il s’agit notamment de la vitamine D, qui calme l’inflammation et favorise la production d’énergie, du glutathion et du sulforaphane extraits des graines de brocoli, qui sont des antioxydants, et de l’acide alpha-lipoïque, qui réduit l’oxydation.

Bien qu’ils ne débloquent pas directement les voies, ces nutraceutiques apportent un renfort nutritionnel afin que les mitochondries disposent de ce dont elles ont besoin pour se rétablir lorsqu’elles sont prêtes.

Les enfants atteints de maladies neurodéveloppementales et neuropsychiatriques dues à un dysfonctionnement mitochondrial persistant peuvent voir leurs symptômes s’inverser.

Chez certaines personnes, les mitochondries peuvent ne jamais être prêtes et ne jamais guérir. Cependant, la plupart des enfants voient leur état s’améliorer grâce à une complémentation et à des changements de mode de vie tels qu’une alimentation saine, un sommeil suffisamment réparateur et de l’exercice, autant d’éléments qui peuvent améliorer la communication entre les mitochondries et contribuer aux processus naturels de désintoxication.

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