Le FBI craignait que les images du 6 janvier ne révèlent l’existence d’agents infiltrés et d’informateurs selon un lanceur d’alerte

Par Zachary Stieber
21 mai 2023 13:49 Mis à jour: 22 mai 2023 12:01

Les responsables du FBI craignaient que les images filmées à l’intérieur du Capitole des États-Unis le 6  janvier 2021 ne montrent des agents infiltrés ou des informateurs confidentiels, a déclaré un lanceur d’alerte dans un témoignage révélé le 18 mai.

Selon George Hill, un analyste du renseignement à la retraite qui travaillait dans une antenne du FBI à Boston,  le bureau central à Washington a fait pression sur son équipe à Boston, et leur a demandé d’ouvrir une enquête sur 138 personnes ayant participé à un rassemblement le 6 janvier 2021, alors même que rien n’indiquait que ces personnes aient enfreint la loi.

Les fonctionnaires de Boston ont cherché à obtenir plus d’information de la part du bureau central arguant qu’ils allaient avoir besoin de preuves avant d’ouvrir une enquête, telles que les images d’individus à l’intérieur du Capitole.

« Nous le ferons volontiers. Montrez-nous où ils se trouvaient à l’intérieur du Capitole, et nous nous pencherons sur la question », aurait apparemment dit un fonctionnaire.

« Nous ne pouvons pas vous montrer ces vidéos à moins que vous ne soyez en mesure de nous dire l’heure et l’endroit exacts où ces individus se trouvaient à l’intérieur du Capitole », ont répondu les responsables du bureau central, selon George Hill.

Selon lui, les responsables de Boston ont demandé pourquoi ils ne pouvaient pas avoir accès aux quelques 11.000 heures d’images provenant de l’intérieur du Capitole.

« Parce qu’il pourrait y avoir des agents infiltrés ou des sources humaines confidentielles sur ces vidéos dont nous devons protéger l’identité », ont répondu les fonctionnaires de Washington.

George Hill a relaté ces discussions lors de son témoignage devant la sous-commission de la Chambre des représentants des États-Unis chargée de l’armement du gouvernement fédéral. L’extrait de ce témoignage a été diffusé lors d’une audition le 18 mai et détaillé dans un rapport publié par la sous-commission sur la base des révélations des informateurs.

Le FBI n’a pas souhaité s’exprimer sur le témoignage de George Hill.

« La mission du FBI est de faire respecter la Constitution et de protéger le peuple américain. Le FBI n’a pas exercé et n’exercera pas de représailles contre les personnes qui divulguent des informations d’un lanceur d’alerte protégé », a déclaré le bureau à Epoch Times dans un email.

Capture d’image d’une vidéo non datée, le lanceur d’alerte du FBI George Hill, à droite, témoigne devant le Congrès. (NTD via Epoch Times)

Témoignage de Christopher Wray

Marcus Allen, un autre employé du FBI devenu lui aussi lanceur d’alerte, affirme avoir subi des représailles pour avoir partagé en interne un email dans lequel il mettait en doute les propos du directeur du FBI, Christopher Wray, devant le Congrès.

« Vous pensez que Christopher Wray aurait indiqué qu’il n’y avait aucun informateurs confidentiels, aucun agents du FBI présents au Capitole le 6 janvier lors de l’émeute violente, n’est-ce pas ? » a demandé à Marcus Allen le député Matt Gaetz (Parti républicain, Floride), membre de la sous-commission.

« C’est exact », a répondu M. Allen.

Ils semblaient se référer à des témoignages recueillis à huis clos.

Après avoir montré la vidéo des commentaires de George Hill, Matt Gaetz a repris la parole : « Vous avez fait l’objet de représailles pour avoir dit la même chose que ce que le bureau de Washington avait dit à Boston ».

Christopher Wray a fait savoir à une commission du Congrès lors d’une audition publique fin 2022 qu’il ne comptait pas révélé si le bureau avait placé des sources confidentielles parmi les manifestants du 6 janvier.

« Comme vous le comprendrez certainement, je dois être très prudent sur ce que je peux dire, sur ce que l’on fait ou ne fait pas, ou si on a utilisé ou non des sources humaines confidentielles », a-t-il expliqué. « En revanche, dans la mesure où l’on suggère, par exemple, que les sources humaines confidentielles du FBI ou les employés du FBI ont, d’une manière ou d’une autre, instigué ou orchestré le 6 janvier, c’est absolument faux. »

« Vous ne devriez pas trop interpréter ma décision de ne pas partager ces informations sur les sources humaines confidentielles », a-t-il ajouté un peu plus tard.

Garret O’Boyle, un autre agent spécial du FBI qui est aujourd’hui lanceur d’alerte, a déclaré au groupe d’experts de la Chambre des représentants qu’au moins un agent basé à Washington avait fait pression sur lui pour qu’il enfreigne la loi et la charte du FBI quand il lui a été demandé d’assigner devant un grand jury une personne visée par une dénonciation anonyme.

« Ils ont essayé de me faire signer une assignation à comparaître devant un grand jury fédéral alors qu’aucune raison valable de le faire n’existait », a témoigné Garret O’Boyle le 18 mai.

De gauche à droite : Garret O’Boyle, agent spécial du FBI suspendu, Steve Friend, ancien agent du FBI, et Marcus Allen, agent du FBI suspendu, lors d’une audience à Washington le 18 mai 2023. (Alex Wong/Getty Images)

Informateur, police sous couverture

Lors du procès de certains membres des Proud Boys, un informateur du FBI a reconnu qu’il avait aidé à bloquer les forces de l’ordre et était entré dans le Capitole. L’informateur n’a pas été inculpé.

Des dizaines de personnes qui semblaient être en train de commettre des délits, ou qui en ont réellement commis, le 6 janvier, n’ont pas non plus été inculpées, ce qui soulève des questions sur leur rôle.

Les avocats des Proud Boys ont affirmé qu’il y avait au moins 50 personnes dans la foule du 6 janvier qui étaient des officiers ou des agents de police en civil, ou qui étaient informateurs.

Dans une autre affaire, il a été révélé qu’au moins trois agents infiltrés du département de la police métropolitaine se trouvaient dans la foule. Les images des caméras corporelles des policiers en civil ont été rendues publiques.

L’ancien agent du FBI Jared Wise figure parmi les personnes inculpées. Il a été arrêté en mai en rapport à plusieurs chefs d’accusation liés au 6 janvier, dont celui de s’être sciemment livré à des troubles de l’ordre public dans l’intention d’entraver l’action du gouvernement.

Dans des documents remis au tribunal, le gouvernement a expliqué que Jared Wise a travaillé pour le FBI jusqu’en 2017.

Jared Wise a également été contractuel pour Project Veritas, le groupe de journalisme à but non lucratif spécialisé dans l’enregistrement de vidéos subreptices, de février 2018 à mai 2018, a précisé un porte-parole à Epoch Times dans un mail.

« Pendant son séjour à Project Veritas, Jared Wise n’a pris part à aucune action liée au ‘6 janvier’ – compte tenu du fait que le 6 janvier s’est produit bien plus de deux ans après son départ de l’organisation », selon le porte-parole.

L’avocat de Jared Wise n’a pas répondu immédiatement aux demandes de commentaires.

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