Le gigantesque budget de «maintien de la stabilité» de la Chine vise le peuple chinois: un avocat spécialisé dans les droits de l’homme

Le "maintien de la stabilité", un mot d'ordre pour la survie du régime communiste chinois

Par Mary Hong
17 mars 2023 06:17 Mis à jour: 17 mars 2023 06:17

Le régime communiste chinois a récemment publié un budget de sécurité publique pour 2023 avec des chiffres officiels de quelque 208,972 milliards de yuans (28,6 milliards d’euros) – c’est la première fois que les dépenses prévues pour la sécurité publique dépassent 200 milliards de yuans. L’avocat des droits de l’homme Wu Shaoping estime que les dépenses dites de « maintien de la stabilité » du Parti communiste chinois (PCC) sont en fait un puits sans fond pour la dictature.

Le même jour, le 5 mars, le premier ministre chinois Li Keqiang a présenté le dernier rapport sur le travail gouvernemental de son mandat, affirmant que la Chine consacrait plus de 70% de ses dépenses fiscales aux moyens de subsistance de la population. Wu Shaoping soupçonne que ces sommes sont plus probablement dépensées pour « faire fonctionner la machinerie violente » nécessaire à la répression de la population.

Forte opposition à la dictature

L’annonce par le ministère chinois des Finances d’une estimation de 208,972 milliards de yuans pour la sécurité publique représente une augmentation de 6,4% par rapport à 2022.

Le ministère des finances a également annoncé des dépenses prévues pour 2023 de 155,479 milliards de yuans (21,2 milliards d’euros) pour l’éducation, soit une augmentation de 2%, et de 156,799 milliards de yuans (21,4 milliards d’euros) pour les services publics généraux, soit une diminution de 0,7 %.

Certains commentateurs pensent que la « révolte des feuilles blanches » et les récentes manifestations à grande échelle à Wuhan sont les vraies raisons de l’augmentation du budget de la sécurité publique.

Wu Shaoping, avocat des droits de l’homme en exil, partage cet avis. Il confirme : « La révolte des feuilles blanches et la manifestation des personnes âgées de Wuhan reflètent l’opposition de la population à la dictature du PCC. »

Manifestation silencieuse de jeunes Tibétains dans le cadre de la révolte des feuilles blanches à Bengaluru, en Inde, le 1er décembre 2022. (MANJUNATH KIRAN/AFP via Getty Images)

Coût énorme de la répression

Le « maintien de la stabilité » couvre les dépenses liées à tous les aspects de la « sécurité publique ». Il s’agit notamment des coûts liés au personnel de l’appareil de sécurité de l’État et au personnel des communautés de base, aux équipements, à l’installation et à la maintenance du matériel tel que les caméras de surveillance, les réseaux informatiques et les systèmes de reconnaissance.

« Aucun de ces fonds d’opération n’est transparent », affirme Wu Shaoping. « Je pense que les coûts réels de maintien de la stabilité dépassent de loin les chiffres officiels.

En 2010, les dépenses du PCC en matière de sécurité intérieure ont dépassé pour la première fois celles  de la défense extérieure. Ce qui n’était qu’une petite marge en 2010 a continué à croître depuis, selon le rapport de Jamestown.

Une analyse réalisée en 2018 par le chercheur Adrian Zenz – Senior Fellow et directeur des études sur la Chine à la Fondation du mémorial des victimes du communisme à Washington – a pointé du doigt un rapport budgétaire à mi-parcours de 2017 montrant que l’autorité locale avait dépensé près de 10 milliards de yuans (1,36 milliard d’euros) dans la seule province du Xinjiang pour divers postes liés au maintien de la stabilité, y compris « un travail d’éducation et de formation centralisé et en vase clos. »

Wu Shaoping explique qu’en Chine, tout le monde sait que les dépenses pour le maintien de la stabilité sont pratiquement un puits sans fond, et que « le budget dépasse le budget de la défense nationale, et les dépenses réelles vont au-delà de celles de la défense nationale ».

Tout cela a pour but de soutenir la dictature, ajoute-t-il. « Les gens n’en voient pas la fin, et la société tout entière n’en voit pas la fin ».

Il donne l’exemple des QR codes à couleur employés pendant les trois années de la politique « Zéro Covid » du régime  : « Le développement de ce système de surveillance est-il financé par les fonds de maintien de la stabilité ? Nous ne le savons pas. Mais lorsqu’une personne apparaît avec un code rouge, elle est envoyée au centre d’isolement. » Selon lui, le système de QRcodes fait, en réalité, partie du système de maintien de la stabilité du régime.

« Nous ne savons pas quel fonds a soutenu le développement de ce système, mais, en ce qui concerne l’ensemble de son mécanisme de fonctionnement, cela doit appartenir au système de maintien de la stabilité. »

Lorsque Li Keqiang indique que le régime consacre 70% des dépenses nationales aux moyens de subsistance de la population, Wu Shaoping commente : « Il est très probable que cet argent soit investi dans le maintien de la stabilité. »

La nature diabolique du PCC

Comme l’a expliqué le chercheur Adrian Zenz dans un autre article, les budgets consacrés à la sécurité intérieure de la Chine dans les rapports du ministère des finances ne mentionnent généralement que les dépenses du gouvernement central. Ces budgets ne représentent qu’une fraction (environ un cinquième) du chiffre national, qui comprend le niveau central et régional, y compris toutes les provinces et les régions autonomes.

Wu Shaoping appelle le peuple chinois à considérer le budget comme un signal d’alarme. « Le budget démontre clairement la méchanceté sanglante du PCC ; toute personne dotée d’un esprit clair et d’une certaine logique devrait s’en apercevoir », conclut-il.

Zhao Fenghua et Li Yun ont contribué à cet article.

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